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Des affiches d’élèves pour dire stop aux violences faites aux femmes

Sur la photo d’une jeune femme au visage tuméfié, une inscription au rouge à lèvre: « Parle ! Jamais trop tôt, jamais trop tard pour dire stop ». Cette création a reçu le deuxième prix de la meilleure affiche (catégorie Lycée) du concours « Violences faites aux femmes : une affiche pour dire non ! », lancé par l’Académie de Créteil dans les écoles, parce qu’en effet il n’est jamais trop tôt pour parler du problème.

La cérémonie de remise des prix s’est déroulée le 12 décembre dernier dans l’amphithéâtre du Lycée Gutenberg à Créteil. Audrey et trois de ses camarades, créatrices de l’affiche évoquée, se sont inscrites sans hésiter. « C’est très important de montrer que nous, jeunes, pouvons agir à notre échelle, explique l’élève de terminale ES au Lycée Paul Doumer (94). Les violences faites aux filles et aux femmes commencent parfois très tôt. Il faut sensibiliser et éduquer à chaque âge. »
 

Si les élèves ont pu travailler à leur projet en complète autonomie pendant une quinzaine de jours, ils avaient quelques consignes à respecter. Par équipe mixte de 3 à 5 personnes, ils devaient concevoir une affiche comportant un slogan, une image et éventuellement un court texte. Celle-ci pouvait être réalisée selon divers procédés : dessin, peinture, collage, logiciel d’application, etc.

L’équipe d’Audrey a opté pour la photo et orienté son message sur la libération de la parole et l’écoute des victimes : « Malheureusement, dire aux hommes de respecter les femmes n’est pas suffisant. L’un des principaux enjeux de ces violences, c’est qu’elles sont tabou et mises sous silence. Nous avons voulu mettre en lumière ce problème. »

À lire aussi : Féminicide, la lutte s’organise aussi sur les réseaux sociaux

Au total, 143 affiches ont été produites par près 700 collégiens et lycéens. Un jury composé de sept personnes, issues des milieux enseignant et académique, a ensuite délibéré et sélectionné six affiches lauréates. « Au-delà de la conception même des affiches, l’intérêt de cet événement est d’enclencher auprès des élèves une réflexion de fond sur la question des violences faites aux femmes« , insiste Géraldine Fondeville, inspecteur académique, membre du jury et de la mission Égalité filles-garçons de l’académie de Créteil.

L’égalité censée être abordée à l’école

L’initiative n’est pas isolée. Elle s’insère dans une politique d’éducation en faveur de l’égalité à l’école encouragée en France depuis 2013 par une convention interministérielle. Le code de l’éducation rappelle ainsi que la transmission de la valeur d’égalité entre les filles et les garçons, les femmes et les hommes, doit se faire dès la maternelle et jusqu’au lycée. Chaque académie est ainsi appelée à mettre en place « une structure de pilotage dédiée » ; tout en étant libre de lui donner la configuration qu’elle souhaite. Des ressources sont aussi mises à disposition des enseignants. « Nous sommes pleinement là dans le rôle de l’école », ajoute Alain Brelivet, chargé de mission académique Égalité filles-garçons ».

Concours d’éloquence le 8 mars

Mais de leur côté, les établissements scolaires sont libres de porter ces questions auprès des élèves comme ils le souhaitent. D’où des disparités dans la actions mises en place. Si certains établissement très actifs nouent des partenariats avec des associations, troupes de théâtres, centres de recherches, d’autres sont un peu moins engagés sur le sujet.

D’autres mettent au moins l’accent sur des temps forts médiatiques, comme le 25 novembre, la journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, ou le 8 mars, la journée internationale des droits des femmes. Cette année, à l’occasion, c’est un concours de prise de parole qui sera proposé aux élèves de l’académie, sur des thématiques liées à l’égalité femmes-hommes et filles-garçons, les origines et la persistance des stéréotypes, etc.
 

Une initiative, comme le concours d’affiches, qui permet de sensibiliser les élèves en les impliquant activement. Ainsi, à l’issue de la cérémonie de remise des prix, des versions numériques des affiches lauréates ont été transmises aux collèges et lycées représentés. Elles peuvent être imprimées et affichées au sein des établissements, dans les halls d’accueils, les CDI, les cours de récréation, etc.

Les élèves ont aussi la liberté de faire sortir leurs affiches du milieu scolaire. « En plus d’être lauréats du concours, ils sont aussi des ambassadrices et ambassadeurs auprès de leurs camarades, de leur entourage, dans la société en général« , ajoute Géraldine Fondeville. Motivés par certains de leurs professeurs, Audrey et ses amis réfléchissent à aller proposer leur affiche en dehors du lycée, à des associations, bibliothèques ou des lieux de santé.
 

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