Partager la publication "Au Canada, la success story d’une tasse consignée"
Afin de lutter contre cette pollution notamment, le Canada a pris les devants : dès 2021, le pays va interdire les sacs de courses, les bouteilles ou les couvercles à café en plastique à usage unique. Un geste fort alors que la France ne suivra cet exemple… qu’en 2040.
Et les citoyens se mobilisent aussi : à Montréal, des propriétaires de café se sont associés dès 2018 à l’Éco-quartier de Villeray, un organisme local qui sensibilise à l’environnement. Ensemble, ils réfléchissent à une alternative efficace au gobelet jetable et décident de lancer une tasse en plastique recyclable et réutilisable avec une consigne à 5 dollars. Le contenant est au départ disponible chez les 12 commerçants du réseau « La tasse « , qui devient le premier système québécois de gobelets recyclés.
Rapidement, le projet prend de l’ampleur. En 2019, environ 60 000 dollars sont obtenus grâce à une campagne de socio-financement. Ils sont investis dans l’achat de nouvelles tasses, ce qui permet au réseau de s’agrandir. Il compte désormais plus de 300 commerçants.
« Environ 5 commerçants rejoignent le réseau chaque semaine. Il y a des cafés, des restaurants, mais aussi un hôpital, des épiceries… Tous les endroits où le café peut se vendre à emporter », développe Aurore Courtieux-Boinot, coordinatrice du projet.
Développer le projet dans le monde
La matière utilisée est du polypropylène, un plastique facilement recyclable par les centres de tri québécois. « Le problème, c’est qu’on ne sait pas ce que devient notre tasse après le recyclage…On aimerait trouver une solution pour refaire des nouvelles tasses à partir des anciennes, et ainsi boucler la boucle ! », explique Aurore-Courtieux Boinot. Autre problème : les tasses sont pour le moment fabriquées en Chine… Mais, une entreprise canadienne s’intéresse au projet et une relocalisation dans la région Centre-du-Québec est prévue prochainement. « On cherche aussi à augmenter la durée de vie du produit… Même si pour l’instant, j’ai la même tasse depuis août 2018 ! « , se félicite Aurore-Courtieux Boinot.
Le réseau autorise également la reproduction de son modèle de tasse, afin de limiter les gobelets à usage unique partout dans le monde. « On a vu le même projet que le nôtre émerger dans une autre région canadienne, on discute avec eux pour s’inspirer l’un de l’autre, afin que ça fonctionne là-bas et chez nous, conclut Nassila Boukaria, assistante chargée de projet. Comme je le dis souvent, il est temps de passer de l’ère du « copyright » à celle du « right to copy ».
Une initiative collaborative qui pourrait donc inspirer la France, pour des gobelets ou pour des emballages de repas à emporter par exemple, qui commencent aussi à se développer.