Combattu par le lobby agroalimentaire, le label Nutri-score arrive au supermarché

Vaut-il mieux manger un petit beurre tout sec ou une barquette aux fraises pleine de confiture ?  Si l’on en croit le « Nutri-score », le meilleurs des deux biscuits est la barquette avec moins de graisses saturées !

Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé, a signé le 31 octobre un arrêté ministériel faisant de ce logo, aussi appelé « système cinq couleurs », le dispositif officiellement recommandé d’étiquetage nutritionnel. Son but : faciliter la compréhension des étiquettes nutritionnelle,
 
Apposée sur la face avant des emballages, le Nutri-score classe les produits en fonction de leurs qualités nutritionnelles grâce à un code associant une lettre — A, pour « bon » à E pour  « à limiter » —, et une couleur, allant du vert foncé au rouge.

L’un des premiers objectifs de ce label est de permettre aux consommateurs de choisir entre plusieurs produits d’un même rayon celui qui a la meilleure qualité nutritionnelle.

Prenons l’exemple des céréales pour le petit déjeuner : celles riches en fibres ou en protéines obtiendront un A. Inversement, celles qui contiendront trop d’acides gras saturés, de sucres ou de sel recevront un E.
 
En plus de faciliter l’information nutritionnelle pour les consommateurs, cet outil constitue également « une incitation pour les professionnels à améliorer leurs recettes », précise l’association de consommateurs UFC-Que Choisir.

Une décision retardée par le lobbying des industriels

Il existe déjà un étiquetage obligatoire européen, où sont indiqués la valeur énergétique des produits, les teneurs en graisses, les acides gras saturés, glucides, sucres, protéines et sel pour 100 g ou 100 ml de produit.

« Malheureusement, il est très complexe avec ses tableaux et ses colonnes et les consommateurs s’y perdent à la satisfaction de nombreux industriels de l’agroalimentaire qui se sont battus en 2011 contre un étiquetage simplifié », précise Olivier Andrault, chargé de mission pour l’UFC-Que choisir et spécialiste des questions alimentaires au journal La Croix.
 

Selon un rapport de l’ONG Corporate Europe Observatory, l’industrie agroalimentaire aurait, en effet, dépensé au niveau européen un milliard d’euros en lobbying pour que ce projet de feux tricolores sur les produits agroalimentaires ne passe pas.
 

Complexité de la déclaration nutritionnelle

Cependant, l’application du Nutri-score est encore facultative et repose sur le volontariat des entreprises de l’agroalimentaire et des distributeurs. Les  groupes Intermarché, Leclerc, Auchan et les industriels Fleury Michon, McCain et Danone ont signé, fin avril 2017, une charte d’engagement pour l’affichage, sans délai, du logo Nutri-score sur l’ensemble des produits de leurs marques.
 
Mais d’autres poids lourds de l’industrie agroalimentaire, tels Coca-Cola, Mars, Mondelez, Nestlé, PepsiCo et Unilever ont annoncé leur intention d’utiliser leur propre système d’étiquetage : le Nutri-couleurs.
 
Olivier Andrault, chargé de mission pour l’UFC-Que Choisir, estime qu’il s’agit d’une « manœuvre de diversion ». Ce système prend en compte des portions « irréalistes » et non une quantité de référence afin de minimiser une mauvaise qualité nutritionnelle.

Selon l’association, le code Nutri-couleurs plébiscité par l’industrie viserait à jeter le trouble dans l’esprit des consommateurs et à contrecarrer l’appropriation du « Nutriscore » par le plus grand nombre. La ministre Agnès Buzyn a cependant soutenu qu’elle « veillerait à ce que le Nutri-score soit à terme le seul logo développé ».

Reste que la présence de ce nutri-score ne dispensera les consommateurs d’une lecture attentive des ingrédients. En effet, ce label ne prend pas en compte l’ajout d’additifs, tels que les conservateurs, les colorants, les édulcorants ou encore les nitrites, dans la notation des produits alimentaires.

 

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