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À Rotterdam, des déchets plastique bientôt recyclés en îlots de verdure

Le programme Recycled Park vise à dépolluer une rivière de ses déchets, avant de les transformer en bases flottantes accueillant de nouveaux écosystèmes. Les premiers îlots pourraient voir le jour à la fin de l’année.

Le 06/01/2015 par WeDemain
Image de synthèse du projet Recycled Park © WHIM architecture
Image de synthèse du projet Recycled Park © WHIM architecture

La rivière Nieuwe Maas (Nouvelle Meuse en français) serpente sur 24 kilomètres à travers de nombreuses villes néerlandaises, dont Rotterdam. Des tonnes de déchets y sont déversées et charriées jusque dans la mer du Nord. Pour stopper cette pollution aquatique, le cabinet d’architecture WHIM a mis au point un projet novateur baptisé « Recyled Park », après des années de travail.

Membre du cabinet WHIM, Ramon Knoester explique à wedemain.com : « nous voulons utiliser les plastiques qui polluent la rivière et créer à partir de ces déchets des paysages flottants. Nous sommes confiants pour inaugurer notre premier parc recyclé pour fin 2015. » Ce parc expérimental de 150 m² sera non seulement un lieu de promenade pour les Rotterdamois, mais il servira en prime de support à diverses formes de vies : les poissons pourront venir pondre et les oiseaux y nicher.

ÉTAPE CRUCIALE

Si le projet apparaît aujourd’hui réaliste, c’est qu’il est soutenu par la municipalité et le port de Rotterdam, la province de Hollande-Méridionale, et jusqu’au sein du gouvernement. Depuis ses débuts, le programme a d’ailleurs récolté près de 200 000 euros de subventions nationales. Pour les aspects techniques, le cabinet d’architecture s’est entouré de partenaires tout aussi sérieux : l’Université de Wageningen, de l’usine Better Future, de la société de service maritime HEBO, du cabinet de conseil SK International et de l’entreprise de recyclage ISI.

Mi-décembre, le projet a franchi une étape cruciale : l’essai – concluant – d’une nouvelle machine baptisée « pêcheur de plastique ». Une plateforme flottante de 6 mètres sur 12 avalera, qui séparera et déchiquètera les déchets flottants, à la manière d’une moissonneuse batteuse. À plein régime, cette machine serait capable d’extraire 100 tonnes de détritus flottants par an. Ramon Knoester espère à terme en voir fonctionner six exemplaires, installés en des lieux stratégiques de la rivière et du port, où il sera possible d’intercepter la majeure partie des déchets flottants et, en conséquence, de prévenir la pollution en mer du Nord.

Depuis 2013, les étudiants de l’Université de Wageningen travaillent dans l’ombre sur les volets techniques et esthétiques de ce projet. On leur doit notamment la conception de blocs plastique hexagonaux, clipsables les uns aux autres au moyen de… stylos à bille !

Au dessus de chacun de ces blocs sera planté de la mousse, des végétaux et des arbres de quelques mètres de hauteur. Quant à leur partie immergée, elle sera recouverte d’algues propices à la ponte des espèces marines. « Nous donnons une nouvelle valeur à la rivière. D’une part, elle sera moins polluée, libérée de ses déchets et d’autre part, cette place sera comblée par l’ajout de paysages recyclés et dédiés à la nature et aux espaces verts », s’enthousiasme Ramon Knoester.

PUZZLE VIVANT

À la manière d’un puzzle vivant il sera possible, à terme, de moduler ces paysages flottants : en favorisant tel ou tel type de faune et en déterminant le nombre de bases flottantes raccordées les unes aux autres. Chaque parc deviendra alors une extension flottante de la ville de Rotterdam, abritant des parcours sportifs, des aires de jeux ou encore des espaces culturels.

Mais pour cela, le projet Recycled Park devra franchir une dernière étape cruciale : celle de la mise oeuvre d’une technique optimale de recyclage du plastique récolté. Pour la financer, ses créateurs ont lancé une campagne de crowdfunding visant à récolter 25 000 euros d’ici février. Et si cette campagne n’atteignait pas l’objectif affiché ? « Nous n’abandonnerons pas, nous serons patients, assure Ramon Knoester. Les enjeux de notre projet sont globaux et ne bénéficieront pas uniquement aux Néerlandais. Nous allons dépolluer une rivière et prévenir l’arrivée des déchets en mer du Nord. Et notre concept pourra être imité dans d’autres villes, une fois que nous aurons fait nos preuves à Rotterdam. »

Thomas Masson
Journaliste We Demain
Twitter : @Alter_Egaux
 

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