Le chômage, une opportunité ? Des réseaux de demandeurs d’emploi y travaillent

« Nous refusons que [le chômage] soit [destructeur] tant au niveau individuel qu’au niveau collectif ». Implanté dans plusieurs grandes villes (Lille, Lyon, Paris, Strasbourg, Mulhouse…), l’association Activ’Action cherche à faire du chômage une opportunité. Ouvert à tous les demandeurs d’emploi, ce réseau encourage les rencontres utiles et aide ses membres à identifier leurs qualités. Le cadre de ces rencontres ? Des ateliers de trois heures, auxquels participent gratuitement des groupes de dix personnes. Créée en juin 2014, l’association se finance grâce aux dons et à ses partenaires. Elle a déjà organisé 350 ateliers auxquels ont participé 3000 personnes.

Des initiatives comme celles-ci, il en éclot un peu partout en France, où les demandeurs d’emploi sont aujourd’hui plus de 5,7 millions. Le chômage, devenu une étape « classique » de la vie d’un actif, est certes de moins en moins synonyme d’échec. Mais les maux qui lui sont associés (isolement, sentiment d’inutilité, baisse de la confiance en soi…), eux, perdurent. C’est pour casser cette spirale et montrer que le chômage peut même être une période constructive que les demandeurs d’emploi sont de plus en plus nombreux à s’unir.

Ces communautés misent sur l’entraide et le développement du réseau professionnel pour se démarquer des coachs et autres incubateurs de start-up. Plutôt que d’apporter une aide à la rédaction de CV et lettres de motivation, ils parient sur le le travail collectif pour permettre à chacun de mûrir son projet personnel. L’objectif :  favoriser la reconversion professionnelle et l’auto-entrepreneuriat.
 

« Un chômeur constructif, c’est quelqu’un qui met à profit le temps qu’il a pour se former, acquérir de nouvelles compétences et apprendre des choses pour avancer dans son métier », estime Jérémy Moret, animateur du blog Chômage positif. « Maintenant, pour retrouver du travail il ne faut pas [compter sur] Pôle Emploi. Ils nous dirigent vers des formations ou des ateliers pas forcément utiles, sauf pour ceux qui ont rarement cherché du travail. »

 
Avec 330 membres, le réseau social Chomunity mise lui aussi sur le réseau et la proactivité. Sur ce site lancé début 2015, on peut s’inscrire à des évènements gratuits, participer à des formations gratuites ou payantes (initiation au code, mieux se connaître…). Basée à Paris, l’association propose également une méthode pour « hacker » les offres de travail : plutôt que de se contenter de postuler aux annonces, Chomunity suggère de démarcher les entreprises en leur soumettant des idées de développement ou des pistes de travail.

Le fondateur de Chomunity, Ezriel Taieb, raconte les origines de son association.

Ne pas rompre le lien entre le chercheur d’emploi et le monde du travail

Le site Cojob , lui aussi, fonctionne comme un réseau social. Ses membres peuvent créer ou rejoindre un groupe de demandeurs d’emploi pour se fixer un rythme de travail collectif et simuler des entretiens avec des inconnus. Fondé début 2014 par deux Nantaises, Clémentine Bouyer et Marie Grimaldi, Cojob dispose de locaux à Paris et à Nantes, où se constituent des « promotions » de personnes au chômage.

Contre une adhésion à 30 euros, ses membres se retrouvent à plein temps durant un mois. Le matin, ils effectuent des recherche d’emploi. L’après-midi, ils mettent leurs compétences au service de petites structures, d’associations ou d’entreprises locales partenaires. Une façon de conserver un lien avec le monde du travail. L

a plateforme, qui accueillera en septembre sa dix-huitième promotion à Paris, revendiquait en 2015 un taux de retour à l’emploi durable de 90 % chez ses membres.

Si ces plateformes permettent de créer une dynamique de groupe (souvent absente des structures d’aide à la recherche d’emploi), force est de constater qu’elles n’ont pas encore conquis tous les types d’actifs. Réservé aux moins de 35 ans et aux bac +3, Cojob fédère essentiellement des jeunes tournés vers l’entrepreneuriat, déjà familiers d’un marché du travail de plus en plus flexible.

Ces nouveaux réseaux contribuent toutefois à changer l’image de la recherche d’emploi, voire… à la retourner. Baptisée « funemployment » en anglais (contraction de plaisir et chômage), l’idée d’un chômage positif se répand petit à petit, notamment sur Twitter.

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