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Invasion du Capitole : Trump réduit au « silence réseaux »

Après l’invasion du Capitole américain par des partisans de Donald Trump, les principaux réseaux sociaux ont suspendu les comptes de président, accusé d’attiser les violences. Une mesure sans précédent.

Le 08/01/2021 par Alice Pouyat
(Crédit : Shutterstock)
(Crédit : Shutterstock)

Silence radio ou plutôt « silence réseaux ». Connu pour sa faconde sur internet, Donald Trump a soudain perdu la voix mercredi 6 janvier. Pas d’injure sur Facebook, pas de post frappé en majuscules sur Twitter, ni de vidéo sur Instagram.

Et pour cause : les principaux réseaux sociaux ont suspendu ses comptes. Cette mesure sans précédent dans l’histoire des plateformes est intervenue après que des centaines de manifestants pro-Trump ont envahi le Capitole, interrompant violemment la session du Congrès qui devait valider la victoire de Joe Biden. De cette façon, les réseaux ont tenté d’empêcher Donald Trump et ses partisans d’aviver les tensions.

Twitter a d’abord supprimé trois tweets dont une vidéo dans laquelle il appelait ses partisans, en train de prendre d’assaut le Capitole, à « rentrer chez eux” mais où il affirmait aussi sans preuve que l’élection lui avait été “volée”. Puis, après une suspension initiale de 12h, et d’autres messages jugés dangereux, la firme au petit oiseau bleu a décidé vendredi de bloquer le compte présidentiel.

YouTube a pour sa part retiré les vidéos en direct montrant des images de violences, notamment des émeutiers avec des armes à feu.

Facebook bloque Trump jusqu’à la fin de son mandat

Facebook et Instagram ont également annoncé une suspension de 24h du compte de Trump, avant que Mark Zuckerberg en personne ne renchérisse jeudi 7 janvier, en annonçant un blocage jusqu’à la fin de son mandat, au moins.

Ce durcissement progressif est intervenu après que divers observateurs ont dénoncé une réponse bien trop tardive, et trop tiède des réseaux après des mois de provocation de Donald Trump. « C’est trop peu, trop tard », avait réagi mercredi 6 janvier dans un communiqué l’organisation militante anti-Facebook Real Facebook Oversight Board (Véritable Conseil de surveillance de Facebook). « 24 heures, ça ne suffit pas. Il reste 13 jours jusqu’à l’investiture du président élu Joe Biden, autant d’occasions pour Trump de semer le chaos. »

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Une censure inédite dans l’histoire des réseaux sociaux

Une censure inédite dans l’histoire des réseaux sociaux qui marque un véritable tournant dans leur politique éditoriale. Longtemps, ces derniers ont clamé leur neutralité devant les contenus partagés.

Puis, sous la pression, Twitter et Facebook ont progressivement reconnu une responsabilité, en traquant plus ou moins activement les fake news, les faux comptes ou en ajoutant des messages d’avertissement sur des contenus biaisés ou anti-démocratiques, notamment sur ceux de Trump ces derniers mois. Par ses excès quotidiens, le milliardaire américain les a peu à peu amenés à durcir les règles du jeu.

Jusqu’ici les réseaux se refusaient toutefois à censurer son compte, du fait de sa fonction présidentielle. Mercredi, une nouvelle étape a donc été franchie : le président de la première puissance mondiale a ni plus ni moins été réduit au silence, ce qui n’est pas sans réinterroger le rôle de ces réseaux.

En France comme aux États-Unis, des voix dénoncent leur pouvoir de censure et appellent à une régulation plus indépendante des plateformes numériques. D’autres s’inquiètent de voir des partisans de Trump déjà chercher d’autres canaux d’expression, soulignant un problème qui risque de survivre à la suppression des comptes présidentiels : l’existence d’une opinion conspirationniste ayant perdu confiance dans les institutions démocratiques.

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