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@BalanceTaStartup : les abus des entreprises dénoncés sur Instagram

Informer des mauvaises pratiques des entreprises, voilà l’objectif que se sont fixé plusieurs comptes Instagram qui « balancent ».

Le 26/01/2021 par Sofia Colla
@BalanceTaStartup
(Capture d'écran @BalanceTaStartup)
(Capture d'écran @BalanceTaStartup)

En 2017, le hashtag #BalanceTonPorc est lancé sur les réseaux sociaux pour dénoncer des abus sexuels. Un mouvement qui fait encore des émules. Créé le 25 décembre 2020, le compte Instagram @BalanceTaStartup comptabilise déjà plus de 145 000 followers. Cette fois, l’objectif est de mettre en lumière les abus, aussi bien managériaux que marketing, des entreprises. 

Le compte a explosé le 19 janvier, alors que des centaines de témoignages ont été publiés à l’encontre de la marque de bijou Lõu Yetu. Cette enseigne promet des bijoux « made in France » qui proviendraient finalement, selon les messages, de Chine. Les internautes plaignants dénoncent aussi des conditions de travail « inhumaines », une « pression mentale », un « harcèlement moral », des comportements grossophobes ou encore racistes. Tous pointent du doigt la créatrice de la marque, qui avait fait l’objet de nombreuses interviews élogieuses lors du lancement.

« Parce que le baby-foot c’est cool, mais le droit du travail c’est encore mieux ✊ », écrit la créatrice dans sa description. 

Et Depuis ces dénonciations, le média Forbes a par exemple supprimé son article à propos de la fondatrice. En l’espace de quelques heures, la marque a aussi perdu plusieurs dizaines de milliers de followers sur son compte Instagram, sans que l’affaire soit tranché par la justice.

« Certains employeurs se permettent tout et n’importe quoi, parce qu’ils ont des ego surdimensionnés, parce que dans ces structures, on ne sait plus si on est potes ou collègues. En plus de ça, la crise du Covid a exacerbé les pratiques managériales déviantes », explique la fondatrice d’une trentaine d’années qui souhaite rester anonyme aux Echos

Cette dernière assure attendre de recevoir de nombreux témoignages fournis avant de « balancer ».

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Réseaux sociaux, nouveaux juges ?

La marque de bijoux n’a pas tardé à réagir en fermant sa boutique pour « inventaire », en supprimant le compte Instagram de la fondatrice et en désactivant les commentaires du compte de la marque. Lõu Yetu a aussi répondu en publiant un communiqué, partagé par @BalanceTaStartup.

« Nous entendons les critiques et saluons les alertes lorsqu’elles sont justes », dit ce communiqué, tout en dénonçant « un name shaming destructeur pour [l’]entreprise et [les] équipes ». De plus, Lõu Yetu dément la provenance asiatique de ses bijoux en affirmant que, depuis 2017, les produits « sont créés et assemblés en France dans [leur] atelier à Paris »

Même si aucune autre dénonciation n’a eu autant d’impact, @BalanceTaStartup avait déjà partagé des témoignages visant des entreprises comme Doctolib, Lydia ou encore Merro photo. Le compte a aussi annoncé avoir reçu de nombreux témoignages concernant la marque de prêt-à-porter Sézane.

Le compte a aujourd’hui pour but d’évoluer : « On compte bientôt donner des conseils de base sur le droit du travail, sur ce qu’un employeur peut faire ou ne pas faire, sur comment constituer un dossier en cas de litige », détaille-t-elle aux Echos. Elle travaille dorénavant avec l’avocate en droit du travail et spécialiste des questions de harcèlement, de discriminations et de burn-out, Elise Fabing. 

D’autres secteurs ont également leurs comptes pour « balancer », comme @BalanceTonAgency, @BalanceTaRédaction, @BalanceTonTatoueur ou encore @BalanceTonStage.

Une tendance qui met en avant le pouvoir croissant des réseaux sociaux, parfois nouveaux juges et arbitres de questions de société.

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