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Ressuscité, le pola passe au 2.0

En 2008, les derniers employés de la dernière usine de Polaroïd montent une start-up pour relancer la production des pellicules instantanées. Une folie à l’heure du « tout numérique » ? Pensez vous. L’entreprise est aujourd’hui présente de Paris et Tokyo et réinvente l’appareil mythique depuis ses labos de recherche.

Le 12/07/2013 par WeDemain
Le frigo qui abrite les films à  l'intérieur de la boutique Parisienne. Crédits : à‰glantine Aubry
Le frigo qui abrite les films à  l'intérieur de la boutique Parisienne. Crédits : à‰glantine Aubry

Ressuscité, le pola passe au 2.0
C’est un objet culte du 20ème siècle. Le polaroïd a marqué plusieurs générations avec ses photos au développement instantané et aux couleurs inimitables. Pourtant, en 2008, au grand dam de tous les aficionados de l’appareil, la marque mythique ferme ses dernières usines. La compagnie, rachetée, préfère se concentrer sur la photographie numérique en plein essor. 

Exit donc la production des fameux films qui permettaient d’imprimer les photos en quelques secondes. Les addicts du pola n’ont plus qu’à épuiser les derniers stocks pour préparer leur deuil. Mais cette chronique d’une mort annoncée ne satisfait pas tout le monde…

Un « projet impossible » ?
 
À Enschede, aux Pays-Bas, la dernière usine fait de la résistance. André Bosman, directeur de l’ingénierie, s’allie avec un entrepreneur local et rassemble 2,6 millions de dollars pour un projet un peu fou : relancer la production de films Polaroïd. Avec des centaines de millions d’appareils encore en état de marche et une large communauté d’utilisateurs nostalgiques, le potentiel existe, même si le pari est osé. La preuve : « The Impossible Project » est désormais en plein essor.
 
« The Impossible Project » produit aujourd’hui des millions de films Polaroïd par an. Et même si leur qualité originale n’a pas été encore parfaitement retrouvée, ils sont vendus aux quatre coins du monde. C’est qu’aucun appareil numérique ne réussit à reproduire l’aspect si particulier de ces photos, affirme Eglantine Aubry, photographe et responsable à l’ antenne parisienne  : « La marque Polaroïd propose encore des appareils à tirage instantané, mais il s’agit d’une impression numérique très éloignée du grain original, même à grand renfort de filtres Instagrams. » Dans la boutique, on trouve de vieux appareils, des films et même des cartouches de flashs au magniésium.

Ressuscité, le pola passe au 2.0
Vintage 2.0

Consoles de jeu vintages, disques vinyles… A l’image du Polaroïd, plusieurs supports analogiques ont fait leur retour ces dernières années. Un pied de nez aux prophètes du tout numérique du début du siècle. Car au-delà du fétichisme de l’objet vintage, ce sont bien les qualités intrinsèques de ces supports qui sont sollicitées. « C’est  aussi toute la magie de l’attente et l’aléatoire de la chimie des pellicules qui explique le come-back de ces instantanés », explique Eglantine. Certains photographes vont encore plus loin et font le choix d’un retour aux techniques de tirage du 19ème siècle, comme le collodion humide sur plaques (voir We Demain n°2, « Objectif lenteur »).
 
Mais The Impossible Project ne souhaite pas s’enfermer dans une archéologie de la photographie. Pour combiner les avantages du numérique et le grain de l’analogique, l’entreprise va ainsi lancer l’« Instant Lab  », un accessoire qui transforme l’iPhone en Polaroïd. L’objet permet de presser les images digitales prises avec un téléphone sur des films analogiques et peut être combiné avec différentes optiques. Une réponse au prix élevé des pellicules (15 à 20 euros les 8), qui ne laisse pas le droit à l’erreur.

À terme, la compagnie projette ni plus ni moins que de développer son propre appareil photo. Un pur argentique, doté de plus d’options que les derniers appareils Polaroïds à avoir vu le jour. Preuve que le grand marché avait enterré un peu trop vite le petit appareil.
 

Instant Lab en action

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