Partager la publication "António Guterres : « Nous sommes sur une autoroute vers l’enfer climatique, avec le pied toujours sur l’accélérateur »"
« Dans quelques jours, la population de notre planète franchira un nouveau seuil. Le 8 milliardième membre de notre famille humaine va naître. Cette étape importante met en perspective l’objet de cette conférence sur le climat. Comment répondrons-nous quand « Bébé 8 milliards » sera assez vieux pour demander : ‘Qu’avez-vous fait pour notre monde – et pour notre planète – lorsque vous en avez eu l’occasion ?' », a déclaré António Guterres, le Secrétaire général des Nations Unies, ce lundi 7 novembre dans le cadre de la COP27.
Et d’enchaîner, pessimiste : « Cette Conférence des Nations Unies sur le climat nous rappelle que la réponse est entre nos mains. Et que l’horloge tourne. Nous nous battons pour nos vies. Et nous perdons. » Émissions de gaz à effet de serre qui ne cessent d’augmenter, températures qui s’élèvent… « Notre planète approche à grands pas de points de basculement qui rendront le chaos climatique irréversible. Nous sommes sur une autoroute vers l’enfer climatique, avec le pied toujours sur l’accélérateur. »
Rester focaliser sur le changement climatique malgré les conflits
« La guerre en Ukraine, ainsi que d’autres conflits, ont causé tant d’effusions de sang et de violence et ont eu des répercussions dramatiques partout dans le monde. Mais nous ne pouvons pas accepter que notre attention ne soit pas focalisée sur le changement climatique. Nous devons bien sûr travailler ensemble pour soutenir les efforts de paix et mettre fin aux terribles souffrances. Mais le changement climatique se situe à une autre échelle de temps et à une autre échelle. C’est la question déterminante de notre époque. C’est le défi central de notre siècle. »
Le Secrétaine des Nations Unies a ensuite rappelé ce que les scientifiques ne cessent de répéter : « L’activité humaine est la cause du problème climatique. L’action humaine doit donc être la solution. La science est claire : tout espoir de limiter la hausse de la température à 1,5 degré signifie atteindre zéro émission mondiale nette d’ici 2050. Mais cet objectif de 1,5 degré est sous assistance respiratoire – et cette machine a des ratés. Nous nous rapprochons dangereusement du point de non-retour. Et pour éviter ce sort désastreux, tous les pays du G20 doivent accélérer leur transition maintenant – au cours de cette décennie. Les pays développés doivent montrer l’exemple. »
« Nous nous rapprochons dangereusement du point de non-retour.«
António Guterres à la COP27.
Un appel à un pacte de solidarité climatique entre pays développés et émergents
En ce début de quinzaine de COP27, qui peine à être crédible, António Guterres est ambitieux : « j’appelle à un pacte historique entre économies développées et émergentes, un pacte de solidarité climatique. Un pacte dans lequel tous les pays font un effort supplémentaire pour réduire les émissions cette décennie conformément à l’objectif de 1,5 degré. Un pacte dans lequel les pays les plus riches et les institutions financières internationales fournissent une assistance financière et technique pour aider les économies émergentes à accélérer leur propre transition vers les énergies renouvelables. »
Il souhaite que la dépendance aux combustibles fossiles et que la construction de nouvelles centrales au charbon s’arrêtent. Et que tout soit mis en œuvre pour créer une énergie universelle, abordable et durable pour tous. De l’énergie renouvelable au profit de l’humanité. « Les deux plus grandes économies – les États-Unis et la Chine – ont la responsabilité particulière d’unir leurs efforts pour faire de ce pacte une réalité. C’est notre seul espoir d’atteindre nos objectifs climatiques. L’humanité a le choix : coopérer ou périr. Il s’agit soit d’un pacte de solidarité climatique, soit d’un pacte de suicide collectif. »
« Il s’agit soit d’un pacte de solidarité climatique, soit d’un pacte de suicide collectif. »
António Guterres à la COP27.
La question financière au centre de la COP27
À Glasgow, lors de la COP26 en 2021, les pays développés ont promis de doubler leur soutien à l’adaptation pour atteindre 40 milliards de dollars par an d’ici 2025. « Nous avons besoin d’une feuille de route sur la manière dont cela sera mis en œuvre. Et nous devons reconnaître qu’il ne s’agit que d’une première étape. Les besoins en matière d’adaptation devraient dépasser les 300 milliards de dollars par an d’ici 2030. La moitié du financement climatique doit être consacrée à l’adaptation. »
« Les impacts mortels du changement climatique sont ici et maintenant. Les pertes et les dommages ne peuvent plus être cachés sous le tapis. C’est un impératif moral. C’est une question fondamentale de solidarité internationale — et de justice climatique. Ceux qui ont le moins contribué à la crise climatique récoltent la tempête semée par les autres. Beaucoup sont pris au dépourvu par des impacts pour lesquels ils n’avaient aucun avertissement ou moyen de préparation. C’est pourquoi je demande une couverture universelle des systèmes d’alerte précoce d’ici cinq ans. »
« Ceux qui ont le moins contribué à la crise climatique récoltent la tempête semée par les autres. C’est pourquoi je demande une couverture universelle des systèmes d’alerte précoce d’ici cinq ans. »
António Guterres à la COP27.
Un appel à taxer les bénéfices exceptionnels des entreprises de combustibles fossiles
Dans son allocution, le Secrétaire général des Nations Unies n’y est pas allé par quatre chemins et a demandé « à tous les gouvernements de taxer les bénéfices exceptionnels des entreprises de combustibles fossiles. Réorientons cet argent vers les personnes aux prises avec la hausse des prix des denrées alimentaires et de l’énergie et vers les pays qui subissent des pertes et des dommages causés par la crise climatique. » Une taxe sur les superprofits qu’Emmanuel Macron avait écartée début septembre dernier. Changera-t-il d’avis après cette allocution ?
« En ce qui concerne les pertes et les dommages, cette COP doit convenir d’une feuille de route claire et assortie de délais reflétant l’ampleur et l’urgence du défi. Cette feuille de route doit fournir des arrangements institutionnels efficaces pour le financement. Obtenir des résultats concrets sur les pertes et dommages est un test décisif de l’engagement des gouvernements pour le succès de la COP27. »
« Une fenêtre d’opportunité reste ouverte, mais il ne reste qu’un étroit rayon de lumière. »
Pointant du doigt le fait que les pays savent quoi faire et qu’ils ont à leur disposition les outils financiers et technologiques pour y parvenir, António Guterres a insisté sur l’importance de la coopération.
« L’heure est à la solidarité internationale à tous les niveaux. Une solidarité qui respecte tous les droits humains et garantit un espace sûr aux défenseurs de l’environnement et à tous les acteurs de la société pour contribuer à notre réponse climatique. N’oublions pas que la guerre contre la nature est en soi une violation massive des droits de l’homme. Nous avons besoin de tout le monde sur le pont pour une action climatique plus rapide et plus audacieuse. Une fenêtre d’opportunité reste ouverte, mais il ne reste qu’un étroit rayon de lumière.
« Une fenêtre d’opportunité reste ouverte, mais il ne reste qu’un étroit rayon de lumière. »
António Guterres à la COP27.
Et de conclure : « La lutte mondiale pour le climat sera gagnée ou perdue au cours de cette décennie cruciale – sous notre surveillance. Une chose est sûre : ceux qui abandonnent sont sûrs de perdre. Alors luttons ensemble et gagnons. Pour les 8 milliards de membres de notre famille humaine – et pour les générations à venir. »
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