Partager la publication "A Bègles, 11 familles ont conçu elles-mêmes leur appartement"
Habiter ensemble, chacun chez soi
Une façon plus humaine, mais aussi plus économique de concevoir des habitations : mutualiser les espaces a permis de réduire les prix de près de 30 % par rapport à ceux du marché immobilier girondin. Un appartement à La Ruche vaut ainsi 2500 euros le mètre carré, contre 3500 euros en moyenne sur la métropole bordelaise.
Outre les espaces en commun, les habitants ont imaginé eux-mêmes, en fonction de leurs besoins, à quoi ressemblera leur appartement : le nombre de pièces, la surface, l’orientation… Un agencement qui a donné lieu à la création de petites maisons accolées, qui ensemble forment deux bâtiments : l’un donne sur la rue, et l’autre sur le jardin.
Parmi les résidents de La Ruche, la sexagénaire Noëlle Ribot. Comme elle le confie à 20 Minutes , elle a choisi d’habiter un appartement au rez-de-chaussée, plus accessible pour son petit-fils handicapé. Pour Damien et Anne-Sophie Auzet, vivre dans cet ensemble avec leurs deux enfants représente un gain de confort : « Dans notre résidence précédente, les enfants dormaient dans la même chambre. Ici, nous avons pu choisir d’en avoir une pour chacun. »
Concevoir soi-même son appartement
« Lors d’un projet immobilier classique, on trouve d’abord le terrain, ensuite les architectes. On commence la construction quand environ la moitié des logements est vendue. Pour l’habitat participatif, on commence aussi par le terrain, mais on va d’abord chercher les habitants, qui choisissent eux-mêmes leur cabinet d’architectes », confirme à We Demain Loris de Zorzi, le directeur général de la coopérative immobilière Axanis, à l’origine du projet.
Un projet social et écologique
Le résultat final correspond aux attentes des résidents, ce qui évite, d’après Hugues Joinau, « les allers et retours interminables » entre l’agence immobilière, le cabinet d’architectes et les habitants :« Paradoxalement, le processus est plus rapide que pour un logement classique, où les habitants vont formuler des réclamations sur le produit fini, qu’ils n’ont pas contribué à construire« , explique l’architecte.
Un avis tempéré par Loris de Zorzi, pour qui ce type de projet est
chronophage : « Se mettre d’accord prend du temps : avant de nous lancer, nous avons organisé plusieurs réunions publiques, et c’est seulement une fois que nous avons réussi à former une communauté d’habitants que des groupes de travail ont pu être mis en place ».Mais au-delà du côté participatif du projet de La Ruche, il y a aussi son aspect social. Les onze familles viennent de milieux sociaux différents, et tous les âges sont représentés. Retraités, ouvriers, fonctionnaires, cadres supérieurs, les résidents sont avant tout réunis par des aspirations environnementales et sociétales communes. Et ils bénéficient de modes d’accession sociale différents : deux familles sont propriétaires, deux d’entre elles locataires et les sept autres ont souscrit à un prêt social location-accession (PSLA), qui permet de bénéficier d’une TVA réduite à 5,5 % à l’achat.
L’argent n’est pourtant pas la seule raison qui motive de nombreuses personnes à choisir le logement participatif : « C’est dans l’air du temps, il y a une véritable demande. Les gens veulent du sur-mesure et plus du prêt-à-porter« , explique Loris de Zorzi. Un changement de moeurs qui a aussi des conséquences sur les métiers de l’immobilier, puisqu’il leur redonne « un peu plus d’humanité » : « En école d’architecture, on nous apprend la sociologie, mais aussi une certaine créativité. Ce type de construction donne du sens à tout cela, ça devrait même être la norme », avance Hugues Joinau.
Une mutation des métiers de l’immobilier
La Ruche sera inaugurée le 22 septembre prochain en présence des onze familles et des différents acteurs du projet.