Partager la publication "Pourquoi la construction doit devenir le fer de lance de la transition écologique"
Trop souvent sous-estimé, le bâtiment, qu’il soit résidentiel ou tertiaire, représente près de 20% des émissions de gaz à effet de serre, et 40 % de la consommation d’énergie au niveau national. En 2017, ces émissions équivalent à 78 millions de tonnes de CO2. Elles sont certes en baisse depuis 10 ans, mais occupent toujours une part importante des émissions, juste derrière le transport. Il semble assez clair que la transition écologique ne saurait se faire sans une transition énergétique.
Si la France fait plutôt figure de bonne élève en Europe en termes d’émissions de CO2 liées à la production d’énergie (notamment grâce à son important parc nucléaire), elle est encore à la traîne concernant l’efficacité énergétique de ses logements et la part d’énergies renouvelables dans le mix énergétique. Pour un ménage français, chauffé en grande majorité au gaz ou à l’électricité, le chauffage est ainsi la deuxième source de gaz à effet de serre après le transport routier. Cela est principalement dû à l’ancienneté du parc de logements, avec des bâtiments qui sont parfois de véritables « passoires énergétiques ». L’ONPE estime ainsi que 7 à 8 millions de logements seraient concernés, soient près d’un tiers du parc résidentiel français.
Accélérer la rénovation des « passoires thermiques »
Cependant, si l’on considère les ménages les plus modestes, seuls 16% d’entre eux étaient propriétaires de leur logement en 2013. Ils sont donc majoritairement locataires, et consacrent en moyenne 31% de leur budget au logement. Difficile dans ces conditions de songer à faire des investissements nécessaires à la rénovation de leur logement. Il est donc nécessaire et urgent de penser également les dispositifs en leur faveur, et de rendre cette transition énergétique accessible au plus grand nombre
Favoriser les constructions neuves plus durables et autonomes
Les règlementations comme la RT 2012 ont eu des effets tangibles sur la consommation d’énergie, mais il est nécessaire d’aller encore plus loin, notamment avec la RE 2020. D’après les premiers éléments connus à son sujet, elle sera encore plus exigeante concernant l’isolation thermique, mais prendra aussi en compte la qualité environnementale des matériaux utilisés, et éventuellement l’intégration systématique d’une source d’énergie renouvelable, faisant des bâtiments à énergie positive la nouvelle norme.
On peut s’interroger sur la facture environnementale associée à la construction de nouveaux logements, en comparaison avec celle associée à la rénovation de logements plus anciens. Différentes études se sont penchées sur la question, et leur conclusion est nuancée : dans le cas de bâtiments trop anciens ou trop coûteux à rénover, il est préférable de reconstruire complètement
Faire des choix d’urbanisme et d’aménagement du territoire
Investir dans la R&D et l’innovation
Réaliser une prise de conscience collective
Cela nécessite un effort d’éducation supplémentaire : les écogestes tels que le recyclage ou l’utilisation d’ampoules basses conso, auxquels le grand public a été très sensibilisé constituent un réel progrès, mais ils sont loin d’être suffisants. Il est nécessaire que les pouvoirs publics saisissent le problème à bras le corps et informent les citoyens de manière systématique sur les émissions de CO2 liés à leur choix de consommation. En parallèle, il est primordial de mettre en place des dispositifs fiscaux qui viendront impacter les biens les plus énergivores, et favoriser les biens les moins polluants.
Pour avancer sur la voie de la transition écologique, il faut aussi que nous soyons prêts à changer nos habitudes en profondeur. Cela passera par quelques sacrifices, mais surtout par une remise en question. Nous devons repenser nos modèles de consommation vers un modèle plus durable, et à se montrer collectivement ambitieux pour écrire un nouveau futur.
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