Déchiffrer  > Facebook vs Donald Trump : la guerre anti-fake news s’intensifie

Written by 14 h 18 min Déchiffrer • 2 Comments

Facebook vs Donald Trump : la guerre anti-fake news s’intensifie

Pour éviter le scénario de 2016, où l’affaire Cambridge Analytica avait transformé Facebook en arme de manipulation électorale, le réseau social s’active : suppression de faux comptes, interdiction de publicités, pédagogie sur le scrutin…

Le 13/10/2020 par Sofia Colla
(Crédit : Shutterstock)
(Crédit : Shutterstock)

Alors que l’élection américaine a lieu le 3 novembre, les actions de Facebook pour lutter contre les tentatives de manipulation s’intensifient. Le réseau social a annoncé le 8 octobre avoir supprimé une centaine de fausses pages et de faux comptes durant le mois de septembre. Parmi eux, une majorité évoquait les élections américaines de 2020, la pandémie de Covid-19, critiquait le parti démocrate et le candidat Joe Biden, ou bien, au contraire, faisait l’éloge du président Donald Trump et du parti républicain. Le tout dépendait d »un réseau qui comptait environ 200 comptes Facebook, 55 pages et 76 comptes Instagram. 

« Ce réseau semble avoir commencé ses opérations en 2018 et s’est poursuivi jusqu’en 2020. Son comportement axé sur les élections a commencé en 2018 à l’approche de la mi-mandat, puis il est resté largement inactif jusqu’en juin 2020. »

Nathaniel Gleicher, responsable de la politique de sécurité de Facebook

Facebook, qui a mené l’enquête, a décelé un lien entre ce réseau et une société de marketing américaine, Rally Forge, désormais bannie de la plateforme, travaillant pour le compte de deux organisations pro-Trump. Au total, 973 000 $ (environ 825 000 €) ont été dépensés en publicité pour booster les publications, qui étaient suivies par quelques 500 000 abonnés. 
À lire aussi : Comment TikTok est devenu un enjeu géopolitique

​Une campagne anti-fake news

Ce n’est pas la première mesure prise par Facebook à l’approche de l’élection américaine. Début septembre, le réseau social annonçait que toutes les publicités politiques seraient interdites la semaine précédent le vote, « afin de réduire les risques de confusion ou d’abus », est-il expliqué sur le site du réseau social. Mi-septembre, un de ses portes-paroles ajoutait que ces publicités seraient également proscrites tant que les résultats officiels ne seraient pas diffusés. 

Facebook « rejettera toutes les publicités politiques qui déclarent un candidat vainqueur avant que les résultats officiels n’aient été confirmés », a tweeté la plateforme. D’autant que cette année, pandémie et possibilité de vote par courrier obligent, les résultats définitifs seront plus longs à obtenir que lors des scrutins précédents.

« Nous avons travaillé sur plus de 200 élections à travers le monde depuis lors [2016, ndrl], tirant les leçons de chacune d’entre elles, et nous avons maintenant plus de 35 000 personnes dans l’entreprise qui travaillent sur les questions de sûreté et de sécurité »,explique Guy Rosen, vice-président du pôle Intégrité.

Facebook s’est également donné comme mission d’encourager les américains à aller voter, en affichant un post sur ses applications renvoyant vers le détail des procédures de vote, de manière notamment à répondre aux utilisateurs qui estiment que le vote par courrier n’est pas légitime ou pourrait être frauduleux. 

« Nous avons lancé la plus grande campagne d’information électorale de l’histoire des États-Unis, dans le but d’aider 4 millions de personnes à s’inscrire pour voter cette année. »

Facebook sur son site

Se préparer à toutes les éventualités

En août déjà, le plus grand réseau social du monde expliquait comment il se préparait à l’éventualité que Donald Trump utilise la plateforme pour contester le vote, en cas de défaite. « Les employés de la société de la Silicon Valley élaborent des plans d’urgence et parcourent des scénarios post-électoraux qui incluent des tentatives de M. Trump ou de sa campagne d’utiliser la plate-forme pour délégitimer les résultats », expliquait le New York Times

« Facebook a examiné ce qu’il ferait, par exemple, si des pirates informatiques soutenus par un État-nation divulguaient des documents en ligne, ou si un État-nation lançait une vaste campagne de désinformation à la dernière minute pour dissuader les Américains d’aller aux urnes », rapporte le journal américain.  

A lire aussi :