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Des masques transparents pour aider les personnes sourdes et malentendantes

En France, le port généralisé du masque handicape 300 000 personnes. Les sourds et malentendants ont en effet besoin de voir le visage de leur interlocuteur pour pouvoir lire sur leurs lèvres. Les prothèses auditives ne suffisent pas pour capter l’intégralité d’une conversation, et seule une part de la population entendante maîtrise la langue des signes.

Aux difficultés plus générales de la crise sanitaire s’ajoute donc un obstacle communicationnel pour tous les Français concernés. La Fédération nationale des sourds de France considère même que « les mesures prises pour le port généralisé des masques sont un obstacle majeur à l’inclusion sociale de plusieurs millions de personnes. »

Comment interagir avec les policiers en cas de contrôle ? Avec les caissiers et caissières ? Ou pire, avec les soignants en cas d’urgence ?

Les premiers concernés se mobilisent

Pour pallier ce problème, plusieurs associations, citoyens bénévoles et nouveaux entrepreneurs se sont lancés dans la fabrication de masques transparents.

À Toulouse, Anissa Mekrabech, 30 ans, a développé ses propres « masques inclusifs », dotés d’une partie transparente permettant de voir le visage de celui ou celle qui le porte. Appareillée depuis l’enfance, la jeune femme a compris que les masques seraient un handicap supplémentaire lors d’une visite à la pharmacie, en avril. Incapable de communiquer avec les praticiens, elle développe dans la foulée un prototype basé sur les critères du site de l’Afnor.

La Toulousaine a opté pour un financement participatif pour assurer l’homologation de ses masques et leur production. En deux mois de campagne, elle a recueilli 18 563 euros sur la plateforme GoFundMe. Depuis, ses masques ont été testés et jugés conformes par la Direction Générale de l’Armement. Garantis anti-buée et lavables 10 fois, ils sont aujourd’hui disponibles à l’achat sur son site internet.

À acheter, ou à fabriquer soi-même

À Brest, l’association Masques à Rade, fondée en avril, s’est aussi lancée dans la conception de masques transparents dans le courant du mois de mai.

Tout part d’une rencontre entre ses bénévoles, qui cousent alors des masques en tissu classiques pour les professionnels de santé, et une salariée de l’Urapeda (l’Union Régionale des Associations de Parents d’Enfants Déficients Auditifs) venue leur prêter une machine à coudre.

Celle-ci, interprète en langue des signes, témoigne au passage de ses difficultés à exercer son métier dans un environnement où tout le monde évolue désormais masqué. Mary Gourhant et Rozenn Fichou imaginent alors un masque complété d’une visière transparente. Après avoir testé plusieurs prototypes, les deux bénévoles penchent finalement pour un modèle dont l’ouverture de la production a été annoncée lundi 20 juillet.

L’association Main dans la main, qui regroupe sourds et entendants, a quant à elle pensé à ceux qui voudraient fabriquer eux-même leur masque inclusif : un patron est mis à la disposition de tous, sur simple demande. L’association fournit également un précieux conseil pour éviter que la « fenêtre » du masque ne s’embue, ce qui rendrait la lecture labiale impossible. Il suffit de la nettoyer à l’eau et au savon et de la laisser sécher à l’air libre avant de l’enfiler, tout simplement.

Apprendre la langue des signes

La Fédération nationale des sourds de France a annoncé dans un communiqué travailler étroitement avec le Comité Interministériel du Handicap (CIH) pour l’homologation de plusieurs types de masques transparents. Elle précise néanmoins que la lecture labiale ne permet de capter que 20 à 30 % des informations. Le reste est déduit du contexte, de la gestuelle et… des expressions faciales de l’interlocuteur, que les masques, même transparents, peuvent venir troubler.

La Fédération recommande plutôt à la population entendante d’apprendre les bases de la LSF, la langue des signes française. « L’inclusion sociale, conclut-elle, consiste à ce que chacun fasse un effort. »

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