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Noob, le film qui raffle la « crowd-mise »

Ils espéraient obtenir 35 000 €, ils en ont eu 681 056 ! Ils, ce sont les bénévoles de la web-série « Noob », qui ont pulvérisé le record européen du crowdfunding en voulant financer leur film.

Le 24/07/2013 par WeDemain
Durant le tournage d'une des scènes
Durant le tournage d'une des scènes

Depuis 2008, la bande d’amis faisait le bonheur de la communauté geek. Ses petits épisodes vidéos reprenant les codes de l’héroïc fantasy et des jeux vidéos avaient fédéré une foule d’amateurs. On pouvait y suivre les (més)aventures de débutants – les fameux « noobs » – perdus dans un jeu de rôle trop difficile pour eux. En mai 2013, tout s’emballe. La fine équipe décide de passer à la vitesse supérieure et lance une souscription sur Ulule pour réaliser son premier film. Les sommes récoltées dépassent immédiatement les espérances… Et de beaucoup !

Record européen du crowdfunding
 
« On s’était laissé 70 jours pour récolter 35 000 € », raconte Fabien Fournier, tête pensante du projet. « Au bout de 15 heures, on avait déjà reçu plus que nécessaire ». Les jours suivants, le flot ne tarit pas. Devant un tel plebiscite, l’équipe forme de nouveaux desseins. D’un court-métrage, le projet devient un vrai film, puis deux, puis une trilogie ! À l’issue du temps imparti, le projet est financé par 11 932 personnes à hauteur de 681 056 €, près de 20 fois la somme escomptée. Un résultat phénoménal qui explose tous les compteurs, le précédent record européen de crowdfunding étant établi à 611 076 € avec la renaissance du jeu vidéo Godus.

Ce succès ne tient cependant, pour Fabien Fournier, ni du mystère ni de l’anecdote. « Cela fait 13 ans qu’on a une fan-base super soudée qui porte nos projets. » Cet acteur, scénariste, postproducteur et écrivain, se consacre depuis de nombreuses années à l’aventure. Car avant d’être un film, Noob est un « cross média » : un univers sous licence qui se décline sur des supports multiples. En plus de la série, le titre a sa BD, son roman, et même sa bande son.

« Si j’avais présenté le projet à un producteur, il m’aurait ri au nez »
 
En mélangeant l’univers des jeux vidéos massivement multijoueurs (MMORPG), des romans fantastiques et des mangas asiatiques, Noob a rassemblé une large communauté autour de thématiques geeks snobées par les circuits traditionnels. « Si j’avais présenté le projet à un producteur, il m’aurait ri au nez ». À l’image des labels communautaires musicaux, la success story du film témoigne ainsi d’un nouveau rapport du public aux industries créatives. « Les gens en ont marre qu’on choisisse pour eux ce qu’ils doivent aimer. Aujourd’hui, le public est de moins en moins passif et veut décider de ce qu’il va voir ou entendre, quitte à mettre la main à la pâte en finançant les projets prometteurs. »

Jurisprudence

Sur Ulule, le cas fait jurisprudence. Car devant le raz-de-marée provoqué par la collecte, la plateforme de crowdfunding a du assouplir sa politique tarifaire. Alors qu’elle prélevait auparavant 8% du financement quel qu’en soit le montant, elle pratique désormais un taux dégressif.

Mais l’affaire ne s’arrête pas là. Selon Fabien Fournier, ce sont désormais l’Autorité des marchés financiers et l’Autorité de contrôle prudentiel – deux organismes en charge de la régulation bancaire et fiscale – qui s’intéresseraient aujourd’hui de près au secteur émergeant du financement participatif. Quant à la team Noob, elle ambitionne maintenant de créer son propre jeu vidéo. Pas mal, pour des « débutants »…
 

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