Partager la publication "En Nouvelle-Zélande, entre laine mérinos et biodiversité, la quête de la symphonie pastorale"
« Avec ma femme Jessica, nous élevons 6 500 brebis et 2 500 béliers de race mérinos ainsi qu’environ 950 bovins Hereford Angus. Nous avons également 850 ruches qui produisent du miel de manuka et de karnuka. » En Nouvelle-Zélande, Hamish et Jess Murray possèdent une ferme – Bluff Station – dans la partie nord de l’île sud du pays, à environ 3 heures au nord de Christchurch. « Notre propriété, d’une superficie de 13 800 ha, s’étend sur environ 40 km de long. Elle va du niveau de la mer jusqu’à 1 500 mètres d’altitude. Nous avons donc une météo très variée sur nos terres, ce qui nous permet de laisser nos cheptels s’épanouir en liberté toute l’année. »
Hamish possède une des nombreuses fermes d’élevage de moutons mérinos en Nouvelle-Zélande. En moyenne, les animaux vivent 7 à 8 ans, période pendant laquelle ils se reproduisent et fournissent de la laine. À la fin de leur vie, ils sont abattus et vendus pour la viande. Depuis de nombreuses années, l’éleveur a entrepris un long chemin pour exploiter sa ferme et ses ressources en respectant au mieux la nature et le bien-être animal. Chaque année, ce sont entre 35 et 40 000 kilos de laine qui sont produits sur place puis revendus à Icebreaker. La ferme et le fabricant de vêtement outdoor travaillent depuis des années conjointement à une production de laine mérinos la plus éco-responsable possible.
Une production de laine mérinos éco-responsable de longue date
Si on ne présente plus les avantages de la laine mérinos pour les activités sportives et de plein air (thermorégulatrice, anti-odeurs, légère, ultra douce et capable de vite évacuer la sueur), la question de sa production est cruciale. La famille Murray s’appuie pour cela sur les standards de production éco-responsables du label ZQRX, créé par The New Zealand Merino Company. C’est le seul intermédiaire entre les fermes et Icebreaker depuis 27 ans. Cette société collabore avec 650 éleveurs néo-zélandais, c’est-à-dire l’essentiel de la production de laine du pays. Et gère la vente de 75 % de la laine mérinos produite en Nouvelle-Zélande.
Depuis de nombreuses années, The New Zealand Merino Company a établi des normes de production portant sur trois domaines : le soin apporté aux animaux, le soin apporté à la nature et le soin apporté aux communautés locales. C’est ainsi qu’est né en 2007 un premier programme, appelé ZQ, dont Icebreaker était un des partenaires fondateurs. « Nous mettons tout en œuvre pour assurer une durabilité environnementale, une responsabilité sociale mais aussi une durabilité économique aux éleveurs, explique Dave Maslen, directeur général des marchés et du développement durable. Nous faisons en sorte de produire une laine éthique et d’assurer une juste rémunération aux fermiers. »
Une filière de laine mérinos « régénérative »
En 2020, The New Zealand Merino Company a institué un nouveau programme encore plus exigeant : ZQRX. Il s’agit d’un ensemble d’outils (15 indicateurs clés) et un cadre pour contrôler les pratiques agricoles régénératives des producteurs. Il ne s’agit plus seulement de préservation. Ceux-ci s’engagent à ce que leur activité ait un impact positif sur la terre et l’écologie, sur les communautés, sur le climat et sur les animaux présents sur leurs terrains.
« ZQRX n’existe que depuis trois ans mais nous ne constatons aucune réduction de la production. Nous voyons de la laine absolument magnifique produite et les niveaux de production sont maintenus », se réjouit Dave Maslen. Depuis l’apparition de ce programme exigeant, Icebreaker se fournit exclusivement auprès d’éleveurs qui souscrivent à ces nouveaux standards. D’ici 2028, la marque ne devrait plus utiliser que de la laine obtenue de manière régénérative.
La technologie au service de la protection de la nature… et des moutons
La ferme d’Hamish Murray a intégré le nouveau programme dès son lancement. « Nous sommes en train d’évaluer la quantité de carbone séquestrée sur notre propriété par l’intermédiaire d’une société qui prend des images satellites actuelles et anciennes. Elle compare l’état de nos terres afin d’évaluer la quantité exacte de carbone que nous séquestrons. Mon instinct me dit – et les premiers chiffres vont dans ce sens – que nous séquestrons trois fois plus de carbone que nous en émettons. »
Des analyses des sols sont aussi en cours. La ferme possède des données depuis 20-30 ans, à l’époque où elle utilisait encore des pesticides. Elle peut donc comparer l’évolution avec la qualité des sols actuelle via plusieurs parcelles d’échantillonnage. Un organisme indépendant – Soil Matters – vient régulièrement prendre des mesures. Idem pour la qualité de l’eau. Avec seulement un mouton et demi par hectare, la pollution des cours d’eau est minime.
La tonte des moutons et la question de la traçabilité de la laine
Une fois par an, le plus souvent en août, les moutons sont tondus par Hamish, Jessica et leurs 7 employés. La laine passe d’abord par un classificateur qui évalue les fibres en fonction de multiples critères (qualité, rendu visuel, sensation, diamètre…). Les laines similaires sont rassemblées en balles. Chacune est alors carottée pour être testée puis enregistrée pour la traçabilité. Il suffit de scanner un QR code pour connaître le nom de la ferme, l’année de la tonte et le type de mouton. Grâce à un climat relativement constant et tempéré, la qualité de la laine reste assez similaire d’une année sur l’autre.
« C’est aussi le reflet d’une très bonne nutrition des troupeaux, qui trouvent tout ce dont ils ont besoin sur nos terres. Ils mangent ce qu’ils veulent, nous ne complétons donc pas avec des céréales. Nous avons mis en place un système entièrement basé sur le pâturage qui nécessite une gestion, une observation et une mesure minutieuses des animaux pour s’assurer qu’ils sont dans leur meilleure condition et qu’ils produisent la laine la plus résistante. Cela se traduit in fine par un vêtement de qualité qui répond aux spécifications de notre contrat », indique Hamish Murray.
Icebreaker : des moutons plutôt que du plastique
C’est dans l’ADN de la marque néo-zélandaise depuis sa création en 1995 par Jeremy Moon. Utiliser une fibre naturelle plutôt que des fibres pétrochimiques, un vrai défi. Surtout quand on sait que ces dernières sont des matières reines dès qu’il est question de vêtements techniques pour la pratique sportive. Icebreaker s’était même fixé comme objectif de se passer totalement de fibres synthétiques à fin 2023. Résultat ? Presque… mais pas tout à fait.
« Nous reconnaissons volontiers que nous n’avons pas atteint notre objectif 100 % sans plastique. Nous sommes fiers de dire que nous avons seulement atteint 96,14 % de textiles sans fibres pétrochimiques », indique la marque dans son rapport annuel de transparence (PDF). Une grande partie des fibres pétrochimiques utilisées par la marque ont été remplacées par des équivalents biosourcés. Tencel, Lyocell, coton issu de sources responsables, lin… les alternatives à l’élasthanne et au nylon existent. Pas question pour Icebreaker de ne pas poursuivre sa quête : devenir une marque 100 % sans plastique.
« Prendre soin du morceau de terre dont je suis responsable »
« En tant qu’agriculteur, ce que nous produisons est essentiel là où nous vivons. Nous protégeons et prenons soin de notre environnement car c’est ce que nous sommes. C’est une habitude que je transmettrai à mes enfants, à leurs enfants et à leurs enfants. J’ai pour mission de faire le meilleur travail possible pour prendre soin du morceau de terre dont je suis responsable. Pour pouvoir le partager et le transmettre aux générations futures. Et inculquer cela à mes enfants pour qu’ils fassent la même chose », souligne Hamish Murray.
Avec son équipe, l’éleveur veille au quotidien à la santé des moutons et autres animaux, en les surveillant de près malgré l’étendue du terrain. Pour l’heure, le réchauffement climatique affecte assez peu son exploitation mais il reste vigilant. « C’est justement en faisant en sorte de produire une laine éthique et respectueuse de notre environnement que nous pourrons limiter, à notre niveau, les effets de la hausse des températures, de la multiplication des périodes de sécheresses et des feux qui y sont associés », conclut le néo-zélandais.
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