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Antonin Léonard (OuiShare) : « Il faut que Fleur Pellerin devienne ministre de l’Économie ! »

Alors que le Premier ministre recevait ce matin les acteurs et entrepreneurs de l’économie collaborative, We Demain prend le pouls de cette nouvelle donne économique avec Antonin Léonard, co-fondateur de la communauté Oui Share.

Le 27/02/2014 par WeDemain
Antonin Léonard, co-fondateur de la communauté Oui Share
Antonin Léonard, co-fondateur de la communauté Oui Share

We Demain : Il y a un an, vous affirmiez avec Oui Share que la France était « championne du monde de l’économie collaborative ». C’est toujours d’actualité ?
 
Antonin Léonard : Plus que jamais. Beaucoup des start-ups de l’économie collaborative ont connu une croissance exponentielle depuis, surtout dans les domaines du financement avec Ulule, Kisskissbankbank ou Hellomerci, et de la consommation avec Ouicar, ou La ruche qui dit oui. Coté production, l’appel à projets national Fab Labs 2013 de Fleur Pellerin a permis de sélectionner 14 lieux de création collaborative, comme ICI à Montreuil, l’EcoLab à Nice, ou l’Usine à Paris. Tous vont monter en puissance dans les années à venir.
 
Qu’est ce qui explique cet engouement dans l’hexagone ?
 
La France a été rapide à adopter les réseaux sociaux et les nouvelles technologies, qui sont centraux pour mettre en relation les individus dans l’économie collaborative. On a aussi un réseau de grandes villes réparties sur un territoire assez dense, avec une tradition de solidarité et de débrouille. Surtout, les français ont compris qu’il ne fallait plus rien attendre d’« en haut » et ont envie de changement. Il y a un nombre de projets crowdfundés au niveau local incroyable, comme 1083, la marque de jean Made in France.

Vous sortez, avec neuf autres acteurs de l’économie collaborative, d’un petit déjeuner à Matignon. Le gouvernement a-t-il compris l’importance et la signification de ce nouveau modèle ?
 
Jean-Marc Ayrault m’a semblé sensible à ce qui se joue. La présence de Fleur Pellerin (ministre de l’Innovation numérique) et Benoit Hamon (ministre délégué à l’Économie sociale et solidaire) était significative, car l’économie collaborative est une dynamique à la croisée de l’innovation sociale et technologique. Je crois que ce gouvernement est en train de réaliser que l’entrepreneuriat peut-être une valeur de gauche et participer des transformations sociétales et environnementales.

Concrètement, ça se traduit comment ?
 
Il y a eu la loi sur l’ESS qui reconnaissait le statut d’entreprise sociale. Fleur Pellerin cherche à créer une économie collaborative et numérique à la française, notamment avec la Frenchtech. C’est intelligent, car je ne pense pas que la France soit condamnée à tenter de répliquer la Silicon Valey. Elle peut au contraire inventer son propre modèle. Les assises de l’entrepreneuriat vont se poursuivre et permettre une remise à plat juridique et fiscale de l’économie collaborative, avec un nouvel appel à projet. Enfin, il y a eu les avancées législatives sur le crowdfunding.

Justement, Fleur Pellerin veut que la France décroche la médaille d’or du crowdfunding. Est-ce que sa réforme récente est à la hauteur ?
 
Clairement. Plus généralement, toute l’action concrète de Fleur Pellerin, et le dynamisme qu’elle porte avec elle, sont à saluer. Elle a pris sa mission très au sérieux. C’est d’ailleurs elle qui nous a invité. Elle a plébiscité l’entrepreneuriat comme un moyen de créer des entreprises mais aussi de changer l’économie, d’avoir un impact social et environnemental positif. Les économies sociale et solidaire et collaborative sont de mieux en mieux reconnues. L’image de l’entrepreneur change.   
 
En cas de remaniement, elle doit donc garder sa place dans le gouvernement ?
 
Non : il faut qu’elle devienne ministre de l’Économie ! Avec sous elle un ministère de la transformation numérique des grandes entreprises et de l’économie collaborative. Rattacher le numérique à un seul ministère n’a plus de sens aujourd’hui. C’est une mutation profonde qui transforme tous les secteurs de la société.
 
À Paris, on entend Anne Hidalgo parler espaces de co-working, incubateurs de start-up, agriculture urbaine… Les deux candidates sont-elles à l’heure collaborative ?
 
Je ne veux pas me prononcer sur les discours, j’attends les actions concrètes. Hidalgo a déclaré vouloir faire décider 5% du budget de façon participative, ce qui est ambitieux. Nathalie Kosciuszko-Morizet s’exprime moins sur nos thématiques, mais je pense que c’est pour des raisons électorales. Elle a été ministre du numérique, elle a fait des choses intéressantes, elle peut comprendre ces sujets.
 
Le film « Global partage », dans lequel on vous suit dans un tour du monde de l’économie collaborative, sortira sur Canal + le 7 mai. Quel est votre sentiment après ce voyage ?

 
C’est un mouvement qui est mondial et permet à des Brésiliens d’étudier avec des profs de Harvard, à des New-yorkais de dormir à Paris, à des Italiens de financer leur projet grâce au crowdfunding. L’économie collaborative rapproche les cultures et les met en interconnexion. Mais je le redis : c’est en France qu’elle se développe le plus. Rendez-vous au Oui Share Fest, du 5 au 7 mai au Cabaret Sauvage, à Paris, pour le constater !   

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