Partager la publication "L’étendard sanglant est levé ! Comment les règles cessent d’être taboues"
Le sang abreuve les sillons des réseaux sociaux. Le sang, non pas impur mais glorieux, de la révolution menstruelle avec sa déferlante de petites culottes tachées, d’œuvres artistiques revendiquées 100 % female blood et d’actions d’agit-prop. Comme en mars dernier, lorsqu’une étudiante a déambulé dans le métro parisien avec un pantalon auréolé d’écarlate. Nom de code de l’opération : Tout tacher.
« Je m’appelle Irène, j’ai 20 ans et aujourd’hui mon sang a coulé dans Paris. Car il était temps de remettre les choses au clair, explique sur Instagram la jeune femme adepte du free bleeding (le fait de ne pas utiliser de protection). Vous avez beau trouver ma performance inutile, sale, ignoble, vous ne pourrez pas empêcher nos flux de se libérer. Nous payons le prix de l’oppression, de la misogynie, des inégalités. Nous n’allons pas en plus payer pour foutre du chlore dans nos chattes pendant que vous continuez de stigmatiser et diaboliser notre sang. »
Une « problématique de société »
Ses selfies n’ont pas été censurés, contrairement à ceux, en 2016, de Rupi Kaur, une poétesse canadienne qui avait posté sur Instagram une photo d’elle dormant dans son pyjama sali. Le combat n’en était alors qu’à ses prémices.
Le 28 mai, la secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, participait à la journée mondiale de l’hygiène menstruelle avant de réunir ministres, industriels et associations « pour convenir d’une stratégie innovante et inédite pour améliorer la vie des femmes ». Après une omerta millénaire, les ragnagnas devenaient officiellement une «problématique de société».
Blogs, sites, podcasts (Sang tabou sur Arte radio, Bon sang sur France TV), web doc (700 000 vues sur YouTube pour 28 jours réalisé par trois vingtenaires), les règles ont aussi leur festival (Sang rancune) et même un Oscar, celui du meilleur documentaire attribué cette année à “Period. End of Sentence”, de l’Irano-Américaine Rayka Zehtabchi. Enfin, le détail n’est pas anodin, elles ont depuis mars droit à leur emoji sur les smartphones (voir We Demain n°24). Après de multiples refus, le consortium Unicode, qui contrôle cet alphabet, a accepté d’intégrer à sa base une goutte de sang. Lire la suite dans le n°27 de la revue We Demain.