Partager la publication "Les réseaux sociaux feront-ils l’élection présidentielle de 2017 ?"
C’est en 2012 que leur usage émerge lors de l’élection présidentielle, rappelle Anaïs Théviot, docteure en science politique à l’Institut d’études politiques de Bordeaux.
Une campagne électorale de plus en plus instantanée
Pour les candidats, il s’agit donc d’assurer une présence permanente grâce à un réservoir de contenus (photos, vidéos, infographies…) et de se parer ainsi de modernité. Ce faisant, la campagne devient « quasi permanente », relayée sur les radios et les chaînes d’information en continu.
Les réseaux sociaux, notamment Twitter, sont à la fois un sondage permanent de l’opinion publique permettant de voir évoluer la popularité d’un candidat et un moyen, pour lui, de se préparer à s’adresser aux citoyens et de répondre aux journalistes.
« Beaucoup d’éléments qui y circulent permettent aux équipes de campagne de sentir quels sont les sujets délicats, les rumeurs comment les mesures ont été comprises par l’opinion », précise Anaïs Théviot.
YouTube, le réseau sociale de la campagne électorale de 2017
Si tous les candidats ont une chaine YouTube, leur présence sur le réseau n’est pas le même pour tous et cela se ressent : 43 482 abonnés pour François Asselineau, 6 533 pour François Fillon, 7 014 pour Benoît Hamon, 13 066 pour Emmanuel Macron et 19 018 pour Marine Le Pen. Concernant Emmanuel Macron, le faible nombre d’abonnés qu’il comptabilise s’explique par son choix de privilégier les vidéos Facebook, précise Anaïs Théviot.
Mais parmi les candidats, celui a le mieux su se saisir des possibilités qu’offre ce média est Jean-Luc Mélenchon, avec 284 535 abonnés. En octobre 2016, seules 36 000 personnes étaient abonnées à sa chaine. Ce « succès », l’homme politique le doit notamment au Youtubeur Antoine Léaument, créateur de la chaîne Le Bon Sens, « qui l’a conseillé sur la stratégie à adopter », explique Anaïs Théviot. Le candidat de La France insoumise a ainsi développé des formats plus courts, en reprenant les codes de YouTube. L’objectif : toucher un public plus jeune qui délaisse la télévision.
Effet de bulle filtrante
Prenons l’exemple de Facebook : le réseau social est un réseau fermé avec un effet de bulle filtrante. Les utilisateurs sont majoritairement exposés à des informations correspondant à leurs convictions politiques. Difficile, pour les partis politiques, de pénétrer cet univers-là. Quant aux internautes qui ne s’intéressent pas à la politique, ce fameux effet de bulle filtrante leur offre peu de chance d’avoir accès à des contenus politiques.
Plus collaborative en apparence, la communication sur les réseaux sociaux reste cependant très maîtrisée. « Les candidats ont une peur de l’instantanéité et une volonté de garder une emprise sur ce qui se dit », explique Anaïs Théviot. La chercheuse parle ainsi d’une « interaction de sélection » — des questions des internautes par exemple —, entre les candidats et leurs électeurs. « Ils ont une difficulté à se saisir des potentialités du web 2.0, centré sur les pratiques collaboratives et l’interactivité » et semblent avoir créé « un genre hybride » qu’Anaïs Théviot résume par l’expression « web 1.5 ».
En France, les réseaux ne sont pas des outils d’information classiques
Ils peuvent par ailleurs avoir des effet inquiétants. L’internaute peut être soumis à de fausses informations, à du contenu qui fait le « buzz » mais qui n’est pas nécessairement véridique. La fameuse « post vérité ». « Je pense notamment au cas d’un message qui a été énormément partagé sur Facebook pendant la campagne pour l’élection présidentielle américaine de 2016 : ‘Le pape soutient Trump’. Il a été tellement partagé que le nombre de partage faisait effet de preuve“.
Le trolling : un parasitage de l’information
Pour s’informer, l’internaute doit être capable de croiser les sources d’information, d’être acteur de son information.
« Il manque une formation pour tous les citoyens sur la manière de bien s’informer en ligne. Une fois les bases acquises, nous seront armés pour que les réseaux sociaux soient des outils de démocratisation et non pas de désinformation », veut croire Aurélie Olivesi.
Réseaux sociaux : un impact difficile à évaluer