Créée en 2015 avec quatre colocataires décidés à vivre en consommant moins et mieux, en accord avec leurs convictions écolos, elle héberge aujourd’hui quatorze colocataires engagés qui cherchent à avoir le moins d’impact possible sur la planète.
Petit à petit, les cinq appartements ont été réaménagés pour recréer une maison, avec une cuisine commune, un salon, un espace de coworking, une laverie… Les cuisines des cinq appartements ont été transformées en autant de chambres et des cloisons en bois de récup’ installées pour créer de nouvelles pièces.
« Notre éco-colocation c’est du vivre-ensemble et un laboratoire d’expérimentations pour une vie plus résiliente » , résume Clément, salarié chez Engie, « écoloc » depuis les débuts de l’aventure. « Nous pouvons mettre plein de choses en œuvre parce que nous sommes beaucoup, la mutualisation c’est la clé », ajoute Margaux, chargée de projet pour l’association Étic. Ils ont pour la plupart moins de 30 ans, ils sont étudiants, thésards, chômeurs, biologistes, profs, ou travaillent dans l’économie sociale et solidaire…
Une poubelle par mois
« Son engagement, on le construit par là où on habite. L’habitat est la base de l’alimentation, de la mobilité… de plein de leviers d’action », explique-t-elle.
Dans la cuisine de La Maison Bleue, la poubelle est ridiculement petite (4 litres !) pour une si grande colocation. « Et on la vide seulement une fois par mois », se réjouit Astrid. Alors qu’un Francilien moyen produit 350 kg de déchets par an, les colocs de La Maison Bleue n’en génèrent pas plus d’une dizaine chacun.
Les deux poules du jardin en ingurgitent une partie. Une autre part au compost. Enfin, la nourriture étant achetée en vrac (en circuit court bien sûr), il ne reste plus grand-chose à jeter. « L’objectif est de faire au mieux, mais toujours de se faire plaisir, que chacun se sente bien, sans jugement si quelqu’un fait un écart », explique Margaux.
Adieu frigo
Cette année, les colocs pourront même savourer les fruits et légumes du jardin grâce au potager en mezzanine qu’ils ont terminé de construire. En dessous, une trentaine de poissons barbotent dans un système d’aquaponie, lui aussi fait maison.
Les habitants de La Maison Bleue sont aussi exemplaires par leur consommation d’énergie. Il faut dire qu’il ne fait pas très chaud chez eux, entre 12 et 14 °C en plein hiver mais ils sont adeptes des plaids et des tisanes. Deux chauffe-eau sur cinq sont éteints.
Et, bien sûr, ils sont chez Enercoop, le fournisseur d’électricité renouvelable. Résultat, ils ne consomment que 3 kWh d’électricité par jour et par personne contre une moyenne nationale d’environ 10 kWh. Cela se ressent dans leur loyer, de 420 euros par mois, logement, charges et 50 % des courses comprises.
Poulailler, Slack et empreinte carbone
La colonie organise une réunion mensuelle, avec une personne qui anime et une autre qui rédige un compte rendu. Ce moment permet de discuter des prochaines arrivées, des soirées à venir, des aliments à supprimer pour avoir encore moins d’impact carbone…
Ils sont écolos et un peu hippies, mais ils vivent avec leur époque. Ils utilisent l’outil Slack, une application de communication collaborative, sur laquelle ils ont plusieurs sujets de conversation : les anniversaires, les courses, les poules… En faisant juste attention à leur entourage, ils se rendent compte naturellement quand c’est le moment de passer un petit coup de balai ou si un aliment manque à l’appel.
Ce mode de vie atypique, tous l’ont intégré et ils ne se voient pas retourner à une vie « normale ». Même en dehors de la Maison, ils gardent leurs habitudes. « Les supermarchés, ça m’angoisse. Je n’y mets plus les pieds », raconte Margaux. Tous sont marqués par cette expérience. Et certains s’imaginent déjà exporter leur mode de vie, dans quelques années, en étant propriétaire au sein d’un habitat participatif.