Déchiffrer  > Émissions de CO2 : une “trajectoire insoutenable” avec une année 2022 record

Written by 16 h 44 min Déchiffrer • One Comment

Émissions de CO2 : une “trajectoire insoutenable” avec une année 2022 record

Près de 1 % d’émissions de CO2 en plus en 2022… malgré les alertes sur le réchauffement climatique, l’humanité continue d’aller à sa perte.

Le 03/03/2023 par Florence Santrot
pollution de l'air
La trajectoire actuelle est insoutenable pour la planète. Crédit : TR STOK / Shutterstock.
La trajectoire actuelle est insoutenable pour la planète. Crédit : TR STOK / Shutterstock.

Le bilan est tombé et il n’y a pas de quoi se réjouir. Loin de là. Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE) dans un rapport publié jeudi 2 mars 2023, les émissions de carbone ont atteint un niveau jamais égalé en 2022. Alors même que les scientifiques, experts du GIEC en tête, ne cessent de répéter qu’il est urgent de réduire nos émissions de gaz à effet de serre, les émissions de CO2 en tête, ce dernier a augmenté de 0.9% l’année dernière.

Acteur de premier plan du réchauffement climatique, le CO2 était donc en hausse en 2022. Des émissions qui restent sur une “trajectoire insoutenable”, selon les propos même du rapport. L’AIE met notamment en cause les phénomènes météorologiques extrêmes, notamment des sécheresses et des vagues de chaleur l’an dernier. Mais aussi un nombre inhabituellement élevé de centrales nucléaires hors service.

Les technologies énergétiques propres permettent de limiter la casse

“Les émissions mondiales de CO2 liées à l’énergie ont augmenté en 2022 de 0,9 %, soit 321 millions de tonnes de plus, atteignant un nouveau sommet de plus de 36,8 milliards de tonnes”, selon le rapport de l’AIE. Le risque d’une croissance débridée des émissions en raison du recours accru au charbon dans le contexte de crise énergétique, ne s’est pas matérialisé, l’essor des énergies solaire et éolienne, des voitures électriques, de l’efficacité énergétique et d’autres facteurs ayant freiné la montée du CO2

“Sans énergie propre, la croissance des émissions de CO2 aurait été presque trois fois plus élevée…”

Fatih Birol, directeur exécutif de l’Agence Internationale de l’Énergie.

Mais 550 millions de tonnes d’émissions supplémentaires ont été évitées grâce au déploiement accru de technologies énergétiques propres, précise l’Agence. L’essor des énergies solaire et éolienne, des voitures électriques, de l’efficacité énergétique et d’autres facteurs ont freiné la montée du CO2. “Sans énergie propre, la croissance des émissions de CO2 aurait été presque trois fois plus élevée…”, a déclaré Fatih Birol, directeur exécutif de l’Agence Internationale de l’Énergie.

Charbon et pétrole alimentent aussi cette hausse des émissions de CO2

Si l’augmentation des émissions de CO2 en raison du recours au charbon pouvait être à craindre en raison de la guerre en Ukraine et des restrictions imposées par la Russie, l’effet s’est révélé très limité. Selon le rapport de l’AIE, les émissions de CO2 provenant du charbon ont augmenté de 1,6 % en 2022.

En parallèle, les émissions liées au pétrole ont augmenté davantage (+2,5 %). L’Agence pointe du doigt qu’environ la moitié de cette augmentation provient de l’aviation. En effet, les voyages aériens continuent de rebondir après les creux pandémiques.

D’où provient la hausse des émissions en 2022 ? Beaucoup d’Asie (hors Chine)

L’Agence internationale de l’énergie indique que les émissions provenant de Chine sont restées globalement stables. Il faut dire que les mesures strictes liées au Covid-19 (levées fin 2022) et la baisse de l’activité de construction (un secteur en pleine crise) ont permis de limiter la casse. En revanche, les émissions des économies émergentes et des pays en voie de développement d’Asie ont augmenté de 4,2 %. Qui dit croissance rapide, dit aussi nette hausse de la demande énergétique…

Parallèlement, l’Union européenne (UE) fait plutôt figure de bon élève, toutes choses égales par ailleurs. En effet, les émissions de CO2 ont diminué de 2,5 % en 2022. C’est le résultat d’un véritable effort des pays de l’UE pour mettre en place une production accrue d’énergies renouvelables. À cela s’ajoutent un début d’hiver très doux et des mesures d’économie d’énergie en réponse à l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

Côté États-Unis, les émissions ont, elles, augmenté de 0,8 %. L’utilisation accrue de la climatisation dans les bâtiments pour faire face aux températures extrêmes a pesé sur la facture énergétique globale.

SOUTENEZ WE DEMAIN, SOUTENEZ UNE RÉDACTION INDÉPENDANTE
Inscrivez-vous à notre newsletter hebdomadaire
et abonnez-vous à notre magazine.

A lire aussi :

  • Performance climatique : la France à la 25e place du rapport annuel GermanWatch

    Performance climatique : la France à la 25e place du rapport annuel GermanWatch

    Partager la publication "Performance climatique : la France à la 25e place du rapport annuel GermanWatch" Facebook LinkedIn Twitter Partager... E-mail L’indice de performance en matière de changement climatique (CCPI) est un outil de suivi indépendant qui évalue les performances de 63 pays dans le monde (90 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre) …
  • Émissions record de CO₂ en 2024 : +0,8 % au niveau mondial

    Émissions record de CO₂ en 2024 : +0,8 % au niveau mondial

    Alors que le niveau de CO₂ atteint des sommets en 2024, les experts du Global Carbon Project alertent sur la nécessité d'actions rapides pour freiner la hausse mondiale des températures.
  • COP29 : financements, crédits carbone et contradictions

    COP29 : financements, crédits carbone et contradictions

    À Bakou, la COP29 se tient dans un climat d’incertitude et d’urgence climatique. Entre espoirs de financements massifs pour les pays du Sud, débats sur la géo-ingénierie et régulation du marché des crédits carbone, les dirigeants mondiaux tentent de poser les bases d’une réponse collective.