Inventer  > Bertrand Piccard : « plus de 700 start-up écolo nous ont rejoint »

Written by 12 h 33 min Inventer • One Comment

Bertrand Piccard : « plus de 700 start-up écolo nous ont rejoint »

Présent lors du salon Viva Technology, l’explorateur suisse et pilote de l’avion électrique Solar Impulse fait le point pour We Demain sur l’avancement de son « Alliance mondiale pour des solutions efficientes ». Son objectif : accélérer la transition écologique en gagnant le soutien de l’industrie. Entretien.

Le 07/06/2018 par Jean-Jacques Valette
(Crédit : Solar Impulse)
(Crédit : Solar Impulse)
  • Vous annonciez en septembre dernier, dans le numéro 19 de la revue We Demain, le lancement de votre « Alliance mondiale pour des solutions efficientes ». Une organisation dont l’objectif est de labelliser 1 000 initiatives rentables et protectrices de l’environnement. Où en est on aujourd’hui ?

Bertrand Piccard : C’est un grand succès ! 731 projets nous ont déjà rejoints et 520 autres sont à l’étude. Nous lançons désormais le processus de labellisation, une analyse des projets par des experts indépendants issus de l’Union Européenne, de l’Ademe ou de grandes entreprises comme Air Liquide ou Engie. 

C’est la première fois qu’un label est créé pour prouver la rentabilité de solutions environnementales. Une idée répandue est que la protection de notre planète coûte cher … je veux démontrer le contraire, que cela peut rapporter. 

Pendant longtemps, on a opposé la société civile et  l’industrie dans la lutte contre le changement climatique. Je pense que c’est une illusion naïve de penser que l’on peut avoir un impact sans les inclure. D’où l’importance de parler leur langage et de mettre en avant l’emploi ou les richesses créés. 

  • N’y a t-il pas un risque que ces technologies engendrent un « effet rebond » et que l’impact écologique ne soit à la fin supérieur ? On le voit par exemple avec les objets connectés ou les LED qui sont bourrés de terres rares dont l’extraction est très polluante…

C’est une très bonne question. Pour moi, la croissance verte c’est remplacer ce qui est polluant par des solutions efficientes. Si nous ne le faisons pas et restons à technologie constante, nous subirons une augmentation exponentielle de notre consommation énergétique et donc de la pollution. En d’autres termes, le rebond existera de toute façon. 

Actuellement, 6,1 millions de personnes meurent chaque année à cause de la pollution de l’air… Mais on peut changer les choses, ce n’est pas une fatalité. En développant par exemple le stockage des énergies renouvelables, on peut lisser la consommation et baisser ainsi de 20 % les besoins de production électrique d’un pays. C’est énorme ! Il faut que chaque élément de la chaine s’imbrique dans les autres. 

  • Pouvez-vous nous citer trois exemples de technologies transformatives promues par votre Alliance ?

Bien sûr. Il y a par exemple la start-up française Net SAS qui installe des boitiers sur les moteurs de voitures thermiques. Cela fait baisser de 80 % le niveau de particules émises par le moteur et réduit de 20 % la consommation d’essence. Une telle solution est amortie en seulement 6 mois ! 

Une jeune pousse indienne a mis au point un ventilateur qui utilise le même moteur que Solar Impulse. Ce qui permet de baisser de 65 % la consommation. Ils ont déjà distribué 100 000 unités et évité 14,7 tonnes de CO2. 

Il y a aussi une entreprise mexicaine qui a conçu un système de stockage d’énergie à l’aide de poids en mouvement, grâce à un moteur électrique qui se transforme en alternateur. Une idée vraiment originale et efficace pour stocker l’énergie. 

  • Comment voyez-vous le monde dans 20 ans ?

Il y a deux possibilités. Soit l’humanité ne réagit pas et on subit toutes les conséquences du réchauffement climatique avec par exemple la montée des eaux, des famines ou des maladies tropicales en Europe. Soit on agit. Aujourd’hui, honnêtement, on ne sait pas qui va gagner. Tous ceux qui veulent unir leurs forces doivent s’impliquer pour faire pencher la balance. 

Lorsque que j’ai lancé le projet Solar Impulse, beaucoup d’ingénieurs m’ont dit qu’il ne pourrait jamais voler. Désormais, tout le secteur aéronautique investit dans l’électrification ! C’est ce type de dynamique que nous voulons désormais porter sur l’ensemble de l’industrie. 

À LIRE AUSSI : Bertrand Piccard : «  Mon nouveau défi après Solar Impulse  »

A lire aussi :

  • Nantes, le cap vert pour un nouveau mode de ville

    Nantes, le cap vert pour un nouveau mode de ville

    Nantes et sa métropole ont pris pour boussole la transition écologique. Avec la Loire et ses affluents en guise de guides, l’agglomération revisite les façons de construire, d’habiter, de manger, de bouger, de se distraire. Une métamorphose sous- tendue par son acceptabilité sociale.
  • Économie légère : 16 idées low-tech pour avancer dans le bon sens

    Économie légère : 16 idées low-tech pour avancer dans le bon sens

    Maisons isolées au chanvre, climatiseurs alternatifs, voitures poids plume, assainisseurs d’eau, réfrigérateurs passifs... La low-tech gagne du terrain pour accompagner la transition écologique. Encore faut-il donner à cette économie légère toutes ses chances pour en faire un axe central de développement. Heureusement, de bonnes volontés y travaillent.
  • Salon Produrable 2024 : l’économie circulaire comme boussole

    Salon Produrable 2024 : l’économie circulaire comme boussole

    Le salon Produrable revient les 9 et 10 octobre 2024 au Palais des Congrès à Paris. Véritable rendez-vous européen des acteurs de l’économie durable, cette 17e édition mettra en lumière des solutions concrètes pour construire un avenir plus respectueux de l'environnement et des ressources.