Partager la publication "L’eau de pluie est devenue impropre à la consommation partout dans le monde"
Enfant, on est toutes et tous sortis sous un orage en été pour profiter de la pluie. On a toutes et tous penché notre tête en arrière pour boire quelques gouttes d’eau bienfaisantes. Aujourd’hui, il est déconseillé de consommer telle quelle cette eau de pluie. Une étude menée par l’Université de Stockholm révèle la présence de produits chimiques toxiques dépassant les seuils recommandés. Et ce, quel que soit le lieu sur la planète.
« Il n’y a nulle part sur Terre où l’eau de pluie serait propre à la consommation, d’après les données que nous avons utilisées », a affirmé Ian Cousins, professeur à l’Université de Stockholm et principal auteur de l’étude. Celle-ci a été publiée début août dans la revue Environmental Science and Technology. Pour parvenir à de telles conclusions, son équipe a étudié des données mondiales compilées depuis 2010.
Arctique, Tibet… même dans des régions reculées, l’eau de pluie est contaminée
Ian Cousins précise que « même en Antarctique ou sur le plateau tibétain, les niveaux présents dans l’eau de pluie dépassent les recommandations de l’Agence de protection de l’environnement des États-Unis (EPA). » Dans ces deux régions reculées du monde, considérées comme relativement intactes et peu polluées, on y a détecté des niveaux de PFAS (per et polyfluoroalkylées) « 14 fois supérieurs » aux recommandations américaines pour l’eau potable.
Les PFAS sont des produits chimiques dits « éternels » en raison de leur très lente désagrégation. Ils proviennent le plus souvent de produits du quotidien, comme les emballages, les shampoings ou encore le maquillage. Très présents dans la consommation – notamment des pays occidentaux – depuis 120 ans, ils ont fini par polluer l’eau et l’air. Et à se répandre sur toute la surface de la Terre, y compris dans des régions très isolées. Des microplastiques que l’on retrouve ensuite dans le corps humain.
Limiter les PFAS au niveau mondial
Plusieurs études suggèrent que les perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées sont à l’origine de cancers. On les soupçonne aussi d’avoir des effets sur la fertilité et le développement du fœtus. Et d’être cause de difficultés d’apprentissage chez les enfants. Cela est d’autant plus inquiétant à l’aune de ce que révèle cette nouvelle étude sur la pollution de l’eau de pluie partout sur la planète.
« Désormais, les directives de qualité environnementale conçues pour protéger la santé humaine seront dépassées partout en raison des PFAS. Et nous ne pouvons pas faire grand-chose pour réduire cette contamination. En d’autres termes, il serait logique de définir une limite planétaire spécifiquement pour les PFAS. Même si, comme nous le concluons dans l’article, cette limite a maintenant été dépassée », affirme le Martin Scheringer, co-auteur de l’étude et professeur à l’École Polytechnique de Zurich ainsi qu’au Recetox de l’université de Masaryk en République tchèque .
L’étude révèle cependant que la concentration de PFAS dans l’organisme des êtres humains a diminué « de façon assez significative ces 20 dernières années » et que « le niveau ambiant [des PFAS dans l’environnement] est resté le même ces 20 dernières années ». On peut sans doute imputer cela à l’effort de certains grands groupes industriels pour réduire leur recours aux PFAS. Même s’il conviendrait d’aller encore beaucoup plus loin en la matière. Et de réduire drastiquement notre usage global des plastiques. Où que l’on soit sur la planète puisqu’aucune région n’est désormais épargnée.