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L’étendard sanglant est levé ! Comment les règles cessent d’être taboues

C’est une révolution qui peut bouleverser notre société. La fin du tabou des règles a un impact sur la santé publique, l’éducation, l’environnement. Allant jusqu’à redéfinir l’identité féminine et les relations hommes femmes.

Le 27/08/2019 par Armelle Oger
Flux libre (Liberté) « Libres du regard des autres, de ne plus avoir honte, d’en parler, d’avoir une sexualité, de sortir... Il est grand temps de libérer les femmes de leurs règles ! », scande la photographe Isabelle Teillard d’Eyry, qui a réalisé la série de photos inspirée de tableaux célèbres pour We Demain. (Crédit : Isabelle Teillard d’Eyry)
Flux libre (Liberté) « Libres du regard des autres, de ne plus avoir honte, d’en parler, d’avoir une sexualité, de sortir... Il est grand temps de libérer les femmes de leurs règles ! », scande la photographe Isabelle Teillard d’Eyry, qui a réalisé la série de photos inspirée de tableaux célèbres pour We Demain. (Crédit : Isabelle Teillard d’Eyry)

Retrouvez l’article complet, « L’étendard sanglant est levé », dans la revue We Demain n°27, en kiosque le 29 août et disponible sur notre boutique en ligne

Le sang abreuve les sillons des réseaux sociaux. Le sang, non pas impur mais glorieux, de la révolution menstruelle avec sa déferlante de petites culottes tachées, d’œuvres artistiques revendiquées 100 % female blood et d’actions d’agit-prop. Comme en mars dernier, lorsqu’une étudiante a déambulé dans le métro parisien avec un pantalon auréolé d’écarlate. Nom de code de l’opération : Tout tacher.

« Je m’appelle Irène, j’ai 20 ans et aujourd’hui mon sang a coulé dans Paris. Car il était temps de remettre les choses au  clair, explique sur Instagram la jeune femme adepte du free bleeding (le fait de ne pas utiliser de protection). Vous avez beau trouver ma performance inutile, sale, ignoble, vous ne pourrez pas empêcher nos flux de se  libérer. Nous payons le prix de l’oppression,  de la misogynie, des inégalités. Nous n’allons pas en plus payer pour foutre du chlore dans nos chattes pendant que vous continuez de stigmatiser et diaboliser notre sang. »

Une « problématique de société »

Quelques jours plus tard, la sexothérapeute américaine Demetra Nyx publiait, elle, une dizaine de clichés de son visage recouvert de peintures guerrières réalisées avec son sang menstruel : « Si une fillette quelque part se  dit ‘Si Demetra s’en met sur le visage c’est que ce n’est pas si sale que ça’, on avancera. Affirmer que quelque chose vécu comme sale est propre et beau, c’est reprendre le pouvoir sur nos propres corps », explique la thérapeute dans son podcast Sex, Love & Power.

Ses selfies n’ont pas été censurés, contrairement à ceux, en 2016, de Rupi Kaur, une poétesse canadienne qui avait posté sur Instagram une photo d’elle dormant dans son pyjama sali. Le combat n’en était alors qu’à ses prémices.

Le 28 mai, la secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, participait à la journée mondiale de l’hygiène menstruelle avant de réunir ministres, industriels et associations « pour convenir d’une stratégie innovante et inédite pour  améliorer la vie des femmes ». Après une omerta millénaire, les ragnagnas devenaient officiellement une «problématique de société».

Blogs, sites, podcasts (Sang tabou sur Arte radio, Bon sang sur France TV), web doc (700 000 vues sur YouTube pour 28 jours réalisé par trois vingtenaires), les règles ont aussi leur festival (Sang rancune) et même un Oscar, celui du meilleur documentaire attribué cette année à “Period. End of  Sentence”, de l’Irano-Américaine Rayka Zehtabchi. Enfin, le détail n’est pas anodin, elles ont depuis mars droit à leur emoji sur les smartphones (voir We Demain n°24). Après de multiples refus, le consortium Unicode, qui contrôle cet alphabet, a accepté d’intégrer à sa base une goutte de sang. Lire la suite dans le n°27 de la revue We Demain.

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