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Au Canada, la success story d’une tasse consignée

Au Québec, plus de 300 commerçants servent désormais le café à leurs clients dans une tasse réutilisable et recyclable. Sa consigne à 5 dollars incite les consommateurs à la conserver, et limite l’usage très courant des gobelets jetables.

Le 09/01/2020 par Amaury Lelu
Comme l'inox, la tasse en polypropylène n’altère pas le goà»t des boissons. (Crédit : Krystel V. Morin)
Comme l'inox, la tasse en polypropylène n’altère pas le goà»t des boissons. (Crédit : Krystel V. Morin)

Au pays de la feuille d’érable, il représente un quart des poubelles de rue : le gobelet jetable, en plastique ou en papier, est très souvent utilisé pour emporter son café.

Afin de lutter contre cette pollution notamment, le Canada a pris les devants : dès 2021, le pays va interdire les sacs de courses, les bouteilles ou les couvercles à café en plastique à usage unique. Un geste fort alors que la France ne suivra cet exemple… qu’en 2040.

Et les citoyens se mobilisent aussi : à Montréal, des propriétaires de café se sont associés dès 2018 à l’Éco-quartier de Villeray, un organisme local qui sensibilise à l’environnement. Ensemble, ils réfléchissent à une alternative efficace au gobelet jetable et décident de lancer une tasse en plastique recyclable et réutilisable avec une consigne à 5 dollars. Le contenant est au départ disponible chez les 12 commerçants du réseau « La tasse « , qui devient le premier système québécois de gobelets recyclés.

Rapidement, le projet prend de l’ampleur. En 2019, environ 60 000 dollars sont obtenus grâce à une campagne de socio-financement. Ils sont investis dans l’achat de nouvelles tasses, ce qui permet au réseau de s’agrandir. Il compte désormais plus de 300 commerçants.

« Environ 5 commerçants rejoignent le réseau chaque semaine. Il y a des cafés, des restaurants, mais aussi un hôpital, des épiceries… Tous les endroits où le café peut se vendre à emporter », développe Aurore Courtieux-Boinot, coordinatrice du projet. 

Développer le projet dans le monde

Une fois la tasse achetée, le consommateur peut la réutiliser dans les commerces du réseau ou récupérer la consigne. Le gobelet doit être intact mais pas forcément lavé. « On s’est mis d’accord sur une consigne à 5 dollars pour que le projet soit rentable. Cela permet aussi d’avoir un produit solide, ajoute Aurore-Courtieux Boinot. En remettant de la valeur sur l’objet, les gens ne laissent plus traîner leur tasse, car ça représente vite une petite somme. » 

La matière utilisée est du polypropylène, un plastique facilement recyclable par les centres de tri québécois. « Le problème, c’est qu’on ne sait pas ce que devient notre tasse après le recyclage…On aimerait trouver une solution pour refaire des nouvelles tasses à partir des anciennes, et ainsi boucler la boucle ! », explique Aurore-Courtieux Boinot. Autre problème : les tasses sont pour le moment fabriquées en Chine… Mais, une entreprise canadienne s’intéresse au projet et une relocalisation dans la région Centre-du-Québec est prévue prochainement. « On cherche aussi à augmenter la durée de vie du produit… Même si pour l’instant, j’ai la même tasse depuis août 2018 ! « , se félicite Aurore-Courtieux Boinot. 
 

 
Le réseau autorise également la reproduction de son modèle de tasse, afin de limiter les gobelets à usage unique partout dans le monde. « On a vu le même projet que le nôtre émerger dans une autre région canadienne, on discute avec eux pour s’inspirer l’un de l’autre, afin que ça fonctionne là-bas et chez nous, conclut Nassila Boukaria, assistante chargée de projet. Comme je le dis souvent, il est temps de passer de l’ère du « copyright » à celle du « right to copy ».

Une initiative collaborative qui pourrait donc inspirer la France, pour des gobelets ou pour des emballages de repas à emporter par exemple, qui commencent aussi à se développer.
 

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