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Written by 13 h 00 min Les récits de nos lecteurs

« À la Muni International School, en Inde, nous travaillons à former des êtres humains »

RÉCIT. Par Héléna Hugot, fondatrice de l’association Les Petits Plus, partie à la visite des écoles et crèches alternatives en Asie du Sud et Sud-Est.

Le 30/08/2016 par WeDemain
RÉCIT. Par Héléna Hugot, fondatrice de l’association Les Petits Plus, partie à la visite des écoles et crèches alternatives en Asie du Sud et Sud-Est.
RÉCIT. Par Héléna Hugot, fondatrice de l’association Les Petits Plus, partie à la visite des écoles et crèches alternatives en Asie du Sud et Sud-Est.

Dans le cadre de la création de l’école des parents et des enfants à Lyon, Héléna Hugot, fondatrice de l’association Les Petits Plus, est partie à la rencontre des acteurs du changement en Asie. Pour We Demain, elle relate sa visite de la Muni International School, à New Delhi en Inde.
 

« Je travaille à former des « êtres humains », non des docteurs ou des pilotes. Aujourd’hui, avoir un métier ne veut plus rien dire. On peut tout à fait changer de métier. En revanche, on ne peut pas changer de comportement. Si un enfant n’est pas doué d’empathie, il ne pourra que difficilement décider de le devenir. »

C’est sur ces mots étonnants que m’accueille Ashok Thakur, fondateur de la Muni International School, à New Delhi en Inde, dans son bureau sans porte constamment fréquenté, sous une chaleur déroutante. La Muni International School est une école de 725 élèves dans un quartier pauvre de New Delhi, où les enfants apprennent tant la démocratie qu’apprendre à savoir vivre ensemble.
 

« Nous préparons les enfants à la société. Nous n’avons pas qu’un rôle éducatif. Il est grand temps que nos gouvernements comprennent que l’éducation doit préparer à la vie. »

Prendre soin de son corps et de son esprit

Cette école fait partie des écoles détectées par Ashoka, le mouvement mondial d’entrepreneurs sociaux au service des « changemaker schools » dans le monde.
 

« Ici, on apprend tant à prendre soin du corps (par la médecine traditionnelle notamment) que prendre soin de son esprit. On apprend à penser, et à savoir communiquer avec l’autre, notamment en anglais, japonais ou encore français. »

La méthodologie de l’école est la même pour l’ensemble du corps enseignant et repose sur des valeurs affichées dans chaque salle de classe. Les élèves les récitent par cœur et se corrigent les uns les autres dès qu’il y a manquement à la règle.

MUNI INTERNATIONAL SCHOOL from Les Petits Plus on Vimeo.

L’objectif des cours, en plus du curriculum préconisé par le gouvernement, est le suivant : comment devenir un leader, comment travailler en équipe, savoir prendre des décisions, savoir négocier, comment résoudre un conflit, etc.

Cette école de la vie s’appuie sur la vie elle-même, à l’instar de cette ligne droite dessinée sur le sol, que les enfants n’ont pas le droit de franchir, symbolisant une route à deux voies, pour sensibiliser les enfants au code de la route, inappliqué en Inde.

Au cœur de la pédagogie de cette école : le système dit « Eklavya », autrement dit l’application concrète d’un savoir au service de l’innovation. Toute initiative est encouragée et l’objectif ultime de l’école est de détecter en chaque enfant son ou ses talents, au service d’une future innovation, pour résoudre les défis de demain.

Auto-évaluation et égalité sociale

Ashok Thakur affiche aussi clairement les règles « Bully-free Classroom » (Classe sans intimidation, en français) : les élèves sont là pour travailler ensemble, non pour se mettre la pression ou se critiquer.

Seul l’élève est en charge de son évaluation via le système « Am I able ? » (Suis-je capable ?). L’auto-discipline et le recul sur soi font partie des pierres fondatrices d’un être humain « qui sait où il va » selon Ashok Thakur. Cette école étonnante fonctionne avec très peu de moyens, sous une chaleur où il demeure toutefois très difficile de travailler.

Les élèves du secondaire troquent leurs photocopies contre une tablette et chacun dispose d’une paire d’uniformes pour créer l’unité. Les religions et le système des castes y sont prohibés :
 

« Nous ne prenons que des étudiants, pas des intouchables ou des musulmans. Simplement des étudiants, indépendamment de leur vécu social », sourit Ashok Thakur.

Ce qui n’empêche pas la collaboration avec un travailleur social, qui a élu domicile au sein de l’école pour faire le lien famille-école et détecter toute situation difficile à la maison.

Futurs leaders

En parallèle, les élèves ont pour mission d’agir dans leur quartier, en prenant en charge une problématique vécue par leurs voisins, environnementale ou sociale.

Ashok Shakur terminera cette immersion par ces mots : « Évidemment, le changement prend du temps…mais qui sait, peut-être qu’un jour, vous aurez besoin de nos futurs leaders pour trouver des solutions aux problèmes terroristes que vous vivez actuellement… »

Héléna Hugot.
 

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