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Written by 17 h 05 min Déchiffrer, Politique

Polluants éternels : le cauchemar des eaux de surface françaises… et de notre santé

Selon une étude dévoilée par l’ONG Générations Futures, les composés perfluorés (PFAS) sont très présents dans les eaux de surface françaises. Et inquiètent.

Le 12/01/2023 par Florence Santrot
eau de surface
Un bateau sur l'Yonne. Crédit : Delpixel / Shutterstock.
Un bateau sur l'Yonne. Crédit : Delpixel / Shutterstock.

L’association Générations Futures s’est donnée pour objectif de protéger les générations futures des pesticides et autres chimiques. Dans ce cadre, elle vient de dévoiler, ce jeudi 12 janvier, un rapport sur les PFAS (per and polyfluorinated alkyl substances en anglais), soit les composés per- et poly-fluoroalkylés. Ceux-ci, qui sont au nombre de 4 700 environ. Ils ont pour gros inconvénient d’être très persistants dans l’environnement, notamment dans les eaux de surface (rivières, lacs, étangs, canaux…). C’est pour cela qu’on les surnomme des « polluants éternels ».

« Nos recherches montrent des résultats très préoccupants », souligne Générations Futures. L’étude, réalisée en 2020, a porté sur 18 PFAS, recherchés au moins une fois dans les eaux superficielles françaises dans près de 13000 échantillons (de 6 à 440 échantillons analysés par département). Résultat : « au moins un PFAS a été retrouvé dans près de 4 échantillons sur 10 (36 % des cas) », s’inquiète l’ONG environnementale. Elle conclut à « une contamination généralisée des eaux de surface, mais probablement sous-estimée. »

Des polluants éternels très néfastes et sources de maladies

D’où proviennent ces perfluorés ? On retrouve les PFAS dans un très large éventail de produits de la vie courante comme les textiles, les revêtements antiadhésif des poêles en téflon, la mousse anti incendie, certains emballages alimentaires ou encore les imperméabilisants. Ces polluants éternels peuvent être la source de cancers ou de dérèglements du système hormonal, reproductif et immunitaire. Ils ont notamment été mis en cause dans le scandale sanitaire du téflon aux États-Unis, un scandale relaté dans le film Dark Waters (2019) de Todd Haynes.

Les résultats de l’étude sont d’autant plus préoccupants que « ce chiffre est supérieur de 11 % par rapport aux résultats de l’étude l’Anses de 2011 », note Générations Futures. Et les polluants éternels se révèlent plus concentrés dans certaines zones de France que d’autres. « Dans 2 départements (Paris et les Hauts de seine), 100 % des échantillons prélevés contiennent au moins 1 PFAS pouvant être quantifié. Dans 57 départements, au moins 1 PFAS a été quantifié dans plus de 50% des analyses effectuées. Au contraire, aucun PFAS n’a été quantifié dans les analyses effectuées en 2020 pour seulement 5 départements. »

Des améliorations nécessaires

En conséquences des prélèvements inquiétants dans les eaux de surface françaises, Générations Futures demande de « rechercher partout sur le territoire, et en particulier dans les zones de captage pour l’eau potable, les 24 PFAS jugés prioritaires par la commission européenne sans attendre la date d’entrée en vigueur de la directive cadre sur l’eau révisée. » Elle souhaite aussi que la France soutienne « une proposition d’interdiction de l’ensemble des PFAS dans l’Union européenne. »

En décembre 2022, le gouvernement avait dévoilé son Plan d’action pour l’encadrement strict de l’usage des PFAS. « Le Ministère travaille avec les acteurs du milieu industriel pour réduire l’usage de ces produits en 2023 et trouver des solutions durables de substitution. Une étude d’impact sur l’utilisation industrielle des PFAS et leurs conséquences sur l’environnement est en cours d’actualisation. » Concrètement, le plan d’action sera dévoilé en détail « au début du mois de janvier. « Il définira des objectifs, des actions à mener et un calendrier de mise en œuvre. »

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