Partager la publication "Comment Uber est devenu un modèle pour les start-up"
Du transport individuel à la réservation d’hélicoptères, Uber multiplie les courses. Créé en 2010, ce service de transport avec chauffeur compte déjà plus de 200 millions d’utilisateurs dans le monde. En France, ils sont 500 000 à avoir téléchargé l’application dans les six villes couvertes par les services d’Uber. Second marché européen pour l’entreprise californienne, les Français ont ainsi fait le choix de l’innovation et d’un service de qualité, où la rapidité de prise en charge du client et le prix font la différence face à des taxis parfois perçus comme peu hospitaliers.
UBERRUSH, LA PLATEFORME DE COURSIERS
En se lançant à l’assaut d’autres marchés, Uber aspire désormais à transcender son modèle de VTCiste. L’idée, pour ce faire, est de conserver une notion de “service” très marquée. Fin avril, on apprenait ainsi que la société s’apprêtait à lancer un service de livraisons pour des achats effectués auprès de plusieurs centaines de distributeurs le jour-même. Une initiative qui s’appuie sur UberRush, la plateforme de coursiers circulant en vélo ou à pied, lancée en 2014 à New-York.
“Quand vous pouvez livrer une voiture en cinq minutes, il y a beaucoup de choses que vous pouvez livrer en cinq minutes”, a déclaré Travis Kalanick, le PDG de l’entreprise.
L’application de transport se transforme peu à peu en une machine tentaculaire, cumulant les expérimentations et les domaines de compétences. Avec UberEats, on peut déjà se faire livrer des repas dans certaines villes américaines, un service qui est amené à se développer très bientôt à l’international. En France, la société vient de s’associer au spécialiste des vols en giravion Helipass afin de proposer un service de réservation d’hélicoptères nommé UberCopter. Et pour les fêtes de Noël, il est maintenant possible de commander un sapin et de se le faire livrer via l’application.
QUAND LE DROIT FREINE L’INNOVATION
Depuis son arrivée sur le marché français, Uber essuie la grogne des taxis qui n’hésitent pas à qualifier le service proposé par le VTC de concurrence “déloyale”.
“Les écoles de formation de taxis se vident et les chiffres d’affaires des acteurs de la profession chutent. Des sociétés ont perdu entre 20 et 40 % de chiffre d’affaires sur les deux premiers mois de l’année, comparé à celui de l’année dernière”, explique Karim Dehak, président de Taxilibres, une association qui réunit les chauffeurs de taxi et les écoles de formations de taxis.
UN FAVORITISME PRO TAXIS ?
Ce cadre juridique prive également les VTC d’avoir recours à la tarification horokilométrique. Réservée aux taxis, elle permet de déterminer un tarif en fonction de la durée et de la distance parcourue. En jouant sur ces deux aspects clés, la loi Thévenoud tend à dénaturer le service proposé par Uber et les autres VTC. Est-ce là le signe d’un favoritisme pro taxis ? En votant cette loi, le gouvernement fait en tout cas aveu d’immobilisme face à un corporatisme désuet qui préfère rester sur les acquis d’une autre époque plutôt que d’avancer avec le progrès permis par les nouvelles technologies.
VERS UNE UBERISATION DE LA SOCIÉTÉ
Le pouvoir public français et les taxis ont beau essayer de ralentir la progression d’Uber, rien ne semble pouvoir arrêter le géant californien. Avec une croissance record, l’application fait des émules à travers le monde, au point que certains spécialistes parlent de phénomène “d’uberisation” de la société, un néologisme sous lequel se cache une économie en pleine mutation.
Elles sont des milliers chaque année à voir le jour et espérer marcher sur les traces dorées d’Uber. Toutes ont fait le choix de mettre le progrès technologique au service du client et de répondre à un besoin. Une tendance dont le développement sera à suivre en France. Tout l’enjeu restant de savoir si ces start-up se heurteront aux mêmes attaques qu’Uber, ou si la France profitera, au contraire, des bienfaits de cette nouvelle économie.
Judith Roussel est auditrice spécialisée dans la mobilité pour l’entreprise d’audit canadienne WWS.
Contact : judith.roussel@outlook.com