Déchiffrer  > Relocaliser le textile en France diviserait par deux son empreinte carbone

Written by 10 h 49 min Déchiffrer • 9 Comments

Relocaliser le textile en France diviserait par deux son empreinte carbone

Comment réduire l’empreinte carbone du secteur textile ? En relocalisant ! Selon une récente étude, le made in France dans l’habillement permettrait aussi de créer des milliers d’emplois.

Le 19/02/2021 par Alice Pouyat
Textile made in France
95,7 % des vêtements et linges de maison achetés par des Français sont confectionnés hors de France. (Crédit : Shutterstock)
95,7 % des vêtements et linges de maison achetés par des Français sont confectionnés hors de France. (Crédit : Shutterstock)

La crise du coronavirus et la pénurie de masques a soudain mis en lumière notre immense dépendance à la Chine en matière de textile, et l’anéantissement de ce secteur en France.

Depuis, le débat est relancé sur les bienfaits d’une relocalisation, que vient nourrir une nouvelle étude.

Le chiffre est affolant : 95,7 % des vêtements et linges de maison achetés par des Français sont confectionnés hors de France, souligne cette étude commandée par l’Union des industries textiles au cabinet Cycléco.

Or, 1 kilo de textile importé génère aujourd’hui 54 kilos d’équivalent CO2. Soit deux fois plus que du textile produit en France (27,7 kilos d’équivalent CO2). 

Un écart qui s’explique notamment par la part conséquente du nucléaire et des renouvelables dans le mix énergétique français, moins carboné que celui de la Chine notamment.

Une relocalisation permettrait ainsi de réduire par deux les émissions du secteur.

À lire aussi : Vélo, jean, brosse à dent : 3 produits à nouveau fabriqués en France

Rationaliser les invendus

L’étude propose aussi des pistes pour aller plus loin. La relocalisation, estime-t-elle, devrait permettre de rationaliser davantage les commandes et les invendus, et donc de baisser encore de 25 % les émissions d’ici 2050.

Des efforts d’éco-conception et de recyclage permettraient également de réduire de 10 à 15 % les émissions de la filière.

À lire aussi : Made in France: une usine de fabrication d’aiguilles unique en Europe

Traçabilité du Made in France

Pour encourager la relocalisation, l’UIT formule aussi des propositions : d’une part la création d’une étiquette de traçabilité destinée à valoriser la production made in France auprès des consommateurs. D’autre part, l’élaboration d’un baromètre mesurant l’évolution de l’empreinte carbone de la filière textile au fil des années.

Enfin, l’étude souligne que pour chaque point de relocalisation gagné, c’est-à-dire pour chaque 1 % de consommation de textile produit en France, 4 000 emplois pourraient être créés. 

Une question écologique mais aussi sociale et économique donc, qui devrait continuer à faire débat. Le 19 janvier, à la demande du gouvernement, c’est le comité stratégique de la filière Mode et luxe qui a remis des propositions pour relocaliser la production du secteur. Par exemple, en mutualisant les outils de production, en encourageant l’innovation ou les matières naturelles, comme le lin.

La France est en effet le premier producteur de ce tissu écologique mais n’a plus le savoir-faire, le tissage étant sous-traité en Chine. De la production de matière première à la confection, c’est toute une filière qui attend d’être relocalisée.

Objectif affiché par l’étude : que le Made in France représente au moins 25 % des 8 kg de textiles achetés en moyenne par an par les Français.

A lire aussi :