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Cette association aide les mal-logés franciliens à refaire leur vie en province

Plus d’un million de personnes sont mal-logées en Ile-de-France. Mais partir, vers l’inconnu, n’est pas toujours facile. L’association « Nouvelle ville, vie nouvelle » aide les volontaires à s’installer en province, et à prendre un nouveau départ.

Le 10/01/2020 par Alice Pouyat
Un utilisateur qui teste la prothèse (Crédit : D-Rev)
Un utilisateur qui teste la prothèse (Crédit : D-Rev)

Plaquer la région parisienne pour la province, vivre mieux, moins cher… Beaucoup en rêvent, du fait notamment des prix affolants de l’immobilier. En Ile-de-France, plus d’un million de personnes sont mal-logées et les délais d’attente pour obtenir un logement social atteignent même 10 ans à Paris… contre 1 an en moyenne dans le reste du pays.
 
Mais tout quitter peut sembler compliqué, surtout pour les foyers précaires. 
 

« Les ménages aisés ont amorcé depuis plusieurs années un départ en province à la recherche d’une meilleure qualité de vie, mais quand vous vivez avec les minimas sociaux ou le SMIC, que vous n’avez jamais quitté l’Ile-de-France, il est compliqué d’imaginer un tel changement, on ne sait pas par où commencer », souligne Andréa Ouvrard, conseillère en économie sociale et familiale. 

 
C’est pour les aider à se lancer qu’est née en 2013 son association Nouvelle ville, vie nouvelle (NVN), à l’initiative de professionnels issus de la Fondation Abbé Pierre. 
 
Chaque année, l’association aide une vingtaine de personnes à partir en province et à prendre un nouveau départ. Sans domicile fixe, mères célibataires ou nouveaux retraités n’ayant plus les moyen d’assumer leur loyer parisien… les profils sont divers.

Choisir la bonne destination

Dans un premier temps, NVN les conseille sur la destination, en fonction de leurs souhaits de regroupement familial, de leurs affinités géographiques, mais aussi en fonction des opportunités locales.
 
Pas question par exemple de les diriger vers d’autres métropoles sous tension comme Marseille ou Lyon. L’association encourage plutôt un déménagement dans des localités à taille humaine comme Orléans, Tours, Besançon.
 
Résultat : en moyenne, il se passe seulement six mois entre le premier contact avec l’association et le moment où la personne est relogée !
 
NVN, elle-même financée par la Fondation Abbé Pierre, des collectivités locales, la Fondation Raja et des partenaires privés, aide aussi les candidats à se meubler, par exemple via Emmaüs, ou à trouver une garde d’enfant. 
 
Enfin, elle les accompagne dans la définition d’un nouveau projet professionnel, en les mettant en contact avec les travailleurs sociaux spécialisés de la région. 
 

« S’il peut être difficile pour un cadre de trouver un emploi en province, pour une personne peu qualifiée il y a autant d’opportunités qu’en Ile-de-France, notamment dans l’aide à la personne, la sécurité, l’entretien », précise Andréa Ouvrard.

Une motivation personnelle nécessaire

Attention toutefois, pour les personnes sorties depuis longtemps du marché de l’emploi, le parcours reste bien sûr difficile.« Il ne faut pas imaginer que la vie devient magnifique du jour au lendemain, rappelle Andréa, nous travaillons sur des projets d’insertion à long terme. »
 
D’ailleurs, seul un quart des personnes qui contactent l’association finissent par déménager. Certaines ont trop de dettes locatives à éponger avant d’effectuer un tel virage. D’autres ont besoin d’un temps de réflexion. « Il faut chez la personne une vraie motivation à changer de vie. »  
 
Parmi ceux qui ont franchi le pas, Lydie, mère d’une petite fille souffrant d’une maladie génétique, qu’elle élève seule. Avant de partir, elle vivait au nord de Paris, à Franconville : “je n’avais pas de logement, j’étais à l’hôtel avec ma fille, je ne travaillais que ponctuellement. » Ses démarches pour obtenir un logement piétinant, elle s’est tournée vers l’association.

« Je voulais me stabiliser pour offrir à ma fille un cadre de vie décent, dans un environnement moins stressant”, explique-t-elle.

 
Grâce à l’aide fournie par NVN, Lydie a pu déménager à Metz en septembre dernier, une région où elle avait des connaissances, et où elle pu trouver un emploi . Elle travaille désormais à plein temps en tant qu’agent de service hospitalier. Prochaine étape : passer son permis de conduire.

 « Je pars de zéro donc j’ai conscience que cela prendra du temps avant d’être totalement installée, dit-elle. Mais j’ai pu me stabiliser, envisager sereinement ma vie professionnelle, et je me plais à Metz, c’est l’essentiel. »
 

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