Inventer

Pour rafraichir le climat, ces ingénieurs veulent bloquer la lumière du Soleil

Retrouvez d’autres projets de manipulation du climat dans la revue We Demain n°29disponible sur notre boutique en ligne  et en kiosque à partir du 14 février 

La science peut-elle sauver le climat ? Le climatologue et glaciologue Jean Jouzel tentera de répondre à la question lors de notre prochaine soirée-débat #UnVerreAvec, le 19 février. 
Plus d’informations ICI

Imaginez un ballon qui s’élève à 20  km d’altitude pour lâcher des particules censées agir sur la lumière et la chimie de l’atmosphère. Objectif ultime : injecter des poussières dans la haute atmosphère afin d’atténuer la luminosité des rayons du Soleil sur la Terre. Science-fiction ? Non, l’expérience a bien été envisagée au Nouveau-Mexique par des géo-ingénieurs en 2019, mais aucune date n’a encore été dévoilée.
 
Cette « expérience de perturbation stratosphérique contrôlée » (Scopex) doit être menée par un chimiste et un physicien de l’université de Harvard (Massachusetts), Frank Keutsch et David Keith, sous la supervision d’un comité consultatif indépendant. D’un coût de 3  millions de dollars, elle est financée par des fondations privées et des milliardaires, notamment Bill Gates, dans le cadre d’un programme de recherche sur la gestion du rayonnement solaire.
 
L’ambition de Scopex est de rafraîchir le climat à la manière d’une grosse éruption volcanique en injectant des aérosols, de la pollution en somme. Après avoir pensé au soufre, l’équipe envisage de libérer de petits panaches de carbonate de calcium. Mais ce n’est qu’un début. Car, selon les climatologues, la seule façon de connaître les effets d’une action sur le climat est de la déployer à vaste échelle, sur plusieurs décennies. Or dans le cas de ces injections de particules dans la stratosphère, les travaux de modélisation laissent présager d’importants dégâts collatéraux  : sécheresses en Afrique, perturbation des moussons en Asie… 

À lire aussi : La science peut-elle sauver le climat ?

Menace sur la couche d’ozone

Olivier Boucher, directeur de recherche au CNRS, travaille entre autres sur la géo-­ingénierie. Il estime qu’il faudrait « injecter de l’ordre de 3  millions de tonnes de soufre par an pour refroidir d’un degré » l’atmosphère. Il faudrait également que ces injections soient permanentes. Car les aérosols, comme le soufre et le carbonate de calcium, possèdent des durées de vie dans l’atmosphère bien plus courtes que les gaz à effet de serre. Risque supplémentaire : les particules injectées dans la stratosphère pourraient attaquer la couche d’ozone.

Dès août  2019, environ 40 fondations et ONG ont signé une lettre ouverte adressée aux huit membres du comité consultatif du projet Scopex pour leur demander de retirer leur participation. De précédentes tentatives d’injection de particules dans la stratosphère, comme le projet Spice au Royaume-Uni en 2011, ont déjà été annulées devant le tollé provoqué.

Retrouvez notre grand dossier « La science peut-elle sauver le climat ? » dans la revue We Demain n°29disponible sur notre boutique en ligne et en kiosque à partir du 14 février 

Recent Posts

  • Découvrir

Mont Saint-Michel : un délicat équilibre entre biodiversité et tourisme

REPORTAGE - Avec 3 millions de visiteurs par an, le Mont Saint-Michel est particulièrement prisé…

20 heures ago
  • Partager

Veja, Circle Sportswear, Salomon… comment courir vers un futur durable

Courir écolo ? Des fabricants de baskets s'engagent. Des marques comme Veja, Salomon, et Circle…

1 jour ago
  • Ralentir

Double peine : face au réchauffement climatique, les plus défavorisés sont aussi les plus exposés

Face à l'escalade du changement climatique, une étude récente en France métropolitaine révèle les effets…

2 jours ago
  • Déchiffrer

Pornographie générée par l’IA : impacts et implications, entre innovation et controverses

L’intelligence artificielle révolutionne de nombreux secteurs, y compris celui de la pornographie. Cela soulève des…

3 jours ago
  • Découvrir

Prix Entreprendre pour demain 2024 : la Fondation Sopra Steria honore Glaaster

L'IA au service des dyslexiques. L'application Glaaster, imaginée par deux étudiants, a été honorée par…

4 jours ago
  • Non classé

Chaud devant : d’ici 2050, ces régions seront inhabitables selon la NASA

À cause du réchauffement climatique, certaines régions seront devenues totalement hostiles pour l'être humain d'ici…

5 jours ago