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« Rénovation énergétique et construction bas carbone doivent aller de pair »

TRIBUNE. Par Olivier Durin, directeur de publication du site Le Monde de l’Énergie.

Le 23/07/2020 par Morgane Russeil-Salvan

La fin des passoires thermiques a-t-elle enfin sonné en France ? Plusieurs événements récents pourraient permettre de le penser. Parmi les propositions qu’elle a rendues au mois de juin, la Convention citoyenne pour le climat l’a clairement indiqué dans son rapport : « Notre ambition est de passer d’une rénovation par petits gestes et à petits pas à une rénovation globale […] en multipliant par trois le rythme des rénovations ». Soit 20 millions de logements à rénover, « dont environ 5 millions de passoires thermiques, des bâtiments tertiaires et publics d’ici à 2030 ».
  

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Le 23 juin dernier, Julien Denormandie, alors ministre de la Ville et du Logement, et Emmanuelle Wargon, secrétaire d’État auprès de la ministre de la Transition écologique et solidaire, ont quant à eux chargé le Plan Bâtiment Durable et la RICS – une organisation professionnelle qui offre une qualification et des normes reconnues sur les marchés de l’immobilier – d’amplifier l’action des constructeurs, promoteurs immobiliers, aménageurs, opérateurs fonciers et investisseurs dans la rénovation des bâtiments existants. Avec des premières propositions attendues pour la fin du mois de juillet.

Un sujet devenu central

Aussi, la rénovation énergétique des bâtiments est le deuxième projet le plus populaire chez les Français – après les voyages – selon un récent sondage CSA pour Cofidis. 54 % d’entre eux comptent en effet revoir l’isolation de leur habitat dans les prochaines années, et ils sont 37 % à souhaiter conduire des travaux d’ici la fin de l’année 2020, pour augmenter leur confort de vie et contribuer in fine à la transition écologique – en rationalisant leurs dépenses et consommations énergétiques. Un sujet qui, au vu du résultat des élections municipales, comptera fortement dans le débat public d’ici 2022.
  

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La rénovation énergétique est d’ailleurs devenue interministérielle sous l’impulsion du président de la République, Emmanuel Macron. Le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, évoque régulièrement le sujet, tandis que le précédent gouvernement a fait plancher le Conseil national de la consommation sur cette thématique. Afin de poursuivre le travail initié, la nouvelle équipe ministérielle doit absolument reprendre le dossier de la rénovation du parc de bâtiments existants, mais également celui qui concerne la décarbonation des futures constructions – celles-ci représenteront environ 25 % du parc de bâtiments en 2050.
 
Cela passe indéniablement par la RE2020, l’un des grands chantiers (verts) proposés par le chef de l’État, qui vise à faire émerger une nouvelle « réglementation environnementale des bâtiments neufs plus ambitieuse contre le changement climatique », selon le ministère de la Transition écologique et solidaire. 
         

Diminuer l’impact carbone des bâtiments, poursuivre l’amélioration de leur performance énergétique et en garantir la fraîcheur pendant les étés caniculaires : tels sont les grands objectifs de la RE2020, qui s’appliquera aux constructions neuves à partir du 1er janvier 2021″, rappelle-t-il également.

Décarboner le secteur

Aujourd’hui, les bâtiments représentent près de 30 % des émissions tricolores de dioxyde de carbone. Une double hérésie, à la fois climatique – les particules contribuent fortement au dérèglement du climat – et économique – les déperditions de chaleur, en hiver, impactent lourdement les factures énergétiques. Pour cette raison, il convient d’encourager le recours aux énergies décarbonées, dans la construction neuve, comme l’électricité, le bois ou les réseaux de chaleur alimentés par des énergies renouvelables. N’en déplaise aux supporters des énergies fossiles, qui militent actuellement contre la mouture de la RE2020 présentée par l’ancien gouvernement.
 

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Ces derniers n’ont sans doute pas vu d’un bon œil la publication du décret relatif à la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), la feuille de route énergétique du gouvernement, qui fait la part belle aux énergies décarbonées et renouvelables au détriment du gaz et autre pétrole pour le chauffage des bâtiments. Ni accepté que le coefficient de conversion entre énergie primaire et énergie finale, pour l’électricité, passe de 2,58 à 2,3 dans la RE2020 – ce qui contribuera à réduire la part allouée aux énergies carbonées. Peu importe. Car l’objectif, pour rappel, est de coller aux objectifs de neutralité carbone de la France. Ce qui nécessite indiscutablement de fermer les robinets de gaz.

La rénovation énergétique bâtimentaire et la prochaine réglementation environnementale des bâtiments neufs, en fin de compte, sont les deux faces d’une même pièce, visant à la fois à décarboner le secteur du bâti et à lutter pour réduire les factures et contre la précarité énergétique. Un combo gagnant-gagnant que le nouveau gouvernement doit à tout prix encourager. Agir dès à présent sur les constructions de demain permettra d’éviter les rénovations globales de demain. 
     

À propos de l’auteur

Ancien collaborateur d’Europe 1 et du média Sport Stratégies, Olivier Durin est aujourd’hui directeur de la publication du site Le Monde de l’Énergie.

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