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Éoliennes en mer : au bonheur des poissons

La présence de grandes structures supportant les éoliennes en mer ne disperse pas les poissons, bien au contraire, démontre une étude qui vient de paraître.

Le 23/04/2022 par Florence Santrot
Block Island Offshore Wind Farm
Vue aérienne des éoliennes du parc marin de Block Island Offshore Wind Farm aux États-Unis. Photo : Ionna22/Wikipedia. CC BY-SA 4.0.
Vue aérienne des éoliennes du parc marin de Block Island Offshore Wind Farm aux États-Unis. Photo : Ionna22/Wikipedia. CC BY-SA 4.0.

Les éoliennes en mer perturbent-elles l’écosystème marin alentour ? A en croire une récente étude, il n’en est rien. Bien au contraire. L’implantation d’une première ferme éolienne aux États-Unis, dans l’océan Atlantique, à 6 km de l’île de Block Island (dans l’État de Rhode Island), a été l’occasion pour les scientifiques d’étudier son impact sur la vie animale aquatique. En activité depuis décembre 2016, ce parc éolien – nommé Block Island Wind Farm – produit 30 mégawatts. Soit assez d’énergie pour alimenter 17 000 habitations.

Une étude menée pendant sept années et publiée dans la revue ICES Journal of Marine Science (Oxford University Press) en mars 2022, s’est penchée sur l’impact de cette ferme éolienne, dotée de cinq turbines géantes, sur les poissons démersaux (qui vivent au fond de la mer) et les invertébrés qui peuplent les eaux au large de Rhode Island. Les résultats viennent d’être publiés et sont plutôt rassurants. Même s’il faut prendre en compte les limites de cette étude effectuée sur un seul parc éolien et de taille réduite.

7 ans de prélèvements pour analyser l’impact des éoliennes

Entre 2012, date de la début des travaux de construction, et 2019, des chercheurs ont réalisé des prélèvements autour des cinq turbines à l’aide d’un chalutier commercial qui pouvait facilement sillonner entre les mâts géants. Les éoliennes de Block Island sont distantes entre elles d’un demi-mille marin (un peu moins d’un kilomètre) et mesurent 180 mètres de haut. Elles sont toutes en activité depuis décembre 2016.

Au cours des multiples prélèvements (environ un par mois), près de 664 000 poissons représentant 61 espèces ont été collectés au cours de l’étude. Sur cette base, les chercheurs n’ont constaté aucun effet négatif significatif sur les poissons qui vivent près du fond de la mer – les poissons démersaux – et les populations d’invertébrés. Aussi bien pendant la construction que durant l’exploitation de Block Island.

Davantage de bars noirs et de cabillauds

Un des chercheurs explique même au Boston Globe que le seul effet significatif qu’ils ont trouvé était positif : beaucoup plus de bars noirs se rassemblaient autour du parc éolien de Block Island, probablement parce qu’ils aiment traîner près de structures physiques. Celles des fondations d’éoliennes sont donc susceptibles de leurs plaire. Les scientifiques y ont également trouvé davantage de cabillauds de l’Atlantique, mais pas de manière suffisamment récurrente pour en tirer des conclusions définitives.

Outre la présence et la santé de ces poissons, l’étude s’est aussi intéressée au contenu de leur estomac. Certains mangeaient plus de moules, sans doute parce qu’il y en avait qui poussaient sur les structures des turbines.

Encourageant mais la prudence reste de mise

Cette étude permet de battre quelque peu en brèche les arguments de pêcheurs qui affirment que la présence de turbines en mer affecte les poissons et autres animaux marins. Cependant, il faut rester prudent, comme le souligne Drew Carey, un des auteurs de l’étude et le PDG de la société INSPIRE Environmental. « C’est encourageant et rassurant mais il ne faut pas perdre de vue que les éoliennes de Block Island Wind Farm sont un petit projet. Cela ne nous dit pas l’effet que peuvent avoir 100 turbines. Mais cela devrait apaiser les craintes d’un effet catastrophique.

Des études assez similaires ont déjà été menées en Europe avec des observations peu ou prou identiques à celles de cette étude américaine. La surveillance scientifique des éoliennes de Block Island va se poursuivre dans les années à venir pour observer d’éventuels effets sur le long terme sur la faune marine. « C’est aussi un excellent exercice pour les biologistes. Cela nous permet d’apprendre à surveiller sur le long terme l’évolution de la vie marine », conclue Dara Wilber, autrice principale de l’étude.

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