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Avant Notre-Dame de Paris, ces monuments brûlés puis reconstruits

Le 18/04/2019 par Sofia Colla
20 ans ont été nécessaires pour restaurer le parlement à  Londres. (Crédit : Shutterstock)
20 ans ont été nécessaires pour restaurer le parlement à  Londres. (Crédit : Shutterstock)

L’incendie de Notre-Dame de Paris lundi 15 avril a soulevé de nombreuses questions : pourra-t-on restaurer la cathédrale ? Comment ? En combien de temps ? Et à quel prix ?
 
Mardi matin l’animateur Stéphane Bern, ému, confiait dans la matinale de France Inter sa crainte de ne plus revoir la cathédrale de son vivant. Le soir même, lors de son allocution télévisée, le président Emmanuel Macron promettait « d’achever la restauration d’ici 5 ans ».
 
Un délai qui peut sembler très court. Toutefois, de nouvelles technologies permettent d’accélérer le travail des architectes. Et d’autres reconstructions de bâtiments historiques ravagés par les flammes, nombreux à avoir envoyé des messages de soutien et d’espoir, sont encourageantes.
 
Petit tour d’horizon de ces renaissances architecturales.

En France

La France a déjà connu des incendies de bâtiments d’envergure.
 
En 1870, durant le conflit franco-allemand, le chœur, la tour de la croisée du transept et la croix de la flèche de la cathédrale de Strasbourg sont détruits par les bombardements ennemis. Dès l’année suivante, Berlin enclenche la restauration du lieu de culte – l’Alsace étant alors rattachée à l’Allemagne. L’État français reprend les commandes des travaux en 1918. Ces derniers aboutissent en 1939.
 
Le 19 septembre 1914, c’est la cathédrale de Reims qui est bombardée par les Allemands. Plusieurs pans du monument, où presque tous les rois de France ont été sacrés, s’effondrent. L’entièreté de la charpente en chêne s’enflamme. Le chantier dure jusqu’en 1938.

La charpente de la cathédrale Saint-Pierre de Nantes prend feu le 28 janvier 1972 alors que le bâtiment était en travaux. Il faudra plus de 4 heures aux pompiers pour maîtriser les flammes, puis 13 ans de travaux pour la restauration.

Au cours d’une manifestation à Rennes, un tir de fusée de détresse atteint le Parlement de Bretagne et embrase sa toiture. Il faudra cinq ans pour restaurer le bâtiment du XVIIsiècle.

En Europe

Alors que le feu n’était pas encore éteint à Paris, le théâtre La Fenice de Venise apportait déjà son soutien en postant un message sur ses réseaux sociaux : « Nous avons brûlé deux fois, mais deux fois nous avons ressuscité de nos cendres, plus forts. Nous sommes à vos côtés les amis, donc n’ayez pas peur! »

En effet, l’Opéra avait brûlé une première fois en 1836, pour rouvrir ses portes un an plus tard. Mais le 29 janvier 1996 un nouvel incendie, criminel cette fois, est déclenché. Après quatre ans de discussions, les travaux de reconstruction débutent en 2001. Le soir du 12 novembre 2003, il ré-ouvre. À l’affiche :  La Traviata.  
 
Toujours à Venise, mais des siècles auparavant, c’est le palais des Doges et la basilique Saint-Marc qui avaient flambé en 976. Le peuple était alors en révolte contre le doge de Venise, qui s’était réfugié dans la basilique. Après sa mort et celle de sa famille, les deux monuments sont incendiés. Ils seront restaurés les années suivantes, mais le pouvoir en place décide en 1060 de reconstruire totalement la basilique. Cette entreprise a duré 40 ans !

En Angleterre aussi le feu a fait des ravages. Le 16 octobre 1834, le parlement de Westminster à Londres s’enflamme. Des bâtons de comptage en bois, alors utilisés pour les votes, auraient été jetés dans les chaudières du sous-sol. Il faudra plus de 20 ans pour restaurer cet imposant bâtiment. 
 
Plus d’un siècle plus tard, le 20 novembre 1992, une tenture du château de Windsor prend feu au contact d’une lampe halogène. Une dizaine de salons et une centaine de pièces sont carbonisées. Les travaux se sont achevés quelques années plus tard, en 1997.

Bibliothèques et musées brûlés

Même si les bâtiments ne sont jamais reconstruits à l’identique, ils sont rarement perdus en totalité. Mais quand il s’agit de livres, parfois uniques au monde, les flammes sont fatales.
 
La bibliothèque de Sarajevo a malheureusement vécu ce triste épisode en 1896. Dans la nuit du 25 au 26 août, en pleine guerre inter-communautaire, des artilleurs serbes incendient la bibliothèque nationale renfermant plus de deux millions d’ouvrages. Seuls 300 000 seront sauvés. La nouvelle bibliothèque a été inaugurée en 2014.

Plus récemment, c’est le musée national du Brésil à Rio de Janeiro qui a pris feu, le 2 septembre 2018 alors que le monument venait de célébrer son bi-centenaire. Le musée abritait plus de 20 millions d’œuvres, une des collections les plus importantes d’Amérique Latine. Des os de dinosaures, des momies, des fossiles, des archives… sont partis en fumée.
 
Depuis l’accident, des professeurs, des anthropologues et des paléontologues s’attèlent au sauvetage des pièces restantes. Pour le moment, environ 2 000 œuvres ont été récupérées. Ils ont par exemple retrouvé les ossements de Luzia, la plus vieille femme d’Amérique du Sud âgée de plus de 12 000 ans, détruits à 90 % par les flammes.

Message de soutien du musée national du Brésil à Rio de Janeiro : « Le Musée national déplore l’incendie qui a eu lieu dans l’après-midi du lundi 15 avril, dans la cathédrale Notre-Dame, à Paris. Notre institution, qui a vécu un épisode similaire dans son histoire récente, adresse son soutien aux Français dans ce moment. »
  

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