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La Bascule : Maxime de Rostolan lance un lobby citoyen avec des étudiants

Le fondateur de Fermes d’Avenir et 15 d’étudiants lancent un mouvement de lobbying citoyen politique. Objectif : réunir des propositions et former des candidats aux municipales de 2020.

Le 28/02/2019 par Sofia Colla
La Bascule
(Crédit : Alexandros Michailidis / Shutterstock)
(Crédit : Alexandros Michailidis / Shutterstock)

« Avec Fermes d’Avenir, je suis arrivé au bout de l’exercice. »Maxime de Rostolan, fondateur de ce réseau de fermes bio et de la plateforme de financement participatif dédiée à l’agriculture Blue Bees, change de stratégie. Ces projets, selon lui, ne permettent pas de transformer la société aussi vite qu’il le faudrait. « Même si on arrive à convaincre les législateurs, le gouvernement dispose d’un cheval de Troie : le Conseil Constitutionnel, qui bloque les décisions », justifie-t-il.

Pour « réformer rapidement nos institutions » et « inverser le rapport de force », cette figure française du monde de l’écologie a donc choisi de quitter son association pour lancer un mouvement de lobbying citoyen qui doit, une fois constitué, être un instrument de pression sur le monde politique et institutionnel. Fondé avec une quinzaine d’étudiants, il a été baptisé La Bascule.

« Nous lançons ce mouvement de lobbying citoyen politique mais apartisan pour toutes les sensibilités qui, comme nous, pensent qu’il y a urgence », invite le fondateur de Fermes d’Avenir.

La jeune génération au front

C’est à la suite d’un week-end à l’école polytechnique début février, organisé par Together for Earth, un mouvement qui rassemble et coordonne différentes associations étudiantes engagées dans le développement durable, que tout bascule.

Maxime de Rostolan lance alors l’idée, devant un amphi rempli de jeunes militants dont la plupart sont déjà signataires du Manifeste étudiant pour un réveil écologique, de créer un mouvement pour « changer le système ». Cela implique, pour ces étudiants de grandes écoles, de tout quitter pendant 6 mois, et donc de boycotter leur stage de fin d’année.

« Sécher les cours c’est se priver du savoir, alors que faire la grève de son stage c’est plus puissant, c’est ne pas donner son temps à des entreprises qui occultent les priorités », explique-t-il. 

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C’est sans difficulté qu’il trouve une quinzaine d’étudiants issus de toute la France pour lancer l’aventure. « La Bascule, c’est un concentré d’optimisme et de réalisme. Réalistes dans le constat de l’état du monde, nous sommes malgré tout résolument optimistes quant à notre capacité à agir », écrit une étudiante sur le site internet du mouvement.

Emmanuelle Tosini, une autre étudiante, issue de l’école de commerce Toulouse Business School, est en charge de la communication à La Bascule :
  

« Je fais partie de l’association de développement durable de mon école, pour sensibiliser les étudiants et leur montrer que ce n’est pas incompatible avec leurs ambitions. J’ai complètement remis en question mon avenir et je ne veux plus du tout travailler pour de grosses entreprises. Je trouve ça très intéressant de proposer une solution pour développer les initiatives locales à grande échelle. »

   
En seulement quatre jours, La Bascule a reçu plus de 300 propositions de bénévolat ponctuel, et une quarantaine d’autres pour s’investir à temps plein dans le projet durant les six prochains mois. Objectif : avoir recruté 100 bénévoles à temps plein à la mi-mars.

Six mois pour basculer

D’ici fin août, l’objectif du mouvement est d’organiser plusieurs groupes de travail d’une quinzaine de personnes, constitués d’étudiants mais aussi d’experts, de membres du réseau associatif, de chômeurs, de retraités ou de toute personne souhaitant se joindre au projet.

Chaque groupe de travail développera un pan du mouvement : la gouvernance (pour définir la structure de La Bascule), les cellules locales (pour mettre en lien les alternatives locales déjà existantes), ou encore la communication (pour faire connaître le mouvement).
 
Un autre de ces groupes aura pour mission de rassembler des propositions politiques. « Nous ne sommes pas créateurs de propositions, mais nous allons rassembler des alternatives qui existent déjà », explique Emmanuelle Tosini, l’étudiante toulousaine de 21 ans.
 
Fin août, des journées de débats seront organisées autour d’une dizaine de thématiques, pour aboutir sur un vote en direct sur une plateforme web. « Tout le monde pourra voter pour les propositions qui lui semblent les plus pertinentes », explique Maxime de Rostolan. Cela permettra aux membres du collectif de constituer un corpus de 50 à 100 propositions, « qu’ils défendront bec et ongle ».

Former les citoyens

Mais là ne s’arrête pas la mission de La Bascule. À la suite de ces six mois de réflexion, son objectif est aussi de former des milliers de citoyens pour devenir candidats aux municipales de 2020.

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« Nous ne sommes pas un mouvement politique, mais nous labelliserons les citoyens qui se présenteront, détaille Emmanuelle Tosini. Ce sera une manière d’identifier les candidats qui adhèrent aux propositions du mouvement. »

  
La Bascule a déjà trouvé son QG : une clinique désaffectée à Pontivy (Morbihan), mise à leur disposition gratuitement, où ils vivront ensemble pour consolider ce mouvement. Une soirée de lancement aura lieu à la fin du mois de mars, pour les personnes désireuses de rencontrer les acteurs engagés et de découvrir leur feuille de route. Prêts à basculer ?

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