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Fast fashion et seconde main : un jeu de dupes révélé par des trackeurs

21 vêtements ont été suivis de près pour connaître ce qu’ils devenaient une fois entrés dans le circuit de seconde main des marques de la fast fashion. Résultat : seuls cinq ont été réellement revendus en Europe, comme le voudraient ces dispositifs. Un bilan pour le moins décevant, soulignent la Fondation Changing Markets, Zero Waste France et Zero Waste Alliance Ukraine. Ces trois ONG ont testé les dispositifs de seconde main de dix marques de fast fashion. Pour cela, elles ont mené leur propre enquête.

Elles ont ciblé H&M, C&A, Primark, Zara, Nike, Uniqlo, Mark & Spencer, The North Face, Boohoo, New Look. Ces enseignes bien connues proposent toutes des solutions de seconde main. Une façon de montrer leur volonté de faire des efforts alors même que la fast fashion est particulièrement émettrice de gaz à effet de serre. Officiellement, ces marques récupèrent des vêtements usagés – mais encore de bonne qualité – et pouvant donc connaître une seconde vie. Mais, à l’aide de trackeurs Bluetooth, des AirTags d’Apple, les ONG ont pu démontrer le jeu de dupes. Une vraie supercherie de la plupart de ces marques.

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Des trackeurs pour suivre l’imposture de cette “seconde main”

Les trois ONG ont remis dans le circuit de seconde main 21 articles d’occasion. C’est-à-dire qu’ils ont retourné ces vêtements à dix marques. Une opération qui a pris place dans des magasins au Royaume-Uni, en France, en Belgique et en Allemagne. Mais auparavant, un traceur Bluetooth avait été caché dans chaque vêtement. Une solution simple qui a permis de suivre leur parcours dans ce “circuit de seconde main” vanté par l’industrie de la fast fashion.

Les résultats de l’étude montrent un réel décalage entre les promesses des marques et le devenir des vêtements collectés. “Un seul de ces articles a été revendu dans le pays où il avait été initialement déposé, explique le rapport de la Fondation Changing Markets. Il s’agit d’une chemise retournée au magasin Zara d’Oxford Street au Royaume-Uni.”

Incinérés, envoyés en Afrique, entreposés des mois…

Sur les 21 articles retournés, les ONG ont constaté que sept d’entre eux, en dépit de leur bon état, ont fini détruits, utilisés comme rembourrage, chiffons de nettoyage ou incinérés. “Trois articles en très bon état ont probablement été déchiquetés dans une usine de SOEX en Allemagne, au lieu d’être réorientés vers la réutilisation ou la revente. L’un d’entre eux était un pantalon en excellent état et dont l’étiquette était encore attachée, déposé à l’origine dans le bac de collecte de C&A en France”, précise le rapport.

Plusieurs vêtements ont été laissés pendant des mois dans des entrepôts à travers l’Europe. Cela ne répond donc pas aux objectifs de réutilisation ou de recyclage communiqués par les marques. Ils sont considérés comme “perdus dans les limbes” par les associations. Une autre partie des articles a voyagé jusqu’en Afrique, dans des pays avec des systèmes de gestion des déchets inadéquats. Enfin, seulement cinq d’entre eux ont réellement trouvé une seconde vie en Europe via la revente.

Une supercherie qui encourage le modèle néfaste de la fast fashion

Les ONG soulignent dans leur rapport que les marques de fast fashion lancent des programmes de reprise trompeurs. Ils donnent aux consommateurs une fausse impression de responsabilité environnementale. En outre, ces enseignes encouragent l’achat de nouveaux produits. En effet, il n’est pas rare qu’elles offrent des bons ou des réductions en échange des vêtements retournés. Tout ceci perpétue leur modèle néfaste qui va totalement à l’encontre de la sobriété souhaitée.

“Les clients présument que les vêtements qu’ils déposent sont réutilisés ou recyclés en nouveaux vêtements dans un délai raisonnable. En réalité, ils sont laissés à l’abandon dans des entrepôts à travers l’Europe pendant une période pouvant aller jusqu’à un an. Les marques bénéficient d’un gain de réputation en instaurant un programme de reprise sans pour autant faire quoi que ce soit de ces vêtements”, souligne le rapport.

Et de conclure : “Les marques exercent très peu de traçabilité et de contrôle sur les vêtements qui leur sont retournés et sur leur devenir, même dans le cadre des dispositifs qu’elles gèrent. La responsabilité des producteurs doit inclure un tri adéquat et son financement. Ainsi que des investissements visant à améliorer la gestion de la fin de vie des vêtements.” Un renforcement de la législation semble donc nécessaire pour que ce greenwashing qui ne dit pas son nom cesse.

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