L’Union européenne passe naturellement par l’éradication des États nationaux

Les multiples et contradictoires tentatives de récupérations idéologiques du Brexit, polluent considérablement le débat de fond sur l’avenir de l’union européenne. Chacun y va de son petit message avec l’espoir que cela fera vendre des journaux que plus personne n’achète, ou que cela rapportera des votes que plus personne ne considère.

Disons-le tout net, le Brexit est un non événement ; la Grande-Bretagne n’a jamais vraiment fait partie de l’union européenne, trop attachée qu’elle est, comme un petit chien docile, à son maître de Wall Street, trop effrayée qu’elle est – à juste titre – par le modèle social-étatiste.

Les vieux grands bretons ont choisi un financiarisme bourgeois et frileux qui n’apportera que l’effondrement de la Livre sterling et de la City. Tant pis pour les jeunes, tant pis pour ceux qui ont de la cervelle. Mais aussi, tant mieux : enfin les cartes sont sur la table et chacun peut y aller franc jeu. Pour le reste … L’Écosse et l’Irlande, je l’espère, sauront quitter ce bateau qui coule et nous rejoindre au sein de l’union européenne – comme la Catalogne, bientôt. Bref !
 
En toile de fond des débats passés, présents et à venir sur l’union européenne, surgissent deux concepts aussi souvent cités que peu médités : la souveraineté et la subsidiarité.

Il n’y a pas de Nation, il n’y a que des États

Nation, nationalité, nationalisme sont des notions qu’inventa le XIXème siècle. Avant, partout, chacun appartenait à son terroir et se fichait, comme d’une guigne, des étendards arborés par les soudards, les courtisans et les ambitieux.

La France jacobine, l’Italie de Cavour ou l’Allemagne de Bismarck, comme la Suède, la Belgique, le Luxembourg ou l’Autriche, sont de pures constructions artificielles menées entre 1789 et 1914. La « Nation » n’existe pas. Elle est un pur artifice inventé, avec pathos, pour légitimer et justifier l’État c’est-à-dire des institutions idéologiques centralisées, imposées au reste des territoires, par quelques ambitieux.

Je le répète haut et fort : il n’y a pas de « Nation », il n’y a que des États. La Nation, c’est un État déguisé en Peuple.
Il n’y a donc pas de souveraineté nationale ; il n’y a que des pouvoirs confisqués aux territoires, par des États centralisateurs, et à leur seul profit.

La souveraineté nationale

Or, tant que ces États qui ne représentent rien, s’arrogeront tous les pouvoirs de décision au niveau européen, l’Europe, la vraie, l’Europe pas seulement économique et monétaire, mais, surtout, politique, fiscale, sociale, diplomatique et militaire, ne se fera pas.
Jamais une institution humaine, comme un État, ne scie la branche sur laquelle elle est assise et ne saborde son propre fonds de commerce.

L’union européenne passe naturellement et indispensablement par l’éradication des États nationaux.

La subsidiarité comme principe fonctionnel

Mais tout aussi indispensablement, il faut éviter de tomber de Charybde en Scylla, et empêcher, par tous les moyens, une nouvelle centralisation des pouvoirs. Il ne s’agit pas de transférer Paris, Berlin ou Madrid, à Bruxelles ; il s’agit de transformer l’Europe des Nations en une Europe des Régions et d’en faire un réseau de petites entités autonomes fédérées par un projet commun fort.

Cela ne pourra se faire  que par l’application stricte du principe de subsidiarité qui dit seulement ceci, en toute simplicité : le « général » n’intervient que si le « local » échoue ou renonce ou appelle … Il s’agit d’une gouvernance par exception.
 
Les entreprises postindustrielles et postmodernes connaissent bien ce principe de gouvernance. Il est le seul apte à rencontrer les exigences de réactivité, de souplesse, d’agilité et de créativité, inhérentes au monde complexe, dense et rapide qui est le nôtre. Il faut être stupide pour croire que l’hyperactivité d’un monde numérisé et nomade puisse être compatible avec les lourdeurs bureaucratiques, les procédures administratives et les lenteurs pyramidales d’Etats fonctionnarisés.

Répétons-le : la condition sine qua non de la bonne santé et de la bonne vitalité d’un réseau européen de régions autonomes, est l’application stricte du principe de subsidiarité.

L’indispensabilité de l’union européenne

La réelle union européenne ne sera possible que par l’abandon radical du principe de souveraineté nationale et l’application stricte du principe de subsidiarité locale.

Pour le dire d’un clin d’œil : un Morvan autonome dans une Europe forte.

Si cela ne se fait pas, il n’y aura pas d’union européenne. Et alors, diront certains. Et alors ? Aujourd’hui, cette idée de mondialisation qui n’était que l’autre nom de l’américanisation du monde, est une processus en panne. Les USA ne se relèveront pas de la crise majeure et irréversible de leur propre paradigme évangéliste, financiariste, militariste, néocolonialiste, industrialiste et impérialiste.
La mondialisation américaine est morte. Le monde est en voie de continentalisation, dans toutes ses dimensions industrielles, universitaires, monétaires, idéologiques, écologiques … Il y a déjà des mondes : asiate, indien, noir-africain, sunnite, chiite, nord-américain, etc …

Dans ce concert, il faut une Europe forte et unie faute de quoi, les lambeaux européens se condamnent à la dégénérescence et à l’invasion sournoise (comme les USA qui tentent de le faire avec cet infâme traité TAFTA, comme la Chine qui achète des hectares de terres arables dans le Berry).

L’Europe demain ?

L’avenir de l’Europe ne passe pas par un « plus de démocratie ». Au contraire. La démocratie ne fonctionne que lorsque les intérêts, les enjeux et les horizons sont immédiats et directs, et ressortissent de la quotidienneté locale. Les masses étant inintelligentes, au-delà de ces horizons immédiats, la démocratie vire nécessairement à la tyrannie de la bêtise manipulée par des démagogues professionnels.
Il faut cesser les referenda. Il faut que l’Europe échappe à cette politique politicienne qui la tue à grands coups d’électoralisme, de clientélisme et de jacobinisme.

Il faut que l’Europe soit un empire carolingien, pas une foire d’empoigne.

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