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Valve, ce studio de jeux vidéo qui veut « disrupter » Microsoft

Sony et Nintendo, c’est du passé. L’avenir est à la réalité virtuelle et à la télé connectée. Et si Microsoft semble armé pour dominer votre salon, il pourrait voir son modèle dynamité par Valve, un studio indépendant américain.

Le 13/03/2015 par WeDemain
Sony et Nintendo, c'est du passé. L'avenir est à la réalité virtuelle et à la télé connectée. Et si Microsoft semble armé pour dominer votre salon, il pourrait voir son modèle dynamité par Valve, un studio indépendant américain.
Sony et Nintendo, c'est du passé. L'avenir est à la réalité virtuelle et à la télé connectée. Et si Microsoft semble armé pour dominer votre salon, il pourrait voir son modèle dynamité par Valve, un studio indépendant américain.

Quel est le point commun entre les géants Microsoft, Apple, Google, Amazon, Samsung, Sony et Valve ? Toutes ces entreprises développent à la fois leurs services en ligne, du matériel informatique et leurs propres systèmes d’exploitation (OS). Car si hier, on pouvait faire une distinction entre fabricants de hardware et de software, cette limite est aujourd’hui bien floue. Le prochain champ de bataille de la lutte sans merci entre ces acteurs ? Votre salon, notamment à travers la conquête de la « smart TV » et les prochains casques de réalité virtuelle , dont une dizaine de modèles devraient sortir d’ici Noël.

Le 9 mars, Valve a annoncé lors de la Game Developper Conference, la sortie prochaine d’un nouveau casque, le « HTC Vive », ainsi qu’une nouvelle gamme de consoles sous licence, les « Steam machines ». Cette nouvelle pourrait paraître anecdotique. Pourtant, elle illustre un puissant mouvement de disruption dans l’industrie du jeu.

Valve, à l’origine, est un studio de jeu vidéo connu pour son titre Half-Life, paru en 1998. En 2003, dans la foulée de la sortie de Half-Life 2, Valve créé Steam. Ce logiciel est aujourd’hui l’ « iTunes » du jeu vidéo : une plate-forme en ligne qui a remplacé du jour au lendemain la vente physique de jeux PC et capté 90 % du marché (125 millions de joueurs actifs à ce jour).

Si le service dématérialisé est plébiscité, c’est qu’il offre à la fois une très bonne rémunération pour les développeurs (70 % du prix du jeu, contre 30 % sur console) et des prix très attractifs pour les joueurs. Valve est aussi connu pour rendre public le code source de ses jeux, ce qui a permis le succès de nombreux développeurs indépendants (Counter Strike, Portal, Left 4 Dead…).

CHUTE DES VENTES DE PC

Lorsqu’à la fin 2012, Microsoft sort Windows 8, Valve prend peur : ce nouveau système déplaît aux usagers, provoquant une chute de 20 % des ventes de PC, soit autant de consommateurs en moins pour Steam. Mais surtout, Microsoft y installe par défaut sa propre plate-forme de téléchargement de jeux, Xbox Live, qui, comme son nom l’indique, vise à bâtir un pont entre la console Xbox de Microsoft (10 millions de joueurs) et son système d’exploitation. De même, Windows bataille pour imposer son standard de programmation DirectX, qui empêche l’utilisation des jeux sur d’autres plateformes, alors que Valve milite pour le standard libre OpenGL. Le PDG de Valve, Gabe Newell, ira jusqu’à lâcher publiquement que « Windows 8 est une catastrophe pour toute l’industrie ». 

En guise de riposte, Valve commence dès lors à porter tout son catalogue de jeux sur un autre système d’exploitation : Linux. Une tâche titanesque et un pari osé quand on sait que seulement 1 % des ordinateurs personnels utilisent Linux. Le studio américain fait un pari stratégique sur l’avenir, développant en parallèle son propre système d’exploitation : SteamOS. Comme tout système bâti sur le modèle ouvert de Linux, il peut remplacer Windows sur votre ordinateur et être amélioré par la communauté.

Mais ce n’est pas tant son but que celui d’être associé à une nouvelle génération de consoles qui transformeront votre télévision en ordinateur (ou remplaceront ce dernier). Une quinzaine de modèles de ces consoles Steam Machine seront mises sur le marché d’ici Noël, fabriquées par autant de constructeurs (AlienWare, Asus, Gigabyte…).

À la manière d’Android et son immense magasin d’applications, l’idée est que le joueur préférera une Steam Machine à une console concurrente pour son plus grand catalogue de jeux (4 500 à ce jour). Et si vous possédez déjà un ordinateur, même pas besoin de console ! Vous pourrez utiliser sa puissance de calcul à distance et afficher vos jeux sur votre télévision grâce à une clé HDMI baptisée SteamLink.

ANDROID, LE TROISIEME CAVALIER

Si l’issue de la bataille du jeu vidéo reste incertaine, il est clair que l’avenir se dessine sous le signe de l’intégration. Un même système d’exploitation régnera sur tout un écosystème : télévision, ordinateur, console, catalogue d’applications et périphériques (manette, casque VR, reconnaissance gestuelle et vocale…).

Microsoft est très bien positionné sur ce secteur avec Windows, la console Xbox avec son système Kinect, et son casque HoloLens . Si Sony, de son côté, développe le casque Morpheus, il reste très en retard sur les autres tableaux. Et c’est encore pire pour Nintendo. Le seul autre véritable challenger semble être le système d’exploitation Android de Google. Celui-ci est déjà présent dans des casques de réalité virtuelle (Google Cardboard, Samsung Gear…), des consoles (Ouya), des télévisions (AndroidTV, Chromecast), des tablettes, et possède un catalogue de jeux conséquent, quoique encore trop adapté aux petits écrans des téléphones.

Il est à ce stade très difficile de savoir qui arrivera à terme à imposer son standard. D’autant plus, dans un monde où un marchand de livres en ligne développe des téléphones et où un moteur de recherche conçoit des voitures autonomes. La montée en puissance de Valve, passé en quelques années du statut de studio indépendant à celui de plateforme hégémonique, n’en est qu’une illustration.

Jean-Jacques Valette
Journaliste à We Demain

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