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À Honolulu, on transforme de vieux bus en logements pour SDF

Au lieu de détruire 70 anciens bus municipaux, la capitale de Hawaï a décidé d’en faire des habitations pour sans-abri. Sanitaires, centres d’accueil et dortoirs sont actuellement installés par des bénévoles.

Le 19/06/2015 par WeDemain
Au lieu de détruire 70 anciens bus municipaux, la capitale de Hawaï a décidé d'en faire des habitations pour sans-abri. Sanitaires, centres d'accueil et dortoirs sont actuellement installés par des bénévoles.
Au lieu de détruire 70 anciens bus municipaux, la capitale de Hawaï a décidé d'en faire des habitations pour sans-abri. Sanitaires, centres d'accueil et dortoirs sont actuellement installés par des bénévoles.

Pour éloigner les SDF des centres-ville, de nombreuses municipalités ne lésinent pas sur les moyens : mobilier urbain anti-sans-abri, répulsifs nauséabonds, suppression de toilettes publiques, arrêtés anti-mendicité masqués : interdiction de la consommation d’alcool, arrosages automatiques, surfaces inclinées…

À Hawaï, Honolulu n’échappe pas à ce mouvement. Après que le conseil municipal, en septembre, a adopté une mesure interdisant aux SDF de se soulager sur les trottoirs du quartier touristique de Waikiki, un comité a tout bonnement suggéré l’exil forcé de 4 700 sans-abri sur une île isolée. Une initiative menée sous la pression de l’industrie du tourisme.

En réponse à ce mouvement d’éloignement des SDF, Jun Yang, un fonctionnaire chargé du logement à la municipalité d’Honolulu, a annoncé début juin un projet de réaménagement de vieux bus municipaux. Transformés en habitations alternatives aux centres d’accueil et autres logements sociaux surchargés, ils seront disséminés dans plusieurs quartiers de la ville.

Pour conduire ce projet, le fonctionnaire s’est inspiré de l’association Lava Mae , à San Francisco, qui a mis en place un bus mobile transformé en sanitaires. À Honolulu, ce n’est pas un, mais 70 bus offerts par le ministère des Transports de l’État d’Hawaï qui vont être réaménagés, grâce à l’aide des architectes du cabinet Group 70 International .

« Ces bus auraient continué à fonctionner malgré leur ancienneté, et après, on les aurait de toute façon détruits », explique Jun Yang.
Cinq véhicules ont déjà été réaménagés par le cabinet Group 70 International, dont l’ambition est d’en rendre deux opérationnels dès cet été, et trois autres d’ici la fin de l’année. Si leur design intérieur, inspiré des meubles Ikea, a été dessiné par ces architectes, ce sont des bénévoles qui ont pris en charge la transformation des bus, avec l’aide de menuisiers volontaires. Un mode opératoire qui permet de construire, rapidement et à bas coût, des habitations confortables et pratiques.

« Nous avons conçu les plans des “abri-bus” de telle façon qu’ils soient simples à réaménager pour des personnes non formées, ce qui permet de soulager plus rapidement les personnes qui en ont besoin », explique au site d’information Hawaii News Now Ma Ry Kim, responsable du design.
Alors que certains bus sont transformés en dortoirs équipés de quatre à huit lits repliables – afin de libérer de l’espace en journée -, d’autres bus abritent des douches ou des toilettes. La conception de ces derniers représente le plus grand défi financier et administratif : il est plus facile de transformer un bus en dortoir qu’en sanitaires, ce qui nécessite notamment de le relier au réseau d’alimentation en eau et au système d’évacuation. Ces   »bus-abris » doivent aussi être dotés de l’air conditionné : une opération pour laquelle l’équipe est encore en recherche de financement.

Bien qu’ambitieux et complexe, le projet reçoit l’aide de nombreux bénévoles. Jun Yang s’en félicite. Selon lui, il génère une émulation écologique et artistique :
 
« Nos “bus-abris” sont recyclés de façon écologique, et les meubles utilisés sont fabriqués dans des matériaux organiques. Lorsque nous avons commencé, nous n’aurions jamais cru qu’autant de personnes auraient envie de nous aider. » 
L’équipe chargée du projet ne compte pas s’arrêter là. Des unités d’accueil et de soins des personnes atteintes de toxicomanie ou de maladies mentales sont également en projet, ainsi que des « bus-abris » acceptant les animaux de compagnie, fréquemment interdits dans les structures d’hébergement précaires.

Ces lieux d’accueil et de repos devraient offrir aux sans-abri d’Honolulu, dont le nombre est en hausse , une étape de transition entre la rue et un logement décent. Le tout, dans un environnement plus humain que celui des logements que de nombreuses villes improvisent dans des conteneurs.

Lara Charmeil
Journaliste à We Demain
@LaraCharmeil

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