Planete  > À cause d’El Niño, 2023 sera-t-elle encore plus chaude que 2022 ?

Written by 11 h 20 min Planete, Ralentir

À cause d’El Niño, 2023 sera-t-elle encore plus chaude que 2022 ?

Annoncé de retour en 2023, le phénomène El Niño pourrait bien renforcer encore un peu plus les effets du réchauffement climatique. Explications.

Le 03/01/2023 par Florence Santrot
El Niño
El Niño, cette anomalie de température dans les eaux de l'océan Pacifique, devrait faire son retour en 2023. Crédit : Feng Yu / Shutterstock.
El Niño, cette anomalie de température dans les eaux de l'océan Pacifique, devrait faire son retour en 2023. Crédit : Feng Yu / Shutterstock.

Le Met Office, le service météorologique britannique, est formel : 2023 sera l’une des années les plus chaudes jamais enregistrées sur Terre. Et peut-être même encore plus chaude qu’en 2022. En cause : le phénomène El Niño. Selon ses prévisions annuelles, la température moyenne mondiale pour cette année devrait “se situer entre 1,08 °C et 1,32 °C (avec une estimation centrale de 1,20 °C) au-dessus de la moyenne de la période préindustrielle (1850-1900)”. Si cela se confirme, ce sera la dixième année consécutive que les températures sont au moins 1°C au-dessus des niveaux préindustriels.

“La température mondiale au cours des trois dernières années a été influencée par l’effet d’un épisode prolongé de La Niña – où des températures de surface de la mer plus froides que la moyenne se produisent dans le Pacifique tropical, explique le Dr Nick Dunstone du Met Office. La Niña a un effet de refroidissement temporaire sur la température moyenne mondiale.” Pour 2023, “notre modèle climatique indique la fin de trois années consécutives de présence de La Niña. Et donc un retour à des conditions relativement plus chaudes dans certaines parties du Pacifique tropical. Ce changement conduira probablement à ce que la température mondiale en 2023 soit plus chaude qu’en 2022.”

Le retour d’El Niño après plusieurs années d’accalmie

El Niño 1998
En 1998, le phénomène El Niño était extrêmement visible à l’ouest de l’Amérique du Sud, au large du Pérou. Crédit : NASA.

À l’origine, il s’agit d’un courant côtier saisonnier chaud situé au large du Pérou et de l’Équateur. Les eaux océaniques le long de l’Amérique du Sud et de la Californie se réchauffent et grimpent au-dessus des températures normales. Cette augmentation est la conséquence de vents plus faibles que la normale dans cette région et les eaux chaudes s’accumulent au même endroit. Conséquence : des nuages de pluie se forment au-dessus de cette partie chaude de l’océan. Ils se déplacent ensuite vers l’intérieur des terres, déversant plus de pluie que d’habitude en Amérique du Sud et centrale et aux États-Unis. En parallèle, dans d’autres parties du monde, des phénomènes de sécheresse surviennent.

Ce phénomène est baptisé El Niño par les pêcheurs en référence à l’enfant Jésus car il survient juste après Noël. Il survient sporadiquement et se manifeste de manière plus ou moins forte. C’est dans les années 90 qu’il a été mis en exergue, même si le phénomène avait déjà eu lieu auparavant. Au total, au moins une trentaine d’événements El Niño se sont manifestés depuis 1900. En 1997-1998 notamment, un épisode marqué a été souligné. Puis, de nouveau, en 2002 ainsi qu’entre 2014 et 2016.

El Niño 2016
Le “super El Niño” de 2015-2016 fait partie des événements records. D’ailleurs, l’année 2016, avec +1,23 °C par rapport aux niveaux préindustriels, reste à date la plus chaude jamais enregistrée. Crédit : NOAA.

Après 3 ans de “La Niña”, El Niño devrait réapparaître à compter de mai 2023

À l’opposé d’El Niño, son inverse, La Niña, est un phénomène où certaines zones du Pacifique sont plus froides que la moyenne. Cela accélère alors les vents de surface d’Est en Ouest, du Pérou jusqu’en Indonésie cette fois. En 2020, 2021 et 2022, La Niña s’est manifestée, permettant notamment de limiter la hausse des températures l’an dernier. Même une partie de l’année 2022 a été particulièrement chaude. En général, La Niña et El Niño se produisent en alternance, parfois avec une phase neutre entre les deux. On peut donc s’attendre au retour d’El Niño cette année, sans doute à partir de mai, indique l’Institut météorologique britannique.

“Jusqu’à présent, 2016 a été l’année la plus chaude depuis le début des observations météorologiques en 1850. […] Sans un El Niño, 2023 ne sera peut-être pas une année record. Mais, avec l’augmentation de fond des émissions mondiales de gaz à effet de serre qui se poursuit à un rythme soutenu, il est probable que l’année prochaine sera une autre année notable dans la série”, note le professeur Adam Scaife, responsable des prévisions à long terme au Met Office.

On peut voir dans l’animation ci-dessous la multiplication des anomalies de température sur les 100 dernières années. Et constater que le phénomène s’accentue :

SOUTENEZ WE DEMAIN, SOUTENEZ UNE RÉDACTION INDÉPENDANTE
Inscrivez-vous à notre newsletter hebdomadaire
et abonnez-vous à notre magazine.

A lire aussi :

  • Performance climatique : la France à la 25e place du rapport annuel GermanWatch

    Performance climatique : la France à la 25e place du rapport annuel GermanWatch

    Partager la publication "Performance climatique : la France à la 25e place du rapport annuel GermanWatch" Facebook LinkedIn Twitter Partager... E-mail L’indice de performance en matière de changement climatique (CCPI) est un outil de suivi indépendant qui évalue les performances de 63 pays dans le monde (90 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre) …
  • La COP29 a trouvé un accord financier pour 300 milliards par an

    La COP29 a trouvé un accord financier pour 300 milliards par an

    C'est loin des 1 000 milliards espérés mais c'est toujours mieux qu'une absence d'accord. La COP29 a néanmoins permis quelques avancées intéressantes en faveur de la protection de la planète.
  • COP29 : l’Accord de Paris est en jeu

    COP29 : l’Accord de Paris est en jeu

    À la COP29 de Bakou, les pays en développement attendent des engagements financiers à la hauteur de l'urgence climatique. Sans coopération internationale ni fonds massifs, la COP30 de Belem risque d’échouer à limiter le réchauffement sous +2°C.