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Réfugié, et après ? Ce photographe a suivi la vie culturelle de primo-arrivants

Chant, théâtre, Molkki… En Ile-de-France, des personnes réfugiées accèdent à la culture et aux rencontres grâce aux activités proposées par le Collectif Réfugiés. Alexis Lemetais a photographié ces moments de partage, pour un résultat plein d’optimisme.

Le 27/09/2018 par WeDemain
Chant, théâtre, Molkki... En Ile-de-France, des personnes réfugiées accèdent à la culture et aux rencontres grâce aux activités proposées par le Collectif Réfugiés. Alexis Lemetais a photographié ces moments de partage, pour un résultat plein d'optimisme.
Chant, théâtre, Molkki... En Ile-de-France, des personnes réfugiées accèdent à la culture et aux rencontres grâce aux activités proposées par le Collectif Réfugiés. Alexis Lemetais a photographié ces moments de partage, pour un résultat plein d'optimisme.

« La vie devient-elle subitement merveilleuse quand on obtient le statut de réfugié ? » Cette question taraude Alexis Lemetais.

Muni de son appareil photo, cet ingénieur spécialisé dans les énergies renouvelables est donc allé à la rencontre de ces femmes et ces hommes qui ont accédé au précieux document leur permettant de résider 10 ans sur le sol français.

Son initiative est « liée à une histoire un peu personnelle » d’une autre époque. Au cours d’un voyage en Amérique du Sud, le passionné de documentaires photographiques rencontre les tenants d’une auberge travaillant sur l’intégration de migrants centro-américains en transit au Mexique.

Une formation en français, des projets socio-professionnels et des sorties culturelles

De retour en France avec l’envie de documenter « les solutions proposées pour l’insertion » des étrangers réfugiés, il se rapproche de Collectif Réfugiés, un projet créé en septembre 2017 par cinq structures : Cefil.org , Langues Plurielles, L’Ile aux Langues, Paroles Voyageuses et Tous Bénévoles. 112 personnes ont déjà bénéficié de leur formation intensive en français et d’un accompagnement socio-professionnel.
 

« Nous proposons un parcours pour des publics peu ou pas scolarisés dans leur pays d’origine, explique Leïla Marçot, fondatrice et directrice de Paroles voyageuses. L’objectif est ensuite de les orienter vers une autre formation ou un emploi. »

Le collectif et le photographe se rejoignent dans l’envie de communiquer d’une part et un intérêt documentaire de l’autre. « Le Collectif Réfugiés a facilité la rencontre avec les personnes et permis de créer un lien de confiance », raconte Alexis Lemetais. Depuis fin 2017, il photographie régulièrement les sorties culturelles proposées environ une fois par semaine aux réfugiés statutaires.

Le photographe aimerait prochainement « aller plus loin », raconter leur quotidien, les difficultés qu’ils rencontrent. En attendant, We Demain publie une sélection de ses clichés intitulée « Enfin un refuge ? », dans lesquels il immortalise les sourires des réfugiés, leurs émotions, leur nouvelle vie.

Jeddo et Jibril sont soudanais et ont récemment acquis le statut de réfugié. Le parcours d’intégration proposé par le Collectif Réfugiés leur a permis d’apprendre les bases du français, tout en posant les premières pierres de leur projet professionnel dans leur nouveau pays.

Dans leur ancienne vie, les stagiaires étaient agriculteurs, mécaniciens, commerçants ou bâtisseurs. Ils n’ont pas ou peu été scolarisés dans leur pays d’origine, les cours académiques ne sont donc pas les plus appropriés pour eux. Le chant, le mime, le dessin sont autant de vecteurs d’apprentissage interactifs qui leur permettront de s’approprier la langue et la culture plus facilement.

Se reconstruire en France représente un véritable parcours du combattant : s’orienter dans la capitale, trouver un logement ou un emploi sont autant de défis du quotidien.  Pour les affronter, comprendre la langue est nécessaire mais loin d’être suffisant. Il faudra se confronter à d’obscures procédures administratives, comprendre  le marché du travail, s’intégrer à la culture… pour un jour, peut-être, parvenir à retrouver un équilibre en France.

Au parc de Sceaux (92), Eleonora, formatrice, initie les stagiaires de son groupe au Molkky. De tels moments de convivialité sont de véritables bols d’air pour les personnes en exil. Ils sont également l’occasion de découvrir un passe-temps bien de la région. Passé l’amusement devant ces étranges bâtons, tous se prêtent facilement au jeu.

La plupart des stagiaires pris en charge par le collectif vivent dans des centres d’hébergements d’urgence. Une solution fonctionnelle, mais peu conviviale : nombreux expriment leur besoin de sortir, de faire du sport et d’aller à la rencontre de francophones. En ce samedi printanier, les cerisiers sont en fleur et le cadre bucolique. Tout se prête à la détente.

La société coopérative et participative Langues Plurielles utilise le théâtre comme un puissant outil d’intégration et d’apprentissage. L’espace d’une représentation, les réfugiés se défont de leur étiquette habituelle de personne vulnérable pour occuper le devant de la scène devant une centaine de spectateurs. 

Les stagiaires s’échauffent le corps et la voix avant se donner en spectacle. Au programme : chorale dans le jardin partagé Truillot, dans le 11e arrondissement. Après seulement sept entraînements, ils devront vaincre leur timidité et se joindre au chœur en français. Les voilà dans le grand bain !

Le jardin Truillot est un autre lieu de convivialité et d’échanges. Ici, il est bien plus aisé d’échanger quelques mots avec les habitants du quartier (et pourquoi pas une danse ?) que dans les centres d’hébergement, où les réfugiés tendent à se regrouper par nationalité.

Cette soirée rassemble les formateurs, les coordinateurs et les stagiaires du Collectif Réfugiés pour fêter la fin d’un premier cycle d’apprentissage. Certains d’entre eux vont s’orienter vers d’autres formations tandis que d’autres ont déjà trouvé un emploi. Mission accomplie !

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