Logement, mutuelle, CE : Et si les freelance jouissaient des mêmes chances que les salariés ?

Au départ, ils voulaient devenir entrepreneurs. Au lieu de cela, ils sont devenus salariés dans un cabinet d’assurances, dans lequel ils sont restés pendant des années, progression et salaire intéressants à la clé, et où ils se sont rencontrés. Puis, la trentaine passée, la petite question entêtante qui les taraudait à la sortie des études a refait surface : « Ça veut dire quoi de se lever tous les matins pour aller travailler ? »
 
Cette quête de sens, Mikaël Uzan et Hind Elidrissi la partagent avec une génération entière, la fameuse génération « Y » – pour « why », en anglais- des 25-35 ans. En 2015, les deux amis quittent Axa. Ils se rendent alors compte que comme eux, l’envie de liberté et d’autonomie pousse de plus en plus de personnes à se mettre à leur compte. Entre 2006 et 2011, le nombre d’auto-entrepreneurs et indépendants aurait augmenté de 26 % en France.

À Paris, ils découvrent « l’écosystème des start-up » et voient un besoin émerger : un service qui aiderait cette communauté grandissante à se fédérer pour accéder aux mêmes avantages que ceux des salariés. We Mind est né. 

Pour en faire partie, il suffit de s’inscrire sur la plateforme en ligne, à l’instar des 8 000 freelance et auto-entrepreneurs d’ores et déjà recensés sur le site. Tous séduits par la promesse « d’un service qui leur permet d’accéder aux mêmes soins de santé, aux mêmes conditions de logement et aux mêmes réductions pour leurs loisirs, sans les galères administratives caractéristiques de leur situation », comme le résume Hind Elidrissi, contactée par We Demain.

Paires de lunettes et séances d’ostéopathie

« La différence entre les salariés et les freelance, c’est que les premiers ont réussi à s’organiser, ils ont négocié collectivement pour pouvoir appliquer des principes de solidarité entre eux », poursuit l’entrepreneuse, qui raconte avoir été effarée de constater que la plupart de ses amis freelance n’étaient pas assurés en cas d’accident ou de « pépin de santé »

Pour y remédier et leur créer une protection sur mesure, elle négocie depuis juillet auprès des mutuelles et des compagnies d’assurance des tarifs préférentiels, grâce à l’achat groupé. Avec ses associés Mikaël Uzan et deux autres amies, Émilie Coudrat et Candice Gasperini, elle veut rendre son service disponible dès janvier.

Concrètement, WeMind demandera alors des cotisations à ses adhérents, dont le montant variera en fonction des revenus et de l’âge. Des cotisations sur lesquelles la structure prélèvera une commission, censée rémunérer « la boîte et l’assureur ».  

L’argent restant sera redistribué pour les prestations au sein de la communauté, comme au sein d’une mutuelle « classique »… Sauf que la communauté promet « 30 % d’économies » par rapport aux mutuelles conventionnelles auxquelles adhèrent, quand ils le peuvent, les freelance. Et ce, avec une couverture à faire pâlir « les mutuelles des entreprises du cac 40 », se réjouit la fondatrice – paire de lunettes et séances d’ostéopathie comprises.

Cinéma et concerts

Mais ce n’est pas tout. Les quatre associés travaillent aussi à une garantie logement à destination des propriétaires, « qui rechignent trop souvent à accepter ceux qui n’ont pas de CDI, par peur de ne pas recevoir leur loyer ». L’idée : établir une caution solidaire entre les adhérents, qui rembourserait le propriétaire en cas d’impayé.
 

« Le but n’est pas de payer à la place des uns et des autres : il s’agit de s’entre-aider et d’établir un lien de confiance avec les propriétaires, mais aussi entre les membres de la communauté.

Chaque adhérent se verra d’ailleurs attribuer une note de confiance de la communauté, essentielle pour pouvoir profiter du service, et devra être en mesure de garantir des ressources annuelles suffisantes pour pouvoir se loger », détaille Hind Elidrissi.

Car WeMind ne compte pas se substituer aux services sociaux, ni à l’État – juste proposer une aide aux « travailleurs indépendants qui participent à la création des nouvelles formes de travail ». Une aide pour se soigner, se loger, et enfin pour souffler : grâce aux achats groupés, ils leur proposeront aussi des tarifs préférentiels sur des événements culturels (cinéma, parcs d’attraction, concerts…) et des produits technologiques (logiciels, ordinateurs…).

« Avec l’arrivée du numérique, le monde des indépendants a changé par rapport au XXe siècle, quand la sécurité sociale a été inventée. Il faut utiliser ces mêmes outils pour les fédérer, et il faut le faire de façon collaborative », conclue Hind Elidrissi, qui parie sur une communauté de 30 000 adhérents d’ici fin 2017.

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