Partager la publication "#ItsNotABretzel : « On ne m’a jamais appris que j’avais un clitoris »"
« Un quart des filles de 15 ans ne savent pas qu’elles possèdent un clitoris, et 83 % d’entre elles ignorent son unique fonction érogène », déplore Julia Pietri citant une étude relative à l’éducation à la sexualité du Haut Conseil de l’égalité.
Pour diffuser les connaissances autour du clitoris et de la sexualité féminine, cette trentenaire a lancé en septembre 2018 le compte Instagram @GangduClito, qui compte aujourd’hui plus de 33 000 followers.
Sur cette page, elle diffuse des informations sur le clitoris, comme par exemple sur le humping (se masturber sans les mains et sans pénétration) ou sur les bien-faits de la masturbation de manière générale. Elle réalise aussi des sondages et récolte des témoignages auprès des femmes et des hommes quant à leur sexualité.
« Je me suis vite rendue compte que les femmes, comme les hommes, avaient un besoin énorme d’informations sur le sexe et le plaisir féminin. Quand j’ai lancé mon premier sondage, j’ai reçu plus de 6 000 réponses en moins d’un mois ! », raconte la jeune femme.
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Des clitoris dans les manuels scolaires
« C’est un sujet qui cesse d’être tabou quand on en parle », souligne cette communicante de profession. Mais si la masturbation masculine est un sujet de conversation dès la cour d’école, ce n’est pas le cas de la masturbation féminine. « On ne m’a jamais appris que j’avais un clitoris », regrette Julia Pietri. En effet, l’organe n’est représenté que dans un manuel scolaire sur huit.
C’est pourquoi, à l’occasion de la journée des droits des femmes le 8 mars, Julia Petri, ainsi que les fondatrices des comptes Instagram @TasJoui ou encore @ClitRevolution, ont lancé la campagne @ItsNotABretzel.
Elles ont créé plusieurs affiches colorées représentant en grand format le clitoris avec des slogans tels que « It’s not a bretzel » (ce n’est pas un bretzel), « It’s not a ghost » (ce n’est pas un fantôme) ou encore « It’s not a legend » (ce n’est pas une légende).
« Je propose ces visuels en open source : chacun peut les télécharger gratuitement pour les afficher dans la rue ou dans les universités. Plus de 100 000 affiches ont été collées le 8 mars et le visuel web a beaucoup été repris », se réjouit Julia.
Pour accompagner cette campagne de street-art participatif, les militantes féministes ont également publié une tribune dans Le Monde (Égalité femmes-hommes : « Nous devons lutter contre l’analphabétisme sexuel ») et ont lancé une pétition pour que le clitoris soit présent dans tous les manuels scolaires.
« On connaît le clitoris depuis la nuit des temps. Il a toujours été une arme utilisée contre les femmes, aujourd’hui c’est l’inverse, c’est un outil d’empowerment. Je dis toujours qu’une femme qui se masturbe sans culpabiliser est une femme libre. »
En moins d’un mois, la pétition compte plus de 50 000 signatures. Mais pour l’instant, les maisons d’édition n’ont pas donné suite.
Un guide de la masturbation féminine
En parallèle, Julia Pietri a réuni les témoignages et les résultats des sondages réalisés sur sa page @GangduClito dans un livre : Le petit guide de la masturbation féminine.
Aucun éditeur ne souhaite le publier en l’état. « Mon dernier éditeur ne voulait pas que le mot masturbation apparaisse sur la couverture », explique-t-elle. Elle a donc décidé de l’autoéditer et de le proposer en pré-vente via une campagne de crowdfunding sur la plateforme Ulule.
Le livre est en pré-commande jusqu’au 4 avril. En deux semaines, 1 600 exemplaires ont été commandés. Ils seront expédiés en mai, puis Julia espère trouver un éditeur afin de diffuser l’ouvrage à plus grande échelle, dans les librairies.
La révolution du clito
Julia Pietri n’est pas la seule à se battre sur ce front. En parallèle de comptes Instagram relatifs à la sexualité féminine, de plus en plus nombreux (@tasjoui, @petiteluxure, @jemenbatsleclito, @mercibeaucul…), d’autres acteurs se mobilisent.
En 2016, la chercheuse Odile Fillod avait par exemple créé un modèle de clitoris imprimé en 3D, libre de droit et téléchargeable en ligne, pour que les enseignants puissent l’utiliser en classe.
Le mouvement s’étend aussi au cinéma. Le 1ermai, le film documentaire Female Pleasure sortira en salle. Réalisé par Barbara Miller, il retrace le parcours de cinq femmes, dans cinq pays, qui racontent leur engagement sur l’éducation sexuelle et le droit des femmes à disposer de leur corps. À lire aussi : Écoféminisme : Écologie et droits des femmes, même combat ?