Damien Carême va instaurer un revenu minimum social garanti à Grande-Synthe

  • We Demain : Lors de la présentation de vos vœux aux citoyens de Grande-Synthe dimanche 13 janvier, vous avez annoncé vouloir mettre en place un minimum social garanti. Cette mesure avait déjà été instaurée dans la commune de 1971 à 1992 par votre père, René Carême, puis avait été stoppée au moment de l’inauguration du RMI. Aujourd’hui, quelle forme ce minimum social garanti va-t-il prendre ?

        
Damien Carême : 
J’avais annoncé il y a un an dans mes vœux que nous étions candidats pour l’expérimentation du revenu de base au niveau national. Moi je suis pour un revenu inconditionnel pour tous. Mais tout seul, ce n’est pas possible de l’instaurer.

En attendant, compte tenu de cette pauvreté qui n’en fini pas d’augmenter – à Grande-Synthe, 33 % des habitants vivent en dessous du seuil de pauvreté et 28 % sont au chômage – je vais mettre en place cette allocation.

Il ne s’agit pas d’un revenu, mais d’une aide sociale différentielle pour les personnes ayant moins de 855 euros par mois. Par exemple, une personne seule, sans emploi touchant le RSA et les APL, c’est-à-dire environ 550 euros par mois, aura 305 euros tous les mois pour arriver au seuil de pauvreté qui est fixé à 855 euros.

Ce minimum social garanti sera calculé par unité de consommation. Un couple sans enfant par exemple représente une unité et demi, car ils n’ont pas les mêmes dépenses : ils ne payent pas le loyer deux fois, etc. Cette aide touchera aussi bien les gens privés d’emploi que les travailleurs pauvres.
 
À lire aussi : Damien Carême : « La révolution peut se faire par la volonté commune des villes »
 

  • Quand sera-t-il mis en place ?

   
Il faut attendre le vote du budget municipal qui a lieu à la fin du mois de mars. Nous passerons le mois d’avril à analyser les dossiers, donc les premiers versements devraient avoir lieu au mois de mai.

On dit que 30 % des gens qui ont le droit au RSA ne le demandent pas. Nous accompagnerons les gens concernés pour qu’ils aillent d’abord chercher cette aide afin qu’ils sachent à quoi ils ont droit. Les gens en difficulté sociale ont l’inquiétude de savoir comment ils vont payer leurs factures, le loyer, leur alimentation… En garantissant un minimum social on leur permet de sortir la tête de l’eau et de pouvoir penser à autre chose. Cela rendra l’insertion sociale et professionnelle plus facile.      
 

  • Dans votre discours, vous avez annoncé que ce minimum social garanti coûterait entre un million et un million et demi d’euros par an, comment allez-vous réunir ces fonds ?

    
Cette année, il coûtera en effet entre un million et un million et demi car nous allons commencer en mai. Mais en année pleine, ce sera deux millions par an.

Premièrement nous allons retirer ce que nous apportons aujourd’hui comme aide au CCAS (Caisse centrale d’activités sociales), sauf quelques cas particuliers, ce qui permettra de faire une économie d’environ 500 000 euros par an. Nous avons également réalisé beaucoup d’économies d’énergie. Cette somme s’élève à 600 000 euros annuels. Nous l’affecterons au minimum social garanti.

Et il y aura un effort politique à faire en abondant moins l’investissement dans la collectivité. Ces dernières années, nous avons fait beaucoup de rénovations et construit de nouveaux bâtiments, donc nous en avons moins besoin aujourd’hui. Ce minimum social garanti sera financé par deux sources : les économies, c’est donc le résultat de la politique d’écologie sociale mise en place, et le retour des richesses des entreprises.
 

  • Pensez-vous qu’il soit possible d’instaurer le minimum social garanti au niveau national ?

    
Bien sûr que c’est possible ! Ce n’est qu’une question de choix politique. Nous n’avons pas besoin d’attendre le résultat d’un débat public pour faire en sorte d’utiliser des ressources existantes afin qu’il n’y ait plus de pauvres en France. Ce n’est pas possible, dans un pays comme le notre, 7puissance économique mondiale, d’avoir encore de la pauvreté. 
 

  • Si vous êtes élu député européen au mois de mai, les projets en cours vont-ils perdurer ?

    
Lors de mes vœux, nous avons diffusé une vidéo de 25 minutes où l’on voit des gens de tous les domaines, des milliers d’habitants, qui participent à toutes les actions mises en place. Ça m’a marqué. L’équipe qui me succèdera ne va pas remettre en cause ce qui fonctionne. La meilleure garantie, c’est comment les habitants vont exiger du pouvoir qu’il mette en œuvre ces actions.
 

  • Quelle est votre position concernant le grand débat national ?

    
Je vais faire une proposition pour le revenu de base inconditionnel, c’est ma revendication. En France, cela coûterait 460 milliards d’euros par an, donc environ 80 milliards en coût net. La France a le pouvoir de le mettre en place.

Je vais faire connaître ma proposition en accompagnant et en expliquant que c’est possible. Par exemple, que la taxe carbone mise en place soit reversée aux habitants dans le cadre de la rénovation énergétique des bâtiments, ou dans la mobilité pour avoir des transports gratuits. L’écologie participe au bien-être social, au mieux vivre au quotidien. Quand je vais voir les Gilets jaunes, je leur dis que je suis pour la taxe sur le diesel, mais que l’argent collecté doit être reversé pour baisser les charges d’un autre côté.

Je crains qu’Emmanuel Macron n’écoute pas les conclusions de ce grand débat, mais il sera obligé d’y répondre, et donc de refuser les propositions. Nous verrons bien…
 
À lire aussi : Grande-Synthe : Damien Carême attaque l’État pour « inaction climatique »
 

Retrouvez notre grand entretien avec Damien Carême, « La révolution peut se faire par la volonté des villes » dans la revue We Demain n°24 disponible en kiosque et sur notre boutique en ligne.

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