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Au Chili, le pari de l’extraction durable des terres rares

Pour son gisement de terres rares,le Chili veut mettre en place une approche durable. Cette initiative pourrait révolutionner non seulement son économie mais aussi la production mondiale de ces minéraux critiques.

Le 22/04/2024 par Florence Santrot
terres rares
Trou d’excavation profond d’une mine à ciel ouvert pour les éléments de terres rares. Crédit : Photofex / iStock.
Trou d’excavation profond d’une mine à ciel ouvert pour les éléments de terres rares. Crédit : Photofex / iStock.

Les terres rares, ces éléments chimiques aux propriétés uniques, sont essentielles à la fabrication de nombreuses technologies modernes, des smartphones aux turbines éoliennes en passant par les véhicules électriques. En 2023, la Chine – premier producteur mondial – avait une production minière de quelque 240 000 tonnes d’oxyde de terres rares. Cependant, l’extraction traditionnelle est souvent associée à des impacts environnementaux importants, notamment la pollution des sols par les produits chimiques utilisés et la très importante utilisation d’eau.

Le Chili, qui possède lui aussi de grandes réserves de terres rares, se positionne comme un pionnier en matière d’extraction durable de ces ressources stratégiques. Le gouvernement, en collaboration avec des entreprises privées comme Aclara Resources et des universités, a lancé des projets pilotes pour minimiser l’impact écologique de ces activités. Une bonne nouvelle quand on sait que par exemple, selon l’Agence internationale de l’énergie, la demande en terres rares pour les technologies d’énergie propre pourrait quadrupler d’ici 2040.

Terres rares : une extraction difficile, polluante et coûteuse

Des minéraux comme le Dysprosium et le Terbium sont particulièrement recherchés. Or, l’extraction de ces éléments est extrêmement dommageable pour l’environnement, en partie parce qu’ils sont généralement présents en très faibles concentrations et souvent en combinaison avec des éléments radioactifs et des métaux lourds.

Cela rend l’extraction difficile et coûteuse, impliquant des techniques dommageables pour l’environnement et gourmandes en eau telles que l’exploitation minière à ciel ouvert. Le Chili s’efforce de limiter l’impact en favorisant de nouvelles méthodes d’extraction et en mettant en place des réglementations strictes qui obligent les entreprises à restaurer les sites miniers après exploitation.

Circular Mineral Harvesting : l’extraction plus durable par Aclara Resources

Aclara Resources possède un projet prometteur. Cette société chilienne a mis au point un nouveau procédé appelé Circular Mineral Harvesting (CMH). Il consiste à traiter des argiles ioniques contenant des terres rares de manière à recycler et à réutiliser la plupart de l’eau et des réactifs. Selon l’entreprise, le nouveau processus minier imaginé réutilise 95 % de l’eau et 99 % du réactif (un engrais courant) dans le processus. De plus, il ne laisse aucun résidu liquide (qui pourrait contaminer les sources d’eau) ni de radioactivité.

Le procédé a subi des tests réussis à l’usine pilote d’Aclara à Concepción, au centre du Chili, traitant les argiles ioniques provenant de ses projets chiliens et brésiliens. Il vient aussi de faire l’objet d’un second brevet, preuve que son processus minier est innovant. Mais Aclara Resources ne compte pas s’arrêter là : elle ambitionne également une expansion stratégique aux États-Unis, pays qui possède également un gisement de terres rares.

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