Partager la publication "La France n’a toujours pas pris la mesure du réchauffement climatique, selon le Haut Conseil pour le Climat"
“La France n’est manifestement pas prête à faire face aux effets du changement climatique.” Cette phrase, lapidaire, résume le dernier rapport du Haut Conseil pour le Climat (HCC), dévoilé ce lundi 2 octobre 2023. Intitulé “Acter l’urgence, engager les moyens”, ce document reste sur la même ligne que les précédents rapports. Comme eux, il juge insuffisantes les actions menées par la France contre les émissions de gaz à effet de serre (GES).
Le HCC n’en démord pas : “Des mesures d’adaptation supplémentaires, cohérentes et tenant compte des limites constatées sont essentielles pour renforcer la résilience et éviter l’accroissement des impacts, des pertes et dommages et des coûts de gestion d’urgence récurrents.” Et d’ajouter : “L’adaptation doit passer du mode réactif prévalent aujourd’hui, en réponse à une situation d’urgence, pour devenir préventive et transformatrice en anticipant bien en amont les changements futurs.” Il faut donc cesser de réagir aux urgences (feux de forêt, inondations, canicules…) et passer à la phase d’adaptation. L’excuse “Qui aurait pu prédire ?” n’est définitivement plus crédible.
Le Haut Conseil pour le Climat reconnaît des efforts de la part de la France. Il souligne que un recul des émissions de GES en 2022 (-2,7 % par rapport à 2021, soit 11 Mt éqCO2 évités). Mais le rapport rappelle néanmoins les faits. Des événements climatiques extrêmes ont frappé en 2022. Et des records de température en France. Résultat : -5 km3 de volume perdus pour l’ensemble des glaciers alpins. En outre, la pays a dû face à d’importantes sécheresses.
Tout cela a entraîné divers impacts négatifs en France en 2022, affectant l’économie, l’environnement et la santé publique. “Les politiques et engagements actuels ne suffisent pas à l’atteinte des objectifs climatiques”, rappelle le HCC. Il appelle le pays à “planifier et implémenter des stratégies d’adaptation proactives et transformatrices face au changement climatique.
Le Haut Conseil pour le Climat rappelle aussi que “l’empreinte carbone de la France, qui inclut les émissions générées dans d’autres pays pour produire les biens qui sont
importés et consommés en France, est plus élevée que les émissions produites sur le territoire français.” Selon lui, ces émissions indirectes représentent un peu plus de la moitié (51 %) de l’empreinte totale (308 Mt éqCO2) de notre pays.
Pour le HCC, il est nécessaire d’accélérer la transition écologique dans tous les secteurs. Et de livrer des données chiffrées précises. Alors que la France a réduit en moyenne ses émissions de 9,1 Mt éqCO2/an entre 2019 et 2022, il faudrait presque doubler ce rythme. Le HCC parle d’un rythme de réduction de 17 Mt éqCO2/an entre 2023 et 2030. Ce serait la seule manière de tenir les objectifs qu’elle s’est fixée d’ici la fin de la décennie.
Le HCC estime que “beaucoup de transformations sont traitées par des mesures ponctuelles qui ne garantissent pas un accompagnement systématique.”
Transports. “Les émissions du secteur ont augmenté de 2,3 % en 2022. Les aides et les incitations actuelles s’orientent pas suffisamment la production vers des véhicules petits, plus légers et plus abordables. Cela aggrave les inégalités.”
Agriculture. “Le Plan stratégique national de la France, qui décline la politique agricole commune de l’Union européenne, présente des mesures ayant un trop faible niveau d’ambition face aux objectifs climatiques. Les critères d’attribution des aides et les montants de financement en faveur du climat devraient être renforcés.”
Industrie. “Les émissions de l’industrie ont diminué de 6,4 % en 2022 grâce à la baisse de la consommation d’énergie conséquence des mesures de sobriété.” Le HCC estime que “de nombreux plans de décarbonation existent mais ils doivent être mis en cohérence et articulés.”
Bâtiments. “Malgré plusieurs améliorations en 2023, le rythme actuel de rénovation du parc résidentiel est insuffisant.” Impossible ainsi d’espérer éradiquer les passoires thermiques d’ici 2028. Deux freins majeurs : l’absence d’une exigence de qualité sur les résultats des travaux et la disponibilité des compétences nécessaires aux rénovations.
Énergie. “Les émissions de l’énergie ont augmenté de 4,9 % en 2022”, note le HCC. Il dénonce un recours à “trop d’énergie fossile utilisée pour produire de l’électricité”. Doublé d'”un développement insuffisant des énergies renouvelables et du biométhane.”
Forêt-Bois. “La quantité de carbone stockée par les forêts a diminué de 21 % entre 2020 et 2021. En cause, la forte mortalité en forêt due à la sécheresse, aux incendies et aux ravageurs. Des fléaux combinés à une plus faible croissance des arbres”, regrette le Haut Conseil pour le Climat. Il reste encore optimiste sur la capacité du secteur à atteindre ses objectifs. Mais, il n’en demeure pas moins que la France a besoin d'”un plan forestier ambitieux”. Et d'”une action volontariste pour augmenter le stockage de carbone dans les sols agricoles.”
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