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Offres d’électricité verte, comment démêler le vrai du faux

Quels acteurs proposent réellement une électricité verte. WE DEMAIN vous aide à faire la lumière sur ce marché flou

Le 16/04/2019 par Sofia Colla
Electricité verte
Greenpeace a classé les fournisseurs d'énergie en fonction de leurs investissements dans les énergies fossile, nucléaire et renouvelable sur l'année 2017. (Crédit : Capture d'écran du site Le guide de l'électricité verte'')''
Greenpeace a classé les fournisseurs d'énergie en fonction de leurs investissements dans les énergies fossile, nucléaire et renouvelable sur l'année 2017. (Crédit : Capture d'écran du site Le guide de l'électricité verte'')''

« De l’électricité 100 % verte », « des prix malins », « l’énergie verte en toute transparence »… Les offres d’électricité verte se multiplient ces dernières années. Enercoop, Direct énergie, EkWateur mais aussi des acteurs historiques, comme EDF, Total ou Engie : tous proposent des offres vertes, le marché s’étant ouvert à la concurrence en 2007.Des offres qui séduisent les Français : 1,5 million de citoyens y ont souscrit, selon la Commission de régulation de l’énergie, soit deux fois plus qu’il y a quatre ans, selon l’Ademe, ce qui semble montrer la volonté des Français de soutenir les énergies renouvelables. Mais ces offres dites « vertes » le sont-elles vraiment ?

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L’électricité verte achetée n’est pas celle consommée

Premier rappel, sachez que l’électricité que vous achetez n’est pas celle que vous consommez : quelque soit son origine, l’électricité produite, renouvelable ou non, est injectée dans le réseau national. Opter pour un fournisseur vert permet surtout de financer les énergies « propres ».

Dans l’Hexagone, seule 20 % de la production d’électricité est d’origine renouvelable, contre 70 % d’origine nucléaire, selon les chiffres du Réseau de transport d’électricité. On compte sur le territoire 19 centrales et 58 réacteurs.

Très peu d’électricité verte produite

Deuxième point : en France, aucune réglementation n’oblige les fournisseurs « d’énergie verte » à produire ou même à acheter de l’électricité renouvelable. Leur seule obligation : se procurer des certificats de « Garanties d’origine » vendus par des producteurs d’énergie renouvelable, n’importe où en Europe.
Ce qui veut dire qu’ils n’injectent pas directement d’électricité renouvelable dans le réseau. Encore moins dans le réseau français, la Norvège fournissant 25 % des garanties d’origine européennes, souligne Antoine Nogier, président de Sun’R (entreprise du secteur de l’énergie solaire photovoltaïque), dans une tribune publiée dans Les Echos.

Troisième point : ces garanties participent de façon marginale au développement des énergies renouvelables car elles ne coûtent presque rien. Greenpeace, dans son Guide de l’électricité verte, explique que pour 100 euros d’électricité payée par le consommateur, seulement 2 euros sont susceptibles d’aller vers la production d’énergie renouvelable quelque part dans l’UE… Des fournisseurs comme EDF ou Engie peuvent donc proposer des offres vertes en continuant d’investir majoritairement dans le nucléaire.

Qui sont les fournisseurs vraiment verts ?

Mais il existe quelques fournisseurs vraiment verts. Selon le classement publié à l’automne 2018 par Greenpeace, à l’initiative du site internet Le guide de l’électricité verte , c’est le cas d’Energie d’IciIlek et Enercoop.

Les deux premiers s’approvisionnent à 100 % auprès de producteurs d’électricité renouvelable en France. Energie d’Ici opère uniquement dans les départements du Rhône, des Pyrénées-Atlantiques et des Hautes-Pyrénées.

Enercoop, un pionnier

Quant à Enercoop, il s’agit d’un pionnier. En 2005, lors de sa création, la coopérative était le premier fournisseur d’électricité renouvelable. Elle compte aujourd’hui plus de 75 000 clients, qui peuvent investir et participer aux prises de décision. En 2017, son approvisionnement était à 97 % d’origine renouvelable, selon Greenpeace.

Les autres fournisseurs sont classés comme étant « en bonne voie », « à la traîne », et « vraiment mauvais », en fonction de leurs investissements en énergie fossile, nucléaire et renouvelable sur l’année 2017.

D’autres sont hors catégorie car ils n’étaient pas actifs sur l’ensemble de l’année 2017. C’est le cas notamment d’Urban Solar Energy qui propose une énergie provenant en majorité de centrales photovoltaïques locales et qui accompagne ses clients vers l’autoconsommation. Ou encore d’Ohm Energie qui investit à 100 % dans les énergies renouvelables françaises et guide ses clients pour faire des économies d’énergie.

L’énergie verte : pas une solution miracle

Vous voilà prêt à changer de fournisseur d’énergie ? Bonne nouvelle, la procédure est très simple, gratuite, sans engagement et n’entraine pas de coupure d’électricité. Dans la majorité des cas, tout se fait en ligne. Le nouveau fournisseur aura besoin de votre relevé de compteur et d’informations figurant sur votre facture d’électricité, puis s’occupe de tout.

Dernier rappel toutefois : les énergies renouvelables ne sont pas une solution miracle. Les panneaux solaires par exemple émettent trois fois plus de CO2 que le nucléaire par kWh produit, selon les données du GIEC. Mais les centrales produisent l’équivalent de sept piscines olympiques de déchets nucléaires par an selon Greenpeace (23 000 m3), dont seulement 1 % sont recyclés.

Le meilleur moyen de réduire la pollution liée à l’énergie reste de l’économiser, par exemple en isolant mieux les bâtiments. L’électricité la plus verte est bien sûr celle… que l’on ne consomme pas !

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