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Pour rafraichir le climat, ces ingénieurs veulent bloquer la lumière du Soleil

Au Nouveau-Mexique, les géo-ingénieurs du projet Scopex envisagent d’injecter des particules en altitude, à la manière d’une éruption volcanique, pour atténuer la luminosité des rayons du soleil, et ainsi rafraichir le climat.

Le 12/02/2020 par Vincent Rondreux
(Crédit : John W. Tomac)
(Crédit : John W. Tomac)

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Imaginez un ballon qui s’élève à 20  km d’altitude pour lâcher des particules censées agir sur la lumière et la chimie de l’atmosphère. Objectif ultime : injecter des poussières dans la haute atmosphère afin d’atténuer la luminosité des rayons du Soleil sur la Terre. Science-fiction ? Non, l’expérience a bien été envisagée au Nouveau-Mexique par des géo-ingénieurs en 2019, mais aucune date n’a encore été dévoilée.
 
Cette « expérience de perturbation stratosphérique contrôlée » (Scopex) doit être menée par un chimiste et un physicien de l’université de Harvard (Massachusetts), Frank Keutsch et David Keith, sous la supervision d’un comité consultatif indépendant. D’un coût de 3  millions de dollars, elle est financée par des fondations privées et des milliardaires, notamment Bill Gates, dans le cadre d’un programme de recherche sur la gestion du rayonnement solaire.
 
L’ambition de Scopex est de rafraîchir le climat à la manière d’une grosse éruption volcanique en injectant des aérosols, de la pollution en somme. Après avoir pensé au soufre, l’équipe envisage de libérer de petits panaches de carbonate de calcium. Mais ce n’est qu’un début. Car, selon les climatologues, la seule façon de connaître les effets d’une action sur le climat est de la déployer à vaste échelle, sur plusieurs décennies. Or dans le cas de ces injections de particules dans la stratosphère, les travaux de modélisation laissent présager d’importants dégâts collatéraux  : sécheresses en Afrique, perturbation des moussons en Asie… 

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Menace sur la couche d’ozone

Olivier Boucher, directeur de recherche au CNRS, travaille entre autres sur la géo-­ingénierie. Il estime qu’il faudrait « injecter de l’ordre de 3  millions de tonnes de soufre par an pour refroidir d’un degré » l’atmosphère. Il faudrait également que ces injections soient permanentes. Car les aérosols, comme le soufre et le carbonate de calcium, possèdent des durées de vie dans l’atmosphère bien plus courtes que les gaz à effet de serre. Risque supplémentaire : les particules injectées dans la stratosphère pourraient attaquer la couche d’ozone.

Dès août  2019, environ 40 fondations et ONG ont signé une lettre ouverte adressée aux huit membres du comité consultatif du projet Scopex pour leur demander de retirer leur participation. De précédentes tentatives d’injection de particules dans la stratosphère, comme le projet Spice au Royaume-Uni en 2011, ont déjà été annulées devant le tollé provoqué.

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