Partager la publication "1083, Le Slip Français, De Bonne Facture… quand la mode opte pour l’éco-conception"
Régénération, production et consommation. Tels sont les trois grands piliers thématiques du Refashion Day 2022 qui s’est tenu ce mardi 4 octobre à Paris. Ce second rendez-vous des acteurs de la mode est l’occasion de faire l’état des lieux des initiatives et des acteurs et actrices qui œuvrent à réinventer un modèle plus équilibré du secteur. Un modèle qui prend en compte l’équilibre environnemental, économique et social de la filière textile. Et cela passe par l’éco-conception, c’est-à-dire l’intégration des engagements environnementaux dès la conception d’un vêtement ou d’un accessoire. Mais aussi transformer toute la chaîne de conception en conséquence.
Parmi les différentes tables rondes, le volet de la consommation a été l’occasion d’entendre sur scène trois marques françaises qui produisent dans l’Hexagone. Le Slip Français, le fabricant de jeans 1083 et la marque haut de gamme De Bonne Facture étaient invités à détailler leur positionnement, leurs méthodes, leurs innovations mais aussi la manière dont elles communiquent. Interrogés par la journaliste Céline Cabourg, ils ont joué la transparence sur leur démarche.
L’éco-conception et la volonté de faire au mieux à chaque étape de fabrication
L’éco-conception fait partie de l’ADN de la marque 1083. Spécialisée dans le jean made in France, la marque a à peu à peu élargi sa collection à d’autres pièces textiles. Mais sans s’éloigner de sa philosophie. « Nous voulons produire localement un maximum. Et dans chaque étape de fabrication, nous essayons de faire du mieux possible, explique Thomas Huriez, président de 1083. Cela peut paraître contre-intuitif, mais nous voulons faire consommer différemment. Moins mais mieux. Actuellement, il se vend 88 millions de jeans en France. Un jean et demi par an et par personne, c’est beaucoup trop. Si on veut une alternative, il faut proposer autre chose. »
On achète en moyenne 1,5 jean par personne et par an en France. C’est beaucoup trop. 1083 cherche à vendre à un maximum de gens le minimum de vêtements.
Thomas Huriez, président de 1083.
Loin de vouloir présenter cela comme un renoncement, la marque veut mettre en avant un chemin agréable, séduisant et sympa pour les consommateurs. « Sinon, on ne va toucher que les convaincus, souligne Thomas Huriez. Nous, nous cherchons à vendre à un maximum de gens le minimum de vêtements. Il n’y a pas de soldes, nous faisons les vêtements les plus qualitatifs possibles et nous faisons visiter nos ateliers. Nous voulons établir une relation sur le long terme. »
Entre marques responsables, l’union fait la force
Par ailleurs, si 1083 a décidé d’étoffer sa gamme, ce n’est pas juste pour accroître ses ventes. « Cette démarche nous permet d’étoffer notre écosystème. Nous faisons des pulls avec la marque française Saint James dans leurs usines et ils viennent fabriquer leurs jeans dans nos ateliers. De même, avec Le Slip Français pour nos maillots de bain. Cela nous a permis de créer un vêtement recyclé, recyclable et consigné. La coopération avec d’autres marques nous donne l’occasion de mettre nos forces en commun et d’être plus forts ensemble », résume Thomas Huriez.
Même son de cloche du côté du Slip Français, qui a passé un partenariat avec Planète-Chanvre pour intégrer du chanvre, particulièrement écologique et made in France, dans ses sous-vêtements. Elle collabore aussi avec Henitex. Ce leader européen dans la fabrication de tissu maille localisé à Riorges (Loire) à investi 1 million d’euros pour faire revenir le savoir-faire du tissage seamless (sans couture) en France. « Nous avons parfois une idée de vêtement en tête que l’on doit adapter pour mieux coller avec une éco-conception. Il Faut accepter de faire avec ce qu’on a », note Léa Marie, directrice industrielle du Slip Français et Vice-présidente de Façon de faire.
Miser sur la durabilité… et favoriser les changements de mentalité
La marque De Bonne Facture travaille elle aussi en collaboration avec différents ateliers en éco-conception. Elle a imaginé un vestiaire masculin intemporel réalisé dans les meilleures matières, avec les méthodes anciennes et dans un vrai souci écologique. « Notre concept fait que nous avons une croissance très lente et des prix pas très abordables, reconnaît Déborah Sitbon Neuberg. Notre positionnement, c’est la durabilité du produit avec qualité de la matière, de la fabrication et de la finition. »
Nous cherchons à revenir aux façons de faire de l’ancien temps. C’est un retour en arrière pour aller de l’avant.
Déborah Sitbon Neuberg, De Bonne Facture
De Bonne Facture fabrique dans différentes régions de France, à l’exception d’un atelier en Italie pour la maille et d’un autre au Portugal pour la chemise. « Nous cherchons à revenir aux façons de faire de l’ancien temps. Des colorations naturelles, d’anciennes laines… C’est un retour en arrière pour aller de l’avant. Mais on ne peut pas tout maîtriser, comme le comportement du consommateur qui va peut-être acheter sans en avoir besoin. Alors on essaie de mettre en avant les avantages d’un vêtement qui s’use dans le temps. C’est pour cela que nous avons créé la rubrique Patine. L’objectif est d’apprendre aux gens à chérir ces marques d’usure. » Après tout, un vêtement patiné est un vêtement qui a une histoire.