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Paris va inaugurer la première « rue zéro déchet »

Le 16/11/2018 par Alice Pouyat

« Pour réduire vos déchets, passez par la case Rue du Paradis ». Voilà ce qu’on pourra peut-être lire dans le Monopoly du futur… Car cette voie du Xe arrondissement de Paris se lance dans une expérience inédite.
 
À partir du 8 décembre, elle deviendra la première « rue zéro déchet » française. Pendant un an, jusqu’en décembre 2019, ses 3 000 habitants seront encouragés par la mairie du Xe arrondissement à réduire drastiquement leurs ordures. L’association Zero Waste Paris coordonnera le projet sur le terrain.
 
Au début et la fin de l’expérience, la quantité d’ordures produites par les résidents sera estimée – « avec une réduction d’au moins 10 % sur un an », espère Alexandra Cordebard, la maire (PS) de l’arrondissement. Trop peu ? Peut-être, mais plus que l’objectif de la ville de Paris, qui vise une telle réduction… en six ans (entre 2014 et 2020, après une baisse de 7% entre 2009 et 2015).

La rue du paradis, un condensé de Paris

Pourquoi avoir choisi cette rue pour mener l’expérience ? D’abord parce que ces 528 mètres sont un « résumé de Paris », poursuit l’édile. Avec son mélange de logements privés et sociaux, d’entreprises, d’écoles, de bars, de commerces écolos et plus traditionnels, la rue du Paradis fait coexister diverses facettes de la ville. « On y trouve tous types de producteurs de déchets et l’idée est de trouver avec chacun d’entre eux une manière de les réduire ».
 
La rue souffre aussi d’une forte circulation et de trottoirs étroits. « Il y a beaucoup de contraintes. Si on réussit ici, il n’y a pas raison de ne pas réussir ailleurs ! », souligne Loukia Bana, coordinatrice de Zero Waste Paris.
 
Globalement, l’arrondissement a une forte production de déchets, car très habité – il est aussi dense que Tokyo – et très visité. Chaque jour, près d’un million de personnes transitent par les gares voisines du Nord et de l’Est.

Composteurs et bocaux en verre

Pour prendre la route du « zéro déchet », diverses initiatives ont donc été imaginées. La mairie devrait mettre à disposition plus de poubelles de tri, des Trilib’ (des stations de tri permanentes, dont voici une carte), des composteurs collectifs, des lombricomposteurs individuels, un frigo partagé pour lutter contre le gaspillage alimentaire… Les restaurateurs seront incités à proposer des couverts et emballages recyclables ou réutilisables pour les plats à emporter.

Par ailleurs, des associations partenaires de Zero Waste Paris vont organiser des ateliers, pour apprendre aux citoyens à remplacer produits ménagers et cosmétiques polluants à usage unique ou à réparer eux-mêmes leur électroménager. La première formation est prévue dès le 21 novembre à la mairie. Une visite d’un incinérateur est aussi au programme.

Un modèle zéro déchet à exporter

Le projet va donc au-delà du simple recyclage. Le but est aussi de développer le réemploi, de réduire la production de déchets, de changer les modes de consommation…« L’objectif est de trouver un modèle et des solutions à prolonger dans le temps et à étendre ailleurs », conclut Alexandra Cordebard.
 
Des actions à mener urgemment quand on sait le retard de la Ville de Paris en la matière. Souvent faute d’espace, un immeuble sur trois manque de bac pour recycler le verre et un sur six n’a pas de poubelle de tri… Résultat, le taux de recyclage peine à atteindre 18 % à Paris, contre 39 % en moyenne en France, 45 % en Europe… et déjà 66 % chez nos voisins Allemands !
 

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