Partager la publication "“À la Muni International School, en Inde, nous travaillons à former des êtres humains”"
“Je travaille à former des “êtres humains”, non des docteurs ou des pilotes. Aujourd’hui, avoir un métier ne veut plus rien dire. On peut tout à fait changer de métier. En revanche, on ne peut pas changer de comportement. Si un enfant n’est pas doué d’empathie, il ne pourra que difficilement décider de le devenir.”
C’est sur ces mots étonnants que m’accueille Ashok Thakur, fondateur de la Muni International School, à New Delhi en Inde, dans son bureau sans porte constamment fréquenté, sous une chaleur déroutante. La Muni International School est une école de 725 élèves dans un quartier pauvre de New Delhi, où les enfants apprennent tant la démocratie qu’apprendre à savoir vivre ensemble.
“Nous préparons les enfants à la société. Nous n’avons pas qu’un rôle éducatif. Il est grand temps que nos gouvernements comprennent que l’éducation doit préparer à la vie.”
Prendre soin de son corps et de son esprit
“Ici, on apprend tant à prendre soin du corps (par la médecine traditionnelle notamment) que prendre soin de son esprit. On apprend à penser, et à savoir communiquer avec l’autre, notamment en anglais, japonais ou encore français.”
La méthodologie de l’école est la même pour l’ensemble du corps enseignant et repose sur des valeurs affichées dans chaque salle de classe. Les élèves les récitent par cœur et se corrigent les uns les autres dès qu’il y a manquement à la règle.
MUNI INTERNATIONAL SCHOOL from Les Petits Plus on Vimeo.
Cette école de la vie s’appuie sur la vie elle-même, à l’instar de cette ligne droite dessinée sur le sol, que les enfants n’ont pas le droit de franchir, symbolisant une route à deux voies, pour sensibiliser les enfants au code de la route, inappliqué en Inde.
Au cœur de la pédagogie de cette école : le système dit “Eklavya”, autrement dit l’application concrète d’un savoir au service de l’innovation. Toute initiative est encouragée et l’objectif ultime de l’école est de détecter en chaque enfant son ou ses talents, au service d’une future innovation, pour résoudre les défis de demain.
Auto-évaluation et égalité sociale
Seul l’élève est en charge de son évaluation via le système “Am I able ?” (Suis-je capable ?). L’auto-discipline et le recul sur soi font partie des pierres fondatrices d’un être humain “qui sait où il va” selon Ashok Thakur. Cette école étonnante fonctionne avec très peu de moyens, sous une chaleur où il demeure toutefois très difficile de travailler.
Les élèves du secondaire troquent leurs photocopies contre une tablette et chacun dispose d’une paire d’uniformes pour créer l’unité. Les religions et le système des castes y sont prohibés :
“Nous ne prenons que des étudiants, pas des intouchables ou des musulmans. Simplement des étudiants, indépendamment de leur vécu social”, sourit Ashok Thakur.
Ce qui n’empêche pas la collaboration avec un travailleur social, qui a élu domicile au sein de l’école pour faire le lien famille-école et détecter toute situation difficile à la maison.
Futurs leaders
Ashok Shakur terminera cette immersion par ces mots : “Évidemment, le changement prend du temps…mais qui sait, peut-être qu’un jour, vous aurez besoin de nos futurs leaders pour trouver des solutions aux problèmes terroristes que vous vivez actuellement…”
Héléna Hugot.