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Bienvenue à Woven City, la ville high-tech de Toyota

Toyota vient de lancer les travaux de construction de sa smart city, à Susono, au pied du Mont Fuji, au Japon. Elle prendra vie sur son ancien site de production, d’une surface de près de 710 000 m2.

Baptisée Woven City, “la ville tissée”, elle entend accueillir 2000 habitants, “une population hétérogène, composée de personnes âgées, familles avec jeunes enfants, etc”, a annoncé le service communication de Toyota, “pour expérimenter en situation réelle, évaluer et développer des technologies du futur comme les véhicules autonomes, la robotique, les smart homes”.

Inaugurée le 23 février, jour du Mont Fuji, symbole d’harmonie et de bonheur, la smart city de Toyota espère prouver que le progrès technologique peut servir la santé des hommes et de la planète. La smart city vise notamment la neutralité carbone. Avec ce projet Toyota promet aussi de garantir le « bonheur » de ses employés et de leur famille dans la durée.

Toyota partagera la gestion de sa smart city avec des entreprises partenaires, comme le géant télécom Nippon Telegraph & Telephon Corporation. Pour dessiner la ville, le cabinet d’architecture danois Bjarke Ingels Group (BIG), maître d’œuvre, s’est inspiré des « superblocks” de Barcelone, des blocs d’immeubles de 3×3.

Il a relié les pâtés de maisons – huit smart homes autour d’une cour végétalisée – par trois voies de circulation : un “sentier” pour les piétons et la faune, une “promenade” pour les deux roues, et une route pour les véhicules autonomes dédiés à la logistique de Woven City (ravitaillement, service de navettes, ambulances, etc.) Quelques uns des “sentiers” s’échapperont de la ville, couloirs écologiques reliant le Mont Fuji à la vallée de Susono.

A lire aussi : Singapour ou la lutte “exemplaire” d’une smart city contre le COVID-19

Frigos connectés, santé surveillée…

Le projet prévoit aussi des souterrains pour abriter l’infrastructure-réseau de la ville (réseau électrique alimenté par des batteries et des piles à hydrogène, réseau de filtration et de circulation des eaux fluviales, voies de transport de marchandise, infrastructure informatique).

Les “smart homes”, elles, mêlent high-tech (panneaux photovoltaïques, robotique à domicile) et composants traditionnels (menuiseries en bois massif traditionnelles et module tatami, l’unité de mesure des surfaces de l’habitat japonais, un tapis rembourré fait de jonc et de paille de riz).

Truffées de capteurs, les maisons intelligentes sont les maillons d’une gigantesque plateforme numérique « au service de tous » ; leurs données permettent de surveiller la santé des occupants, d’optimiser la distribution de l’eau et de l’électricité verte, le ramassage du linge sale pour les pressings, l’élimination des déchets et la livraison des courses, entièrement automatisées. Les frigos connectés communiquent eux-mêmes leur liste de courses aux épiceries, pour un approvisionnement à flux tendu, censé limiter le gaspillage à son maximum.

Les habitants, débarrassés des corvées chronophages, pourront s’adonner à la contemplation du Mont Fuji promet la firme, pendant que leurs enfants se divertiront de leurs joujoux hologrammes…

A lire aussi : Ville Minute, Comment les Suédois réinventent leur rue

« Se rassembler dans une smart city pour guérir »

Le modèle est intéressant, commente Emmanuel François, président de la smart building alliance (SBA), à condition qu’il soit également éthique, que les données ne deviennent pas propriété de groupes industriels, mais soient centralisées dans une sorte de coffre-fort, maintenu par un tiers de confiance nommé par une communauté missionnée pour contractualiser avec des opérateurs de services ; que la gouvernance ne soit pas “top down”, jacobine, mais “bottom up”, girondine, confiée à une communauté dotée d’une vision à long terme”. Ce n’est pas ce qui a été imaginé pour Woven City.

Si les travaux ont commencé, Toyota verrouille toute la communication sur le projet, et aucune date n’a été fixée pour la livraison de la ville ni l’arrivée des premières centaines d’habitants. Mais le président de la firme, petit-fils du fondateur, défend son rêve.

Aujourd’hui plus que jamais, je crois qu’en tant que société globale, nous devons nous rassembler pour guérir, grandir, apprendre, et créer de nouvelles possibilités pour notre avenir collectif, a déclaré Akio Toyoda, PDG de Toyota, le jour de l’inauguration. Je me rends compte que notre rêve est ambitieux. Je sais qu’il y a des sceptiques. Certains travaillent même pour Toyota ! Mais je sais aussi qu’il y a des croyants, des gens qui veulent faire une vraie différence dans notre façon de vivre, dans la façon dont nous prenons soin de notre planète, dans la façon dont nous prenons soin les uns des autres.” 

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