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« Innover, c’est 1% d’inspiration et 99% de transpiration »

Par Maguelone, Yoon-Joo, Alexandre et Simon, étudiants à l’EDHEC Lille, actuellement en année de césure à Kampala (Ouganda).

Le 10/04/2015 par WeDemain
Par Maguelone, Yoon-Joo, Alexandre et Simon, étudiants à l'EDHEC Lille, actuellement en année de césure à Kampala (Ouganda).
Par Maguelone, Yoon-Joo, Alexandre et Simon, étudiants à l'EDHEC Lille, actuellement en année de césure à Kampala (Ouganda).

ÉPISODE 4. Au lieu d’opter pour un stage classique en parallèle de leur école de commerce, nos quatre contributeurs sont partis en Ouganda pour aider au développement de modèles économiques à fort impact social. Dans leur quatrième billet, ils questionnent la notion d’innovation.

Kampala, le 26 mars 2015,  

Lors d’un repas regroupant des acteurs du « green business » à Kampala, nous avons découvert un four d’un nouveau genre. Sa particularité : il convertit la chaleur de la combustion en énergie électrique. Ses utilisateurs peuvent, par exemple, cuisiner en rechargeant leur téléphone portable. Alimenter la batterie de son mobile avant de s’alimenter soi-même : l’invention est intéressante. Pourtant, son utilité pose question. Le four permet certes à ses utilisateurs d’économiser l’argent et l’énergie habituellement dépensés pour la recharge de leur portable. Mais l’expérience a démontré que l’outil n’est pas adapté aux populations locales.

CONSÉQUENCES NÉFASTES

Car pour recharger son téléphone, même faiblement, il faut un temps de cuisson plus long que d’habitude. Ce qui incite les Ougandais à consommer plus de bois, avec des conséquences néfastes sur l’environnement.

Nous réalisons ainsi que certaines solutions présentées comme « innovantes » ne le sont pas forcément, une fois adoptées par les consommateurs. Un projet décrit comme ayant un « fort impact social » n’est pas nécessairement une « rupture » technologique. Voilà qui remet en cause la vision que nous nous en étions forgée à l’école…

SOLUTIONS PRAGMATIQUES

Mais alors, que sont les projets les plus efficaces ? Ceux qui correspondent au contexte et aux besoins d’un public, assurément. C’est en les analysant au préalable que l’on trouve les solutions les plus pragmatiques, donc financièrement abordables et accessibles par la population. Le plus souvent, les grandes innovations résident alors dans les choses simples. 

Le succès d’une entreprise sociale dépend donc de sa capacité à s’organiser de manière agile, réactive, à l’écoute des communautés qu’elle aspire à soutenir. Innover, c’est d’abord savoir s’adapter à des infrastructures, des modes de consommation et des matériaux différents des nôtres.
 

LA FORMULE EFFICACE

C’est ce que s’attache à faire Green Bio Energy (GBE), l’entreprise que nous accompagnons en Ouganda. Premièrement, GBE produit uniquement localement pour éviter les problèmes liés aux transports des produits. Ensuite, elle a tissé un réseau autour de micro entrepreneurs locaux (les B-Points), ce qui lui permet de mettre en place une relation de proximité avec le client. Enfin, la production des briquettes et des fours de GBE repose sur un système de recyclage de déchets organiques locaux comme les peaux de bananes ou les sciures de bois.

En école de commerce, nous avions certes appris que l’innovation, c’est non seulement l’invention, mais aussi l’implémentation, c’est-à-dire la diffusion de cette invention sur le marché. Mais lors de nos études, le dosage de ce mélange ne nous a pas été spécifié. C’est seulement ici, sur le terrain, que nous avons compris que la formule efficace mêle 1 % d’inspiration et 99 % de transpiration, au plus proche des communautés.

Et pour (re)lire les précédents volets de notre aventure en Ouganda, c’est par ici -> Épisode 1  / Épisode 2  / Épisode 3

 

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