Le télétravail, c’est bon pour la planète !

Devenues les centres d’attraction majeurs des hommes et des activités, les agglomérations et métropoles sont aujourd’hui confrontées à de graves problèmes d’engorgement des réseaux de transports. Migrations pendulaires, dépendance à la mobilité automobile, surconcentration des activités… Combinés, ces facteurs concourent à la multiplication des épisodes de pollution atmosphérique et à la dégradation de la qualité de l’air. En Île-de-France par exemple, le trafic routier est responsable de 65 % des émissions d’oxydes d’azote (NOx), et de plus de la moitié de celles des particules fines (PM10 et PM2,5). 
 
La voiture, elle, reste le moyen de transport le plus utilisé pour aller travailler en France : 58 % des actifs y ont recours pour des trajets inférieurs à un kilomètre, et 80 % au-delà de dix kilomètres selon l’Insee. Malgré les fréquentes incitations et les investissements réalisés en faveur des transports en commun ou des modes de déplacements doux, les municipalités et collectivités territoriales peinent toujours à inverser la tendance.

Diminuer ses déplacements

Alors que les trajets domicile-travail représentent l’essentiel des déplacements dans et à destination des aires urbaines, le télétravail à domicile ou dans un espace de coworking proche n’implique pas, sinon peu, de déplacements professionnels pour un salarié.
 
Dans le troisième volet de son Livre vert  consacré au télétravail, le groupe Syntec estime ainsi que sur la base moyenne de 26 km parcourus quotidiennement par un salarié français, deux jours par semaine de télétravail à domicile induisent un gain direct de plus de 800 kg de CO2 par salarié et par an.
 
Associé à l’obligation pour les entreprises de plus de 100 salariés de présenter un plan de mobilité depuis le 1er janvier 2018, un large déploiement du télétravail pourrait appuyer les initiatives locales en faveur de la démobilité.
 
En outre, il peut tout à fait s’inscrire dans le cadre des objectifs fixés par la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte (18 août 2015).

« Il suffirait que 5 à 10 % des actifs franciliens pratiquent le télétravail pour fluidifier sensiblement le trafic aux heures de pointe« , estime Anne-Sophie Calais, directrice d’Initiatives Télécentres 77, qui accompagne, coordonne et promeut la création de projets de télécentres et coworking en Seine-et-Marne depuis 2012.
 
Plus à l’est, collectivités et initiatives privées multiplient également les actions en faveur du télétravail. L’un de leurs objectifs : désengorger les axes routiers empruntés par les milliers de travailleurs frontaliers français se rendant chaque jour dans le grand-duché. À Piennes, un village de Meurthe-et-Moselle, situé à 20 minutes du quartier d’Esch-Belval, NumericALL propose ainsi depuis 2015 un large espace de coworking à destination des télétravailleurs français salariés au Luxembourg. D’autres lui ont emboîté le pas, comme la communauté d’agglomération Thionville Portes de France…
 

​LE BUREAU, LIEU DE TRAVAIL ÉNERGIVORE

Par son recours quasi systématique aux outils numériques, le télétravail a permis aux manageurs de développer de nouveaux modes d’encadrement et de suivi des salariés, hors des murs de l’entreprise. Optimiser ou diminuer des surfaces de bureaux en répartissant les journées de télétravail des salariés tout au long de la semaine peut être synonyme de gains d’espaces et d’économies importantes.

Un constat que renforcent les estimations de l’Arseg : les postes de travail attitrés dans les entreprises ne sont occupés qu’entre 40 % à 60 % du temps. « Un gouffre financier, mais aussi un non-sens écologique », selon le cabinet de conseil et formations en innovation managériale Greenworking.
 
Le déploiement d’un plan de télétravail peut ainsi être envisagé comme une opportunité afin d’adapter des surfaces de travail aux besoins réels et durables des entreprises et de leurs salariés. Dans le cadre d’un benchmark annuel, le Club Green IT et ses partenaires ont quantifié l’empreinte environnementale liée à l’activité numérique d’un employé de bureau français en 2017.

Par exemple, chaque année, un salarié consomme en moyenne 80 kg de papier, 5 300 litres d’eau et 3,5 kWh d’énergie. À l’inverse, les espaces de coworking permettent de mutualiser le chauffage, la lumière… ou le matériel de bureautique lui-même, et ainsi de réduire la consommation des matières premières.
 
Dans un télécentre ou un espace de coworking, où les taux d’occupation avoisinent parfois les 100 %, la dépense énergétique annuelle d’un télétravailleur est de 0,5 à 0,8 kWh par an, soit 3 à 5 fois moins que dans un bureau traditionnel.
 
Pour des raisons tant écologiques que managériales et économiques, certaines entreprises comme SGS, Intel France, Orange ou Accenture France ont choisi de diminuer drastiquement la présence physique au sein de leur modèle entrepreneurial.

Outre-Atlantique, la société américaine Automattic – éditrice de WordPress.com – est allée beaucoup plus loin. Cet été, son fondateur annonçait la fermeture définitive de ses locaux de San Francisco, optant pour le versement d’une indemnité forfaitaire à ses 550 salariés télétravailleurs dans le monde. Diminution de l’empreinte carbone assurée.

Cet article a initialement été publié dans un cahier spécial consacré à « La révolution du télétravail » pour Malakoff Humanis, dans le cadre de leur projet web éditorial Le comptoir de la nouvelle entreprise.

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